La guerre n’en finit pas de montrer « l’ingéniosité » de l’homme sur la manière de tuer, blesser, estropier.
Les blessures par éclat d’obus constituent une part énorme des plaies et contusions soignées dans les ambulances et les hôpitaux.
Leurs caractéristiques ? Les éclats d’obus fracturent les os, écrasent les corps et arrachent les chairs, puis la gangrène s’installe rapidement augmentant largement le taux de mortalité.
Pourtant, un éclat, cela semble plutôt « léger ». Nous parlons toujours d’un éclat de verre, d’un éclat de pierre, de petites choses inoffensives bien que désagréables !!!
Voici un éclat d’obus de la guerre de 1870 retiré du mur d’une maison du Vendomois dans lequel il est resté planté jusqu’à maintenant. Il ne mesure que 9 cm par 8 cm (déjà la taille, en impact sur un corps humain, donne une idée des dégâts en surface) mais il pèse 430 grammes !!!
Si l’on se rappelle nos cours de physique à l’école, les dégâts prennent déjà une autre importance et l’on s’étonne moins du nombre de morts que du nombre de survivants.
Alors imaginez les soldats atteints en même temps par une ou plusieurs balles et des éclats d’obus !!!
Voici quelques exemples de survivants des éclats d’obus :
Albert Le Fortier, du Havre (Seine Maritime), soldat au 43e de ligne. Il est atteint par éclat d’obus le 27 novembre 1870. Il a une plaie compliquée à la jambe gauche avec fracture du péroné. Un cal volumineux se forme avec cicatrice étendue et profonde au côté externe et moyen de la jambe et paralysie des extenseurs du pied et rétraction des fléchisseurs : pied équin.
Antoine Bascoul, d’Anglès dans le Tarn, soldat au 87e régiment de ligne, est touché le 3 septembre 1870 à Strasbourg. Un éclat d’obus l’atteint dans la région pelvienne provoquant fracture de l’ischion et lésion du sphincter anal.
Louis Joseph Basquin, de Cateau dans le Nord, 2e chasseurs à pied, est touché par coup de feu ET éclat d’obus le 2 janvier 1871 à Bapaume. La balle l’atteint au genou (où elle est restée) et l’éclat d’obus provoque une plaie contuse à l’épaule gauche et au côté droit du thorax.
Charles Claude Belzacq, de Saint Léger des Aubées dans l’Eure et Loir, garde nationale de la Seine au 104e bataillon, est blessé à la tranchée de Drancy, le 24 janvier 1871. Une vaste plaie contuse au mollet gauche et fracture du péroné par éclat d’obus est très vite atteinte par un tétanos grave de quarante jours. Des injections de morphine le sauvent mais il perd une partie considérable des muscles du mollet avec cicatrice large et adhérente et raideur de l’articulation du pied. Entré à l’ambulance des ponts et chaussées le 25, il est évacué le 27 sur l’ambulance de Longchamps d’où il sort le 19 avril pour intégrer la salle Saint Louis des Invalides le 3 août 1871.
Jean Pierre Béranger, du Puy en Haute Loire, soldat au 28e de ligne est atteint par un éclat d’obus au sommet du crâne à la bataille de Saint Privat le 18 août 1870. Il provoque une forte dépression du crâne avec paralysie progressive des membres inférieurs.
Jean Benac, de Senouillac dans le Lot, soldat au 31e de ligne est atteint à la face par éclat d’obus à Sedan en août 1870. Il fracture le maxillaire inférieur côté droit avec perte d’une partie de la branche horizontale et d’une plus grande partie de la branche verticale du maxillaire provoquant une dépression cicatricielle profonde et une mastication très difficile.
Pierre Lambert, d’Illy dans les Ardennes, capitaine au 26e chasseurs à pied est touché par éclat d’obus le 18 août 1870 à Amanvillers. Il provoque une fracture de l’humérus droit. Amputation du bras au tiers supérieur.
Oscar Arsène Santais, de Fécamp en Seine Maritime, soldat au 7e de ligne, est atteint par éclat d’obus le 18 août 1870 à Saint Privat. Il a le coude et l’humérus droit fracturés. Il est amputé du bras.
Et la liste pourrait s’allonger mais là………….. ce ne serait plus un article de blog, mais un livre…….. en plusieurs volumes.
Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 6 juin 2016