• Description

Second siège de Paris :

Les Tuileries ont brûlé toute la nuit et, dès l’aube, l’incendie atteint le Louvre, menaçant les galeries de tableaux.

Toute la journée, le ciel est obscurci par les fumées des incendies et les explosions secouent la ville. Les pompiers payent un lourd tribut. Quand ils ne sont pas fusillés par les fédérés, quand ces derniers ne leur tirent pas dessus quand ils interviennent sur les incendies, les difficultés des interventions les mettent en danger. Antoine Stauder, sapeur-pompier de Paris chute du 2e étage d’une maison de la rue du Delta en combattant son incendie. Il se fracture les condyles du fémur et le poignet gauche.

De violentes explosions ont lieu dans les quartiers de la Sorbonne et du Panthéon.

Le maréchal donne l’ordre de tout faire pour protéger le centre de Paris, éteindre les incendies qui peuvent l’être, empêcher les bâtiments voisins d’être atteints et préserver le Louvre. Pour cela, il faut s’emparer du Luxembourg et du Panthéon, clef de tout le quartier des Ecoles.

Dès le point du jour, la division Bruat avance et balaye tout ce qui est devant elle, entre la Seine et la rue Taranne. Elle s’empare de l’école des Beaux-Arts, de l’Institut, de la Monnaie, des barricades de la rue Taranne et lance ses fusiliers marins vers le Luxembourg.

Pendant ce temps, les brigades Bocher et Paturel, du corps Cissey, se dirigent par les rues d’Assas et Notre-Dame-des-Champs, pour contourner l’édifice par l’ouest et le sud.

Au signal, les troupes formant trois colonnes, chargent sous une pluie de balles et s’emparent du Luxembourg malgré le feu des canons des barricades de la rue Soufflot.

Le 17e bataillon de chasseur à pied traverse en courant le boulevard, prend la première barricade de la rue Soufflot, débusque les insurgés des rues Cujas et Malebranche.

A droite, la division Levassor-Sorval s’empare du parc de Montsouris, de l’Asile des Aliénés, puis change de direction pour contourner le Panthéon par l’est. Elle enlève le Val-de-Grâce, atteint la rue Mouffetard et tourne à gauche pour marcher droit sur le Panthéon.

A l’aile gauche, la division Lacrételle qui doit s’emparer du boulevard Saint-Germain et déborder le Panthéon par le nord, enlève une barricade rue de Rennes et poursuit sa marche à travers la rue et la place Saint-Sulpice, les rues Racine et l’Ecole de Médecine.

Les colonnes atteignent le boulevard sans le dépasser.

Vers quatre heures, l’artillerie régulière a éteint le feu des batteries des insurgés établies au pont Saint Michel. La division Lacretelle franchit le boulevard et s’empare de la place Mauvert et du lycée Louis-le-Grand.

Les trois divisions du corps Cissey marchent alors sur le Panthéon. Les insurgés menacés de toutes parts prennent la fuite, laissant derrière eux un grand nombre de victimes.

Pendant que ces divisions progressent vers le Panthéon, sur la rive droite, la division Berthaut, à deux heures du matin, avance place Vendôme. Elle s’en empare, puis prend le Palais Royal et dirige ses efforts sur les Tuileries pour arrêter la progression de l’incendie, et sur le Louvre pour le préserver des flammes.

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La division L’Hérillier s’élance sur la banque, s’y établit solidement et pousse ses têtes de colonnes à la Bourse, à la direction des Postes et à l’église Saint-Eustache.

La division Vergé, après avoir travaillé à éteindre l’incendie du Louvre, dépasse l’église Saint-Germain l’Auxerrois et, vers neuf heures du soir, atteint la place de l’Hôtel-de-Ville, s’empare de la caserne de Lobau.

Hôtel_de_Ville,_24_Mai_1871

Le corps Clinchant a l’ordre d’occuper, par sa droite, la place de la Bourse, et de relier, par sa gauche, le 1er corps vers le Château-d ’eau.

La division Garnier franchit tous les obstacles : le Conservatoire de musique, l’église Saint-Eugène, le comptoir d’escompte, traverse le boulevard Montmartre, touche à la bourse, tourne à gauche et vient s’emparer de la barricade de la Porte-Saint-Denis et envoie ses avant-postes jusqu’au boulevard de Strasbourg.

La division Duplessis marche droit devant elle, prend le square Montholon, l’église Saint-Vincent-de-Paul, la caserne de la Nouvelle-France et la barricade au carrefour du boulevard Magenta et de la rue Chabrol.

Le corps Ladmirault, pour sa part, doit occuper les gares du Nord et de l’Est. La division Montaudon qui est chargée de l’opération, quitte son bivouac à six heures et demie et se met en marche sur deux colonnes. Le 31e de ligne, en tête, s’empare du pâté de maisons qui domine la gare des marchandises, passe par l’église Saint-Bernard, contourne les barricades de la rue Stephenson et se rend maître de la gare du Nord. Il est midi et demi.

Le 30e de marche qui doit l’occuper, ne peut progresser qu’en passant par les maisons et les jardins. Il arrive avec difficulté à hauteur de la rue de Dunkerque, se jette sur la barricade qui protège l’accès à la gare, s’en empare, ainsi que des mitrailleuses qui la défendent, et pénètre en force dans la gare.

Les troupes de la division Grenier qui doivent appuyer celles de la division Montaudon et les relier au corps Clinchant viennent occuper, à l’intersection des boulevards Ornano et Rochechouart, une barricade imposante sur laquelle les insurgés font un retour offensif. Ils sont repoussés.

La brigade Abbatucci gagne alors la gare du nord pendant que la brigade Pradier enlève une forte barricade dans la rue Lafayette, près de Saint-Vincent-de-Paul où elle s’établit.

La division Laveaucoupet occupe les hauteurs de Montmartre et, avec ses batteries, combat celles des insurgés, installées sur les buttes Chaumont.

Dans la soirée, l’armée régulière est maître de plus de la moitié de Paris et des grandes forteresses de la Commune, comme Montmartre, la place de la Concorde, l’hôtel de ville et le Panthéon. Le front de bataille forme une ligne à peu près droite, s’étendant depuis les gares des chemins du Nord et de l’Est jusqu’au parc Montsouris.

Dans la soirée, les canonnières tirent quelques coups de canon sur les barricades des quais.

Au 91e de ligne, Claude Guiais est blessé à la jambe gauche par un coup de feu. Le sergent Emile Nicoud est blessé au pied gauche par un coup de feu. Ferdinand Robert est blessé par un coup de feu à la jambe droite.

Edouard Désiré Cannelle, vingt-un ans de Nouvelle-Eglise, Pas-de-Calais, soldat au 48e de ligne, a la main fracturé par un coup de feu. Jules Joseph Clochard, vingt-deux ans, de Bel-Air, Vendée, soldat au 79e de ligne souffre d’une fracture de l’os iliaque gauche par coup de feu. Charles Delmas, vingt-deux ans, de Rodez, Aveyron, sergent-major au 58e de ligne est atteint d’une balle qui lui fracture l’articulation tibio-tarsienne droite.

Au 17e chasseurs à pied, Alfred Léopold Coince, vingt-trois ans, de Saint-Symphorien, Eure-et-Loir, souffre d’une plaie compliquée à la cuisse droite avec section du nerf sciatique par coup de feu. Sa jambe en restera paralysée. Henri Fortuné Deroubaix, vingt-un ans, de Lille, caporal, a le coude droit fracturé par une balle. Son bras en restera atrophié. Etienne Grason, vingt-trois ans, natif de Saint-Août, Indre, a l’acromion et l’épine de l’omoplate gauches fracturés par un coup de feu. Eugène Lenoir, dix-sept ans, de Nanteaux-sur-Essonne, Seine-et-Marne, a le fémur gauche fracturé par un coup de feu. Felix Charles Désiré Chapron, vingt-deux ans, de Rémalard, Orne, doit être amputé de la cuisse, le fémur droit fracturé.

A la conciergerie, Raoul Rigault donne l’ordre de faire sortir tous les prisonniers. Se croyant libérés, ils se retrouvent contre les barricades où les fédérés les obligent à se battre contre les troupes régulières sous peine d’être fusillés. Mais ils refusent et s’enfuient sous les balles des fédérés. Les survivants réussissent à atteindre la Préfecture, en feu. Ils y restent entre fournaise et crainte de voir les fédérés revenir les tuer. Ils sont libérés à cinq heures du soir par le lieutenant Berger du 79e de ligne, à la tête d’un détachement de son régiment. Parmi les prisonniers se trouvent le prince Galitzin et M. Andréoli.

 A sept heures et demie du soir, à la prison de la Roquette, six otages sont extraits de leurs cellules : monseigneur Darbois, l’archevêque de Paris, le président Bonjean, l’abbé Allard, membre de la société internationale de secours aux blessés, P. Du Coudray, père supérieur de l’école Sainte-Geneviève, P. Clerc de la compagnie de Jésus et l’abbé Deguerry, curé de l’église de la Madeleine. Ils sont conduits jusqu’à la cour qui précède l’infirmerie où les atteint un peloton d’exécution.

Les six hommes, cinq religieux et un civil âgé et malade, sont exécutés après avoir subi des insultes jusqu’à la fin. Les corps sont chargés dans une voiture réquisitionnée et conduits au Père-Lachaise, où ils sont déposés dans la dernière tranchée de la fosse commune.

Ernest_Eugène_Appert,_Exécution_des_otages,_prison_de_la_Roquette,_le_24_mai_1871

L’ambulance volante du marquis de Hertfort est au faubourg Saint Germain. Trente-deux fédérés blessés sont portés au Gros-Caillou.

A Mayence, en captivité, Henri Huguebad, du Nord, soldat au 65e de ligne, décède de dysenterie. Toussaint Grison, de la Sarthe, soldat au 2e de ligne, Jean Baptiste Nicolas, des Ardennes, soldat au 6e de ligne, Sylvestre Soulat, de Foix, Ariège, soldat au 22e de ligne et Mignié Clément, de Mure, Isère, du 6e d’artillerie, décèdent de pneumonie.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 24 mai 2021