Second siège de Paris :
A Versailles, tous les jours, depuis le 12 mai, la place d’Armes se remplit de soldats parés de branches d’acacias. Ils viennent présenter à l’Assemblée, les drapeaux et les canons qu’ils ont pris aux insurgés. Et chaque jour, les députés sortent pour les féliciter, pendant que la population et les « émigrés de Paris » expriment leur joie à ce spectacle dont ils ne semblent pas pouvoir se lasser.
Il est un autre spectacle qui, en revanche, va vite devenir lourd, celui du défilé des prisonniers. Au début du siège, les premiers prisonniers arrivés à Versailles étaient insultés et frappés par la population, protégés tant bien que mal par les troupes qui les escortaient. Petit à petit, la foule s’est calmée et c’est pratiquement dans le silence que les prisonniers traversent maintenant la foule.
Les cris « A mort » sont de plus en plus rare. La foule leur reproche toujours cette guerre, mais surtout, elle leur reproche le fait que leurs fils, prisonniers de guerre libérés, doivent retourner au combat pour risquer leur vie sous les balles et obus tirés par des Français.
Dans la nuit du 18 au 19 mai, les insurgés canardent littéralement les travaux de tranchée de l’armée régulière, sur la rive gauche et sur la rive droite. La lumière électrique les guide dans leurs tirs.
Jean François Bourdonnais, soldat au 15e de ligne est blessé à la cuisse droite par un coup de feu.
Claude Devillard, soldat au 70e de ligne, a les os du nez et du maxillaire droit fracturés par un coup de feu.
Jean Gouze, soldat au 76e de ligne, a le doigt medium droit fracturé par un coup de feu.
Au 91e de ligne, le colonel Camille Lemoing est blessé à la jambe droite par un éclat d’obus. Amputé de la cuisse, il décèdera huit jours plus tard.
A la porte d’Auteuil, Claude Génix, soldat au 94e de ligne, chute dans la tranchée et se fracture la jambe droite.
Au Mont-Valérien, Guillaume Perriot, du 4e d’artillerie, a l’articulation tibio-tarsienne droite fracturée au passage d’une prolonge chargée.
A Issy, François Rousseau, soldat au 89e de ligne, est blessé à l’épaule gauche par un coup de feu. Julien Marie Le Put, vingt-quatre ans, de Goudelin, Côtes-d’Armor, du 2e génie, a le poignet gauche et la main fracturés par un coup de feu.
A Asnières, Armand Egurbide, de Saint-Palais, Basses-Pyrénées, du 23e chasseurs à pied, a l’index fracturé par un coup de feu.
A Passy, Beaumont, étudiant en médecine et chirurgien de la garde nationale a la jambe droite fracturée par un éclat d’obus. Il doit être amputé de la jambe.
A Boulogne, Jean Garcin, vingt- un ans, de Saint-Romans, Deux-Sèvres, soldat au 74e de ligne, a la jambe gauche fracturée par la mitraille et doit être amputé.
A Neuilly, Gilbert Greuzat, de Montluçon, Allier, soldat au 135e de ligne, est blessé à la main droite par un coup de feu.
A Mayence, en captivité, Jean Remoure, d’Abriès, Hautes-Alpes, soldat au 3e chasseurs, décède du typhus.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 19 mai 2021