A Vendôme, le IXe corps défile, dans un ordre parfait. Pendant plus de quatre heures, se succèdent les bataillons, escadrons, batteries d’artillerie dont le matériel est repeint à neuf. Fantassins, cavaliers, canonniers sont équipés de neuf et ne ressemblent en rien à l’armée française. Les pontonniers et leurs bateaux montés sur des chariots ferment la marche. Leur état est tel qu’il est difficile d’imaginer qu’ils ont servi.
A Blois, la brigade ennemie en poste dans la ville s’en va à son tour, soit quinze mille hommes, pour la plupart polonais.
MM Chambert, receveur municipal et Petit-Leturgeon, banquier, arrivent avec les 200 000 francs exigés par les prussiens comme contribution de guerre. Mais la paix a été signé, la ville se trouve déliée de cet engagement, le paiement n’aura pas lieu.
MM Pousset et Chavigny, emmenés comme otage en Allemagne, viennent d’arriver à Blois, après quelques semaines de détention à Mayence.
A Montlivault, les corps de cinq soldats français du 36e de marche, tombés lors des combats le 9 décembre 1870, sont extraits de la fosse où ils avaient été enterrés, sur les lieux mêmes des combats.
Les corps avaient été retrouvés quatre jours après les combats, par le maire, Eugène Leguay, et deux conseillers municipaux, Aignan Bredon et Blaise Huguet. Ils s’étaient rendus sur les lieux du combat, au climat des Chailloux.
Sur les cinq corps, qui portaient tous l’uniforme de soldat français, ils n’ont trouvé de preuve de leur identité que sur deux d’entre eux. Frédéric Duveau, soldat au 11e de ligne, 36e de marche, d’Orléans, avait sur lui son livret militaire, et une lettre à l’adresse de Duveau Chauvelin, jardinier faubourg Saint Marceau, route de Saint-Mesmin à Orléans, n°20. Le deuxième corps portait son livret militaire avec uniquement son nom, Simoneau, son matricule, 6923, et l’indication 11e régiment de ligne. Les trois autres n’avaient de marque que sur leurs vêtements : un portant la marque 25e régiment de ligne, matricule 5897, un autre 25e régiment de ligne, matricule 5859, et le dernier, 25e régiment de ligne matricule 5811. Ils semblaient tous jeunes, entre vingt-cinq et trente ans et portaient tous une barbe blonde.
Deux jours plus tôt, le corps d’un franc-tireur avait déjà été retrouvé, portant la médaille de Crimée. Lui non plus n’avait pas pu être identifié mais il a bénéficié d’un acte de décès et d’une tombe au cimetière.
Après les vêpres, le conseil municipal, le curé, les pompiers et pratiquement tous les habitants de la commune, se rendent sur les lieux. A quelques mètres de la fosse, une seconde a été creusée. Chaque corps, non encore identifié, a été couché dans un cercueil. Les cinq cercueils sont alors déposés dans la nouvelle fosse, sous les chants religieux et un profond recueillement de tous. C’est un hommage émouvant qui est rendu à ces soldats anonymes. Bien peu y auront droit, là où ils sont tombés.
Ils seront identifiés plus tard, et un monument sera érigé en leur mémoire. Il s’agissait de Auguste Simmoneau, Pierre Poard, François Lefranc et Albert Legendre, soldats au 36e de marche, de Frédéric Duveau, dont le corps sera ensuite inhumé dans le cimetière, dans une tombe individuelle, à la demande de la famille, et de Alexandre Romuald Foly-Dupare, le franc-tireur inhumé au cimetière.
A Ulm, en captivité, Jean Gibault, de Dun-le-Poëlier, Indre, soldat au 2e régiment des grenadiers de la garde, décède de pneumonie.
A Mayence, en captivité, Charles Ouasquart, vingt-sept ans, soldat au 21e de ligne, décède à l’hôpital où il a été admis le 18 novembre. Charles Marcuche, vingt-cinq ans, de Haute-Saône, soldat au 15e d’artillerie, et Louis Reingevald, vingt ans, de Paris, soldat au 2e voltigeurs, décèdent du typhus le lendemain de leur hospitalisation.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 5 mars 2021