• Description

Siège de Paris :

Le général Trochu est à la tête de l’armée. Cette fois, ce ne sera pas une simple sortie mais une attaque générale.

Le fort d’Aubervilliers donne le signal de l’attaque à sept heures du matin en ouvrant le feu contre le Bourget. Le fort de Romainville appuie avec quelques coups de canon.

21décembre

Au Bourget, les marins de la garnison de Saint-Denis et le 134e de ligne sont les premiers à passer à l’attaque. Les six cents marins se tiennent, par compagnie, à cent mètres du village, la hache au poing et le fusil en bandoulière. Lorsque le cri « en avant » retentit, les hommes se précipitent sur la barricade des prussiens, l’escaladent et font un carnage à coups de haches, malgré le feu meurtrier que leurs opposent les bavarois. Les allemands s’enfuient du côté de Dugny. La riposte arrive très vite, et les boulets de canon prussiens pleuvent sur le Bourget. A ce moment-là seulement, les marins rangent les haches et prennent leurs fusils, se mettant à l’abris des projectiles ennemis. Deux cent soixante dix neuf d’entre eux sont à terre. Quatre officiers de marine sont morts, le vicomte Duquesne, Laborde, Moran et Pelletreau. Quatre autres sont blessés. Pendant l’attaque, le capitaine de frégate Lamothe Henet qui commande la brigade, voit ses deux officiers d’ordonnance tomber et son cheval être atteint par une balle. Mais ils ont réussi leur mission.

Le 134e de ligne, pour sa part, attaque le parc, bordé d’un mur qui termine le village. Les français sont à découvert, les prussiens sont protégés par le mur crénelé. L’attaque n’est pas décisive mais meurtrière. Le lieutenant AE Belbezet est tué. Sept autres officiers sont blessés.

Les lignes de bataille se développent dans la plaine, au-devant du fort d’Aubervilliers, entre la route de Lille et celle des Petits-Ponts, et entre cette dernière et la route de Bondy. Une brigade de Saint-Denis vient renforcer les troupes déjà importantes, moitié de ligne et moitié de mobiles. Des escouades du génie et de travailleurs s’installent aux tranchées ; l’artillerie sillonne la plaine en tous sens, pour prendre ses positions avancées.

Drancy est occupé en force par les troupes françaises ; les tirailleurs nettoient la plaine entre Blanc-Mesnil et le Bourget. A dix heures, la fusillade intermittente reprend au Bourget.

Sur le chemin de fer, deux locomotives blindées manœuvrent et s’approchent du Bourget, faisant feu de leurs deux pièces. Le fort d’Aubervilliers reprend ses tirs, pour éviter que les prussiens ne débordent les troupes françaises. Les blessés sont nombreux, ramenés en arrière, des francs-tireurs, des soldats du 34e de ligne.

Les prussiens résistent, malgré l’artillerie française et font des ravages dans les troupes françaises. Le général Trochu décident de concentrer son attaque sur le Bourget. A Drancy, le parc du château de Ladoucette est occupé par les tirailleurs français. A droite du village, à l’abri des premiers murs sur la campagne, une artillerie très forte est installée avec des pièces de 12 et même de 24 courtes. Elles pointent et tirent sans relâche sur les ouvrages ennemis qui soutiennent le Bourget.

Pendant trois heures, la canonnade françaises est continue. Attendant, l’infanterie est en arrière de Drancy, sur la longueur du Bourget à Bondy. Ils attendent, dans un froid glacial. Cette fois, ils ont leur couverture et s’en servent, pliée sur la poitrine et le ventre. Elle leur tient chaud et les garantit contre les balles mourantes.

De chaque côté du pont canal et sur sa droite, des batteries tirent, maintenant l’ennemi dans les bois. Ils sont visibles, à la lisière de la forêt, à droite de Bondy.

A trois heures et demie, la canonnade cesse. Les hommes vont devoir camper sur place. La nuit va tomber et les prussiens cessent leurs tirs. La première étape de l’attaque est terminée.

Les combats ont eu lieu sur d’autres points de la ligne établie par le général Trochu.

Au Moulin-Saquet, le 111e de ligne est à la manœuvre. Les capitaines J Bréchou et J. Ombredanne sont blessés, comme le sous-lieutenant J. Lallemand.

La brigade Blaise, partie vers dix heures d’Avron, attaque de front la Villa Evrard, immense agglomération de constructions qui s’étendent en plaine au bord même du fleuve grossi par les dernières pluies. La ville ne semble pas sérieusement défendue. Neuilly-sur-Marne est reprise. Un détachement du génie est envoyé, jusqu’à la Villa Evrard, pour construire, parallèlement au canal des lignes de défense.

Les hommes épuisés en profitent pour s’installer dans les maisons quittées par prussiens. Certains s’endorment.

C’est un piège. L’ennemi est caché dans les caves et attend que les français soit sans défense. Le massacre commence alors. Dans l’obscurité, le corps à corps commencé dans les maisons se poursuit dans les rues. Le désordre est à son comble. Le général Blaise est grièvement blessé. Il décèdera à l’ambulance. Les rues sont jonchées de cadavres et de blessés. A onze heures, l’ennemi bat enfin en retraite. Le général de brigade Ildephonse Favé est également blessé, mais lui survivra.

Armée de la Loire :

Le 49e régiment des mobiles de l’Orne prend position pour la défense du Mans, à Sargé. Ils marchent depuis le 13 décembre : Droué, Busloup, le Breuil le 18, Saint-Maixent et Lavaré le 19, ont traversé l’Huisne au pont de Connerré le 20 pour s’établir à Montfort. En réalité, ils marchent et combattent depuis trente jours. Les pertes sont énormes et pas uniquement dues aux combats. La petite vérole, les fluxions de poitrine, les angines, les congélations font un grand nombre de victimes. Malgré le repos et les cantonnements, plutôt bon, qu’ils ont enfin, chaque bataillon perd une centaine d’hommes. Les bataillons vont être reformés, et recevoir des renforts de la réserve. Un calme relatif va régner, jusqu’au 8 janvier.

Le 75e régiment de mobiles, Loir-et-Cher et Maine-et-Loire s’installe, construit des gourbis grâce aux sapins et reprennent l’instruction militaire. Les vêtements sont en lambeaux, les souliers attachés avec des ficelles ou remplacés par des sabots, plus solides.

Le petit groupe de Denis Erard, du 33e régiment de mobile de la Sarthe, est prêt dès neuf heures du matin, en tenue de campagne et sac au dos. Ils sont environ deux cents, appartenant à toutes les compagnies des trois bataillons. Soudain, ils voient passer un convoi funèbre, suivi par leur capitaine et la famille du défunt. C’est celui d’un des leur, Camus, tombé à Loigny, le 2 décembre. Fait prisonnier, il est resté plusieurs jours sans soin, dans une ambulance prussienne encombrée de blessés. Lorsqu’il a pu être récupéré, la gangrène commençait à faire son œuvre.

Les ordres ne viennent pas, alors les hommes retournent à leur cantonnement. Denis retourne dans sa famille. Pour une nuit encore, il dormira dans un lit.

Combats devant Tours, entre la colonne Ferri-Pisani et la 19e division d’infanterie allemande. L’ennemi lance quelques obus sur la ville, mais ne chercher pas à entrer dans la ville, et repart.

A Janville, Bastien apporte au capitaine de Maricourt, une belle béquille toute brillante et toute neuve. Ce dernier se lève, tout faible et chancelant, fait une dizaine de pas et se rend dans la chambre voisine occupée par ses amis Saint-Venant, Brisoult et Charnod, dont il est séparé, par un mur, depuis plusieurs jours. L’état de Charnod s’est aggravé. A sa demande, de Maricourt rédige deux pages sous sa dictée, pour sa famille. Confiée à la mère supérieure, celle-ci la remettra à la mère de Charnod, plusieurs mois plus tard, près de la tombe de son fils. Il décède dans la nuit. Il n’a que vingt-trois ans, jeune sergent-major de la garde nationale mobile du Loir-et-Cher.

A Belfort, le bombardement continue, mais avec un peu moins de violence. Dans la soirée, le 4e bataillon de la Haute-Saône et une partie de la garnison du fort des Barres font une sortie, dirigée par le commandant Chabaud, pour une démonstration devant Essert et attirer les prussiens dans la plaine. Ces derniers se croyant attaqués, sortent de leurs retranchements et sont atteints par les canons de Bellevue et des Barres.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 21 décembre 2020