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A Paris, le canon gronde jusqu’à deux heures du matin. Montrouge bombarde Châtillon et les bavarois se réfugient dans les plâtrières. Le Mont-Valérien tonne aussi. Il incendie les hauteurs de Garches. Puis, c’est le silence, uniquement troublé par les rafales de vent qui sont violente en ce matin du 20 décembre.

Vers une heure de l’après-midi, le temps s’éclaircie et se refroidit. Plusieurs régiments de cavalerie traversent Paris. L’humeur semble bonne. Quelques bataillons de la garde nationale font des manœuvres sur les quais, sur la place de la Concorde et la place du Carrousel. D’autres partent pour les avant-postes. Une certaine routine semble installée chez les assiégés. Demain sera comme aujourd’hui ? Peut-être pas.

A Bordeaux, le gouvernement renonce à son espoir de rallier l’armée de Bourbaki à celle de Chanzy. La première devient armée de l’Est et se dirige vers la Saône. En chemin, elle récupère le 24e corps du général Bressolles, formé à Lyon et la division Cremer. Forte de 140 000 hommes, elle doit faire lever le siège de Belfort et menacer les lignes allemandes qui assiègent Paris.

Armée de la Loire, les troupes occupent toutes, enfin, leurs positions autour du Mans. Le général Jaurès porte le 21e corps sur la ligne de crêtes qui va d’Yvré à Savigné-l’Evêque, en se prolongeant jusqu’aux châteaux de Grand-Montauban et de Chapeau. Des batteries sont postées sur ces emplacements, capables de balayer la vallée de l’Huisne, la route de Savigné-l’Evêque, celle de Ballon et la Vallée de la Sarthe.

Sur tout le front, des travaux sont organisés pour élever des épaulements, ouvrir des tranchées-abris. Ils sont couverts par des tirailleurs dispersés derrière les haies et dans les bois, protégés par des avant-postes de cavalerie établis à une douzaine de km en avant des lignes.

Les troupes du 21e corps sont installées dans les fermes, les maisons et les villages. Ceux qui n’ont rien de semblable à disposition bivouaquent dans des terrains choisis, secs, de préférence des sapinières, des bruyères et des landes.

Pour la première, les hommes construisent des gourbis : un trou creusé plus ou moins profond, garni d’un toit partant du sol, composé de branches garnies de feuillages et des toiles de tente, les trous comblés par des mottes de terre fermant hermétiquement cette drôle de charpente. Juste devant l’ouverture, les hommes font un foyer taillé dans la terre durcie de l’hiver, qui leur sert de cuisine.  Certains de ces gourbis sont assez grands pour accueillir une dizaine d’hommes.

Le 75e régiment de mobiles, Loir-et-Cher et Maine-et-Loire, prend ses positions en avant de Parigné-l’Evêque. Il s’installe dans l’espace qui suit le chemin aux bœufs, en avant de la tuilerie, à cinq km du Mans. Ils sont dans les sapins, près du château des Houx où ils vont rester jusqu’au 26.

Le petit groupe de Denis Erard, du 33e régiment de mobiles de la Sarthe, se tient prêts à partir pour rejoindre le gros du régiment qui arrive, le lendemain, sur la route de Parigné-l’Evêque.

Le 17e corps passe l’Huisne sur le pont neuf d’Yvré, traverse la Sarthe sur le Pont Napoléon et envoie sa 1ère division à hauteur de Saint-Saturnin, perpendiculairement aux routes de Conlie et d’Alençon, sa 2e est perpendiculairement à la route de Laval, à hauteur de Chauffour, sa 3e à Pruillé-le-Chétif et à Allonnes. Le général de Colomb fixe son quartier général au château de l’Epine.

Le 16e corps occupe les crêtes du plateau au sud du Mans, défendant les routes d’Angers par Arnage, de Tours par Ecommoy, du Grand-Lucé par Parigné.

A gauche, la colonne du colonel Vilain, établie à la Ferté-Bernard et à Montmirail, relève du commandant du général Jaurès.

20décembre

Au nord de Tours, à Monnaie, la colonne Mobile Ferri-Pisani est battue par le gros du Xe corps allemand.

A Janville, le capitaine de Maricourt n’en peut plus d’être couché. Il décide donc, contre l’avis des religieuses, de préparer une « évasion ». Toute la journée, il dessine des plans qu’il confie à Bastien : les plans d’une béquille.

A Belfort, vers neuf heures, le canon tonne. Les bâtiments de la place d’armes souffrent des bombardements : les maisons Nizole, Antonin, Mény sont gravement endommagées. L’horloge de l’église est brisée.  Dans le haut de la ville, la préfecture, les maisons Dumas, Lebleu, Sibre-Monchot reçoivent un grand nombre de projectiles. Les prussiens tentent de s’établir à Andelnans mais les canons des Perches gênent leurs travaux. Dans la soirée, un combat a lieu entre Bavilliers et Essert.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 20 décembre 2020