• Description

Armée de la Loire :

Le 49e régiment des mobiles de l’Orne quitte Viévy-le-Rayé pour Fréteval. Le lieutenant-colonel des Moutis, blessé lors d’une chute de cheval, est remplacé par le commandant de la Ferronnays. Ils y resteront deux jours, sans quasiment combattre. Le régiment ne ressemble plus à rien. Les hommes sont moitié en sabot, moitié en souliers ruinés. La plupart a découpé sa couverture pour remplacer les vêtements en lambeau. Ils sont épuisés.

Le 75e mobiles du Loir-et-Cher et du Maine-et-Loire reprend la route vers sept heures du matin, en direction de Selommes. Ils arrivent le soir à Sainte-Anne, près de Vendôme.

13décembre

Les convois de l’armée français en retraite présentent un spectacle lamentable. La longue file de voiture se déroule à perte de vue, avançant lentement dans la plaine. L’armée continue sa marche sur Vendôme et dans la direction du loir, qui doit servir de défense naturelle. Elle laisse, dans son sillage, des soldats épuisés, capturés par les prussiens qui les talonnent. Le soir, le mouvement des troupes sur Vendôme est effectué, malgré toutes les difficultés, stratégiques et matérielles rencontrées.

A Janville, l’oncle de Fouquet revient voir le capitaine de Maricourt. Son neveu l’a chargé de remercier son capitaine. Au moment où il revenait, chargé de la précieuse denrée, le curé venait de « porter le bon dieu » à son neveu. Il a fumé la pipe avec plaisir avant de s’endormir. Et il est mort. Le capitaine de Maricourt est profondément attristé par la nouvelle. C’est le premier de ses mobiles dont il apprend la mort, à l’ambulance. Ce ne sera malheureusement pas le dernier.

A Châteaudun, des escarmouches ont lieu entre les partis francs et les reconnaissances de la 5e division de cavalerie allemande.

A Vierzon, des fractions du 15e corps français se heurtent à la 6e division de cavalerie allemande.

A Montmedy, il ne reste plus que 2 000 hommes sous les ordres du commandant Tessier, successeur du capitaine Reboul. Toute la nuit, l’ennemi continue à pilonner méthodiquement, la forteresse. Un obus éclate dans une casemate, tuant un cantinier évadé de Sedan et sa femme. Les autres personnes réfugiées au même endroit n’auront que quelques égratignures et des vêtements lacérés. Toute la nuit, les blessés ne pouvant être soignés dans la ville haute, sont évacués vers la ville basse, sous une pluie de fer et de feu. Toute la journée, le brouillard empêche les artilleurs français de viser. Les canons de la place forte restent donc muets.

Si la ville basse est épargnée, touchée occasionnellement par des obus égarés, la ville haute souffre beaucoup. Depuis deux jours qu’elle subit les bombardements, chevrons, poutres, personnes, croisées volent en éclat, tombent en miettes. Quelques incendies éclatent. Plusieurs bâtiments situés auprès du Grand-Puits sont entièrement brûlés. Vers cinq heures du soir, la maison Lagosse, près du palais de Justice est entièrement consumée. Dans les ambulances, une dizaine de cadavres et une quarantaine de blessés gisent. Alors qu’ils évacuent un groupe de blessés sur l’ambulance installée dans l’ancienne poudrière, un obus tombe sur eux. Les fragments blessent plus ou moins grièvement les malheureux déjà blessés, les infirmiers qui les portent et le docteur Destival, de Verdun. Le médecin de la mobile, atteint au tendon d’Achille, va rester, entre la vie et la mort, pendant plus d’un mois. Le conseil de défense, uniquement constitué de militaire, décide de la reddition.

A Phalsbourg, les prussiens entrent et occupent les portes de la place. Une foule considérable, venue de tous les villages voisins, pénètre dans la ville, recherchant leurs proches, mais beaucoup manquent à l’appel. Ils arrivent avec des vivres. Les prussiens aussi, qui font entrer des fourgons de vivre et distribuent à la troupe 500 g de viande, du riz, du sel, du café, du sucre et des cigares. La garnison va partir en captivité.

Les mobiles mariés ont le droit de retourner dans leurs familles. Pas les célibataires, mais beaucoup d’entre eux sont déjà partis, habillés en civil et mélangés à la foule des familles entrée dans Phalsbourg.

A Belfort, la matinée est calme, mais, vers midi, les bombardements reprennent avec violence. Les caves ne sont même plus sûres dans certains secteurs. Dans la maison Touvet, une domestique est tuée.

Danjoutin est la cible d’une action d’envergure. Pendant que les soldats de la garnison enlèvent le bois de Bavilliers et repoussent un corps ennemi, une colonne allemande attaque les retranchements de Danjoutin et essaye de prendre les français à revers. Après un combat très meurtrier, les allemands doivent se retirer. A la faveur du brouillard, ils vont revenir à la charge, à trois reprises. Et à trois reprises, ils sont repoussés.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 13 décembre 2020