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Armée de la Loire : la retraite continue dans la douleur. Des combats d’arrière-garde ont lieu à Patay avec la 4e division de cavalerie du prince Albrecht.

La bataille d’Orléans s’engage, dans la forêt et autour de la ville. Les troupes de Frédéric-Charles marchent pour encercler la vile.

Les combats ont lieu sur Bricy, Ormes, Bucy-Saint-Liphard, Chevilly, Gidy, Cercottes, la Montjoie, Saint-Jean-de-la-Ruelle, Chézy, Pont-aux-Moines, Saint-Jean-de-Braye, Saint-Loup et Chanteau. Les pertes françaises sont estimées à 1 100 hommes hors de combat.

4décembre

L’ambulance n°5, dirigée par le docteur Labbée, est à Cercottes. Elle y soigne 76 français et 68 prussiens, pendant les combats. Dix décèderont à l’ambulance.

La retraite française n’est plus qu’une déroute : le centre des troupes françaises s’enfuit sur la rive gauche de la Loire, sur Beaugency et Blois. L’aile gauche, de Chanzy, aux environs de Coulmiers, est séparée du général en chef. L’aile droite de Bourbaki n’intervient pas et recule sur Gien par la rive droite.

A onze heures et demie du soir, un accord est conclu entre Martin des Pallières et le lieutenant général von Tresckow pour éviter que la ville ne se transforme en champ de bataille et que les horreurs des combats du 11 octobre ne recommencent. Une suspension des armes permet aux français de partir et aux allemands d’entrer dans la ville.

Dans Orléans, la caserne de l’étape sert de refuge à tous les blessés de passage, en attendant leur évacuation sur le midi. Ils sont couchés sur de la paille, mais nourris et à l’abris du froid et de la pluie, pansés avant leur départ. Jusqu’au 4 décembre, date d’occupation de la ville, six à sept cents blessés y transitent chaque jour. A minuit, les médecins font partir tous ceux qui peuvent marcher, pour leur éviter de tomber aux mains de l’ennemi. Il n’y reste plus que 271 français grièvement blessés et intransportables, et douze allemands.

Orléans est, encore une fois, occupée.

A Loigny, retrouvons le capitaine de Maricourt. Le dimanche 4 décembre, lui et ses compagnons d’infortune sont toujours au même endroit. La veille, les mobiles les moins blessés allaient de l’un à l’autre, donnant des nouvelles. Raoul de Saint-Venant, qu’il a vu tomber pendant la bataille est vivant. Grièvement blessé, il est dans une grange voisine.

Sur les vingt-trois officiers du bataillon des mobiles du Loir-et-Cher, dix-sept sont morts ou blessés. M. de Charrette et le général de Sonis sont dans la chambre voisine de celle où l’on ampute. Le colonel de Montlaur s’y fait amener, pour serrer la main de son vieux camarade.

Les prussiens ont emporté leurs blessés, et il reste les français, près de mille sept cent, gisant dans ce petit village ravagé par la guerre, dont un tiers a été ravagé par les flammes et le reste détruit par les obus.

Le son du canon qui leur parvient est de plus en plus lointain. L’espoir de voir l’armée française revenir s’estompe. Les allemands sont partis, poursuivant l’armée française.

Les blessés attendent un secours qui ne vient pas. Dans la matinée de ce dimanche, deux hommes apportent dans leur chambrée pour le déposer auprès de Gaston de Brisoult, Raoul de Saint Venant, bien pâle. Il est resté toute la nuit, collé au cadavre d’un compagnon d’infortune, mort de ses blessures, et la grange a pris feu. Il aurait pu y brûler vif si le feu ne s’était pas éteint de lui-même.

Puis, une voix gaillarde se fait entendre « on scie, on coupe par-là ! je me sauve ! », c’est le colonel de Charrette qui fuit la chambre d’amputation et entre dans la leur, s’appuyant sur un piquet de tente.

Dans la chambre voisine, des cris en continue, puis qui diminuent pour cesser définitivement. C’est un malheureux blessé à la tête qui vient seulement d’arriver à l’ambulance, après deux jours et deux nuits d’efforts surhumains, pour mourir sous un toit. Combien sont morts dehors, dans le froid ?

Les hommes passent le temps, plaisantent, jouent aux cartes, fume la pipe, lisent les livres trouvés sur place, et souffrent en silence. Quand s’occupera-t-on enfin d’eux ?

En Seine-Maritime, au combat de Buchy, le lieutenant FPE Guillemaut, du 94e régiment (mobiles de Seine-Inférieure et Marne), est blessé. Le sous-lieutenant Borgnet de la 1ère légion des gardes mobilisés de Seine-Inférieure est également blessé.

A Phalsbourg, c’est la fête de la Sainte-Barbe. La fanfare donne ce qui sera son dernier concert. Les bonnes nouvelles n’arrivent plus et les vivres deviennent de plus en plus rares. Tout le monde sent que la fin est proche, même si personne n’en parle.

A Montmedy aussi, on célèbre la sainte patronne des artilleurs. Quelques coups de canon sont tirés sur des groupes de prussiens qui se montrent au-dessus de Thonne-les-Prés et près de Vigneul. Ces derniers ne s’attardent pas.

A Belfort, pas de place pour célébrer la sainte. Le bombardement commencé la veille continue avec acharnement. L’artillerie allemande tire avec des obus de 24 rayé, modèle français. Elle vise uniquement les bâtiments et ouvrages militaires, mais quelques maisons sont quand même atteintes. Un obus entre dans l’étude de M. Mény, notaire et maire de la ville. Il passe par une fenêtre du rez-de-chaussée et chamboule tout dans la pièce, sans faire de victime. Ce ne sera malheureusement pas toujours le cas.

L’hôpital du Faubourg est criblé de projectiles, une partie de son matériel est détruit et des malades sont tués ou blessés dans leur lit.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 4 décembre 2020