• Description

Siège de Paris : après les combats de la veille, les troupes sont brisées par le froid et la fatigue. Elles manquent de vivre, après trois jours loin de leurs camps. Au matin, Ducrot se résigne à ordonner la retraite définitive. La 2e armée revient sur la rive droite de la Marne. Pourtant, cette fois, les forces étaient égales 65 000 français contre 65 000 allemands.

A l’Est, sur la route de Beaune à Semur, a lieu le combat de Châteauneuf. De Nuits, Cremer lance à l’Ouest un fort détachement dans le flanc de la brigade badoise Keller, rappelée d’Autun à Dijon, et lui inflige un nouvel échec.

Au Nord, le général Faidherbe prend le commandement de l’armée du Nord, en remplacement de Bourbaki, parti le 19 novembre pour la Loire. Il réorganise l’armée en deux corps, pour prendre l’offensive et reconquérir Amiens et la ligne de la Somme.

Après la débâcle de Loigny, l’armée de la Loire en retraite est pourchassée par l’ennemi. De très violents combats ont lieu à l’arrière-garde, à Artenay, Chevilly, Cercottes, Gidy et Saran, la route de Paris à Orléans.

3décembre

Que sont devenus les blessés de la bataille de Loigny, dont la capitaine de Maricourt ? Réfugiés dans les granges et les maisons, ils s’entassent du mieux qu’ils le peuvent.

« L’immense fatigue de deux jours de bataille, le bien être relatif procuré par un matelas, après tant de nuits sous la tente, l’affaissement moral, peut-être aussi l’affaiblissement, me firent tomber dans un lourd sommeil qui m’empêcha d’entendre les horribles bruits de la chambre voisine où l’on amputait. Mais, en m’endormant, j’entendais le petit gémissement bref qui s’échappait, à longs intervalles réguliers, de la poitrine trouée par une balle, d’un pauvre petit sous-lieutenant de chasseurs à pied, couché près de notre porte. On me dit qu’il était mort vers une heure du matin. Deux ou trois fois, je fus réveillé par des crampes ou par un cri du pauvre colonel dont je heurtais, en dormant, le pied fracassé. Nous étions tous les deux englués dans le sang caillé et visqueux dont nous avions imbibé le matelas au point que le sang dégouttait sous le lit. Notre première souffrance du lendemain fut cette soif ardente, inextinguible, que seuls connaissent les blessés. Ceux qui n’étaient atteints qu’au bras allaient nous chercher de pleins bidons d’eau. Nous étions définitivement douze dans notre petite chambre. Sur le lit, le colonel et moi ; le long du lit, sur la paille apportée le matin, Gaston de Brisoult ; puis, en long, en large, en travers, sur la paille, un sergent-major de notre 3e bataillon, mobile de Maine-et-Loire nommé Charnod ; un vieux capitaine d’infanterie blessé à l’épaule et passant tout son temps à se promener en enjambant les malades ; un caporal d’infanterie, marseillais et ancien cuisinier à bord d’un paquebot des Messageries impériales, blessé au bras gauche ; un vieux chasseur à pied qui nous racontait ses glorieuses campagnes de Crimée, d’Italie et du Mexique, traversées sans une égratignure, enfin cinq autres blessés que j’ai peu remarqué. Au fond de la chambre était un petit réduit où couchaient l’officier blessé au pantalon, un sous-lieutenant de ligne, M. Leblond, frappé d’une balle au menton enfin un petit chirurgien-major d’un régiment de mobile. Une douzaine de mètres carrés contenaient tout cela. ».

Tombés aux mains des prussiens, ils devront attendre d’être transférés à Janville pour être soignés. Beaucoup n’y survivront pas.

A Montmedy, les habitants et les militaires se préparent au bombardement. Des casemates artificielles sont édifiées, l’entrée des caves et des maisons est blindée à l’aide de poutres recouvertes de terre et de fumier, les soupiraux sont calfeutrés. Des abris souterrains sont construits dans les jardins.

A Belfort, dès deux heures du matin, les canons français tonnent sans relâche. L’ennemi a profité de la nuit pour installer sept batteries à Essert et, dès sept heures du matin, leurs premiers obus arrivent au faubourg de France et au pied du château. Le bombardement de Belfort commence.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 3 décembre 2020