Le 6 janvier 1871, sur le territoire des communes d’Azé et Mazangé, dans le Loir-et-Cher, près de Vendôme, la colonne mobile de Jouffroy et le gros du IIIe corps allemand font une rencontre meurtrière. Les combats sont nombreux dans la région. Au même moment, à Montoire, une partie de la colonne mobile de Curten rencontre la 20e division allemande. A Saint-Amand, la colonne mobile de Curten rencontre les troupes du prince de Mecklembourg. Seul ce combat sera gagné par les français.
Pour l’heure, c’est le combat d’Azé-Mazangé qui nous intéresse. La 2e brigade, sous les ordres du colonel Thiery, est constituée de différents régiments réunis sous ses ordres depuis la retraite d’Orléans (16e de ligne, 33e de marche, trois compagnies de discipline, 32e mobile, 4e bataillon des Bouches-du-Rhône, 66e mobile de Mayenne et un bataillon du 75e mobile du Lot-et-Garonne), avec trois pièces d’artillerie. Dès le 5 au soir, le 74e occupe le village d’Espéreuse et le 66e la forêt de Vendôme du côté de la ville. Le reste de la brigade, soit 2 000 hommes d’infanterie et trois pièces de canon, dont les caissons sont presque épuisés par les combats des jours précédents, prennent position vers le village d’Azé, pour défendre la route de Vendôme à Saint-Calais par Epuisay.
10 à 12 000 soldats prussiens, appuyés par une artillerie conséquente leur font face.
Azé est un petit village, situé au fond d’une vallée large de cinq à six cents mètres et arrosée par un petit ruisseau, le Boulon. La route de Vendôme à Epuisay traverse cette vallée sans passer par le village, mais par un groupe de maison appelé la Galette, à un km à droite d’Azé, rive droite du Boulon.
Le 6 janvier 1871, vers neuf heures et demie du matin, le canon et la fusillade se font entendre sur la droite, vers le Gué-du-Loir où se trouve la 1ère brigade. L’ennemi s’avance en force vers les troupes d’Azé. Le plateau qui domine la vallée du côté de Vendôme est garni de tirailleurs. Un autre bataillon est placé dans la forêt de Vendôme. Le village d’Azé est occupé par deux compagnies. Les compagnies de discipline, trois cents hommes, sont à la Galette et sur les hauteurs en arrière, pour défendre la route et le passage du pont. Le reste des troupes occupe les pentes et le plateau de la rive droite. Le combat s’engage vers dix heures et demie. Il ne cessera qu’à la nuit tombée.
La lutte est violente de part et d’autre. Les tirailleurs sont repoussés du plateau de la rive gauche, mais ne cède le terrain que pied à pied. Les trois cents hommes des compagnies de discipline bloquent les prussiens à la Galette. Mais l’ennemi réussit à franchir la vallée et à gravir les pentes opposées, bombardées par son artillerie. Arrivé sur le plateau, les prussiens se heurtent à la résistance des tirailleurs français, embusqués derrière les haies, les levées de terre et les fermes. Le colonel Thiéry réussit à reprendre le terrain et à faire reculer les prussiens qui doivent retraverser la vallée et remonter la pente opposée. Les compagnies de discipline qui n’avaient pas quitté la Galette, se retrouvent encerclées par les prussiens et font feu de tous les côtés.
Vers cinq heures du soir, la nuit est tombée. Le feu cesse des deux côtés et chacun gardant sa position, les postes avancés n’étant qu’à cent mètre, les hommes se préparent à passer la nuit. Mais, vers huit heures et demie, les troupes françaises reçoivent l’ordre de battre en retraite à Fortan, où elles arrivent à onze heures.
Sur le champ de bataille, les blessés et les morts jonchent le sol.
Ce n’est pas le premier combat que la petite commune subit. C’est le troisième depuis le début de la guerre. Le premier a eu lieu le 26 novembre, le second le 31 décembre. Le troisième est celui du 6 janvier.
Après chaque combat, les habitants ont relevé les blessés, et enterré les morts, français ou allemands. Le 11 janvier, trente-sept soldats français trouvés sur le champ de bataille sont inhumés dans le cimetière d’Azé. Les habitants sont venus en nombre assister à ces obsèques : neuf soldats du 33e de marche, 3 gardes mobiles du Puy-de-Dôme, 1 mobile de la Mayenne, 9 mobiles des Bouches-du-Rhône, 6 soldats des compagnies de discipline, 1 soldat du 32e de ligne, et 8 non identifiés. Ils rejoignent les quatre inhumés après les combats du 31 décembre, 1 mobile du Lot et 3 inconnus. Deux autres avaient été inhumé directement sur le champ de bataille. Quelques jours après cet enterrement, le corps d’un jeune mobile trouvé mort dans une grange les rejoindra.
Parmi eux se trouvent mes deux « W » : François Théodore Woesteland, du 33e régiment de Marche, et Antoine Wagner, des compagnies de discipline.
François Théodore Woestelandt, matricule au corps 10032, est soldat au 95e régiment de ligne, né le 13 mars 1837, à Morbecque, dans le Nord, fils de Pierre Augustin Woestelandt et de Rosalie Sophie Blondine Lasseure.
Antoine Wagner, matricule au corps n°851, est de la 3e compagnie de discipline. Je ne sais rien d’autre sur lui. Pour l’instant, impossible de savoir qui il est, d’où il vient. Il faudrait avoir accès aux listes de cette 3e compagnie de discipline, peut-être à Vincennes.
Ils ont été identifiés grâce à leurs livrets militaires trouvés près des corps, sur le champ de bataille, après avoir été dévalisés par les prussiens. Quarante-et-un autres livrets militaires ont été trouvés sur le champ de bataille, sans qu’ils puissent être rattachés aux morts non identifiés.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 26 novembre 2020