• Description

A Paris, pendant la nuit, vive fusillade dans la vallée de Cachan.

A Belfort, reconnaissance sur Sévenans. Le temps est horrible. Il tombe alternativement de la neige et de la pluie. A Mont, les

Sevenans

troupes souffrent.

La variole fait de nombreuses victimes. Les soldats couchent sans abri, sous des tempêtes de neige ou de pluie, dans la boue.

Cette boue rend la circulation difficile, les hommes n’ont que de mauvaises chaussures. La paille de couchage ne peut être renouvelée et ressemble vite à du fumier. Il est interdit d’allumer des feux, la nuit, pour se réchauffer, et les mauvaises vareuses dont ils sont revêtus sont mouillées.

Les hommes grelottent sous un vent froid et humide.

porte de bale

A Neuf-Brisach, à neuf heures du matin, la garnison quitte la place forte pas la porte de Bâle. Elle est la seule à avoir ses pont-levis intacts. L’ennemi lui rend les honneurs militaires.

A un commandement, d’un seul homme, tous les soldats jettent à terre leurs armes, si violemment que peu en sortent indemnes.

La garnison forme deux colonnes. Sur le trajet, les parents des mobiles sont là, espérant voir leurs fils, avoir des nouvelles, mais les uhlans les repoussent à coups de lance et du plat de leurs sabres. Une des colonnes de prisonniers traverse le fleuve sur des barques pour être parqués sur la place de Vieux-Brisach. Les derniers débarquent vers quatre heures. A cinq heures, la colonne se remet en marche, sans aucun arrêt, jusqu’à une heure du matin, qu’elle ait atteint, à Kenzingen, la station du chemin de fer badois. La deuxième colonne après avoir passé le Rhin arrive à une heure du matin à la station d’Emmendingen. Sous la neige et un vent glacial, les hommes sont entassés dans des wagons à charbon découverts, tellement serrés qu’ils ne peuvent ni s’assoir, ni se coucher. Pendant trois jours et trois nuits, sous la neige qui continue à tomber, le voyage va les mener en captivité.

Armée de la Loire, après une nuit de repos bien méritée, les troupes se mettent en marche vers dix heures. Les mobiles de la Sarthe

bricy

sont cantonnés au-dessus d’Orléans, à Bricy-Boulay. Le moral déchante vite. Le cantonnement est horrible.

Tout le pays a été dévasté par les bavarois. Il ne reste plus rien. Les habitants ont faim, alors ils n’ont rien à donner ou même vendre aux soldats. Ils doivent se contenter d’une cantine ambulante qui suit l’armée et vend à prix d’or des boissons frelatées.

Au camp, tous se racontent la bataille qu’ils viennent de gagner. Les exploits des uns et des autres les rendent fiers. Les mobiles de la Sarthe se sont illustrés au combat, comme les mobiles de la Dordogne, les Dordognots.

Le gouvernement de la défense nationale met à l’ordre du jour de l’armée, les deux régiments. Mais pour l’instant, ils sont aux avant-postes, dans le froid d’un hiver qui s’annonce glaciale. Ils attendent.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 11 novembre 2020