• Description

Paris : reconnaissance sur la maison Millaud, route d’Orléans, qui est occupée par les gardes mobiles. Sa défense s’organise. Quelques combats épisodiques ont lieu.

Un petit combat à lieu près de Maison-Blanche, entre les compagnies de la ligne des redoutes de la Boissière, Montreuil et Nosy,  un bataillon des mobiles du Nord, et l’ennemi. Ce dernier place deux pièces d’artilleries qui réussissent à tirer une dizaine de coups d’obus et de mitraille avant de se retirer.

Julien Hilaire Levrard, trente ans, natif de Saint-Gemmes-le-Robert, Mayenne, soldat au 95e de ligne, a le bras gauche fracturé par un coup de feu. Au même lieu, Désiré Renouf, trente-trois ans, natif de Sainte-Marie-du-Mont, Manche, du même régiment, reçoit une balle derrière le genou. Elle ne sera pas extraite.

A Metz, il ne reste plus que dix jours de vivres pour l’armée. Il pleut sans discontinuer et les civils meurent, jusqu’à dix-neuf chaque jour. Les chevaux aussi meurent, faute de nourriture, mille par jour.

A Tours, Gambetta est nommé ministre de la guerre et un ingénieur des mines est nommé son délégué. Cela se passera très mal avec l’armée.

Armée de la Loire : Le 15e corps a installé son quartier général à Orléans. Les prussiens, informés de ce fait, décident de marcher sur Orléans pour écraser cette armée, définitivement.  Le 9, ils sont à Angerville où ils installent leur propre quartier général. A part quelques escarmouches avec les francs-tireurs, rien ne les a arrêtés ou ralentis.

Le général de La Motterouge, qui commande le 15e corps, de retour de Tours dans la nuit du 8 au 9 , apprend l’avancée prussienne et donne l’ordre aux troupes cantonnées à Bourges et Vierzon, de faire marche sur Orléans, le plus vite possible, et à celles de Nevers, de le rejoindre. Cette précipitation n’est pas une bonne chose. Les soldats français arrivent épuisés, dans le désordre et sont dirigés, de la même manière sur Artenay. Une partie de l’artillerie est toujours en gare, sur les wagons qui l’a amenée.

Le général de La Motterouge a reçu l’ordre d’engager le combat. Il envoie le général Reyau sur Artenay, pour défendre la route d’Orléans, avec sept régiments de cavalerie, soutenus par le 12e régiment de mobiles de la Nièvre, un bataillon de tirailleurs, un bataillon de marche d’infanterie, un bataillon de la garde mobile du Cher, et plusieurs compagnies de chasseurs à Pied, ainsi que dix pièces de 8, soit dix à douze mille hommes, contre les quarante mille prussiens qui arrivent.

Les troupes sont placées sur la route en avant d’Artenay, et au nord. Le gros des troupes occupe la ville, ainsi que les villages d’Assas et Villechat. La division de cavalerie est à l’ouest de la route de Paris, sur les hauteurs de Poupry. Les avant-postes sont au nord, jusqu’à l’Auberge, sur la route de Paris, et à l’Est un peu au-delà du village de Villechat, à droite du chemin de fer.

10octobre

Le général Mauraudy, commandant les troupes de la forêt, se trouve, le 9, à Vrigny. Le 10, il est à Loury pour garder la route de Chilleurs. Il envoie deux de ses compagnies à Saint-Lyé. Ses ordres sont de tenir, coûte que coûte.

A six heures du matin, l’armée prussienne quitte Barmainville, sur la route de Paris. Le général von der Tann marche en tête. Arrivé à proximité de l’Auberge, il est accueilli par les tirs de l’avant-poste et met ses troupes en position de combat. La bataille d’Artenay peut commencer.

A dix heures, le général Reyau, en avant d’Artenay, se replie sur le gros des troupes. Celles qui sont à l’Auberge se retirent sur le village d’Assas. La fusillade fait rage. Les bavarois s’établissent, vers onze heures, en face des villages d’Assas et Villechat. Les français résistent une heure avant d’abandonner leurs positions et de battre en retraite vers Artenay.

Les prussiens ne sont pas pressés. Leur cavalerie n’est pas encore arrivée. Le général installe à h auteur d’Assas, sur la route de Paris, cinq batteries qui tirent bientôt, à feu nourri, sur Artenay et les dix pièces d’artilleries françaises installées au sud du village, quatre sur la route d’Orléans et six à hauteur du château d’Auvilliers.

La cavalerie prussienne arrive à deux heures de l’après-midi, depuis Pithiviers. Elle s’installe au sud de la ferme du Bouchet et son artillerie aussitôt mise en batterie tire sur les troupes françaises de la Maison Brûlée.

Une autre division de cavalerie prussienne arrive en même temps qu’une brigade de cuirassiers bavarois et ils se rassemblent à Ouvans, menaçant le flanc gauche français. Les batteries prussiennes commencent à pilonner le château d’Auvilliers.

Vers trois heures de l’après-midi, quinze batteries prussiennes lancent leurs obus sur Artenay, le hameau d’Autroches et le château d’Auvilliers.

Le combat va continuer au corps à corps. Les troupes françaises qui reculent, tentent de conserver le village d’Artenay. La Maison Brûlée est prise d’assaut par les prussiens ainsi que la ferme de la Grange. L’artillerie française soutient la retraite des troupes mais se retrouve vite en difficulté, n’ayant pas de troupe de soutien. Les batteries mobiles prussiennes sont rapides, trop rapides pour l’artillerie française qui tente de se dégager tout en protégeant la retraite des troupes. Elle perd trois canons. L’armée française perd huit cents hommes, hors de combat et sept cents faits prisonniers.

Au 4e bataillon de chasseurs à pied, le capitaine François Eugène Olry est blessé au bras gauche par un coup de feu, le lieutenant Emile Michon reçoit une balle qui lui traverse l’épaule droite, et le sous-lieutenant Paul Marie Martial Terris du 4e bataillon de marche, est blessé par balle à la cuisse gauche. Aristide Mancel Baptiste, soldat au 9e chasseurs à pieds reçoit un coup de feu en pleine face et perd une partie de sa mâchoire et six dents. Alphonse Burgard, vingt-huit ans, de Laval, soldat au 4e chasseurs à pied a le fémur droit fracture par balle. Il souffrira d’un raccourcissement de douze centimètres de sa jambe. Le caporal Martial Daniel, quarante-six ans, natif de Tulle, Corrèze, du 9e chasseurs à pied, souffre de plaies en séton aux deux cuisses, le scrotum traversé, par un coup de feu.

Les sous-lieutenants AL Matra et Abdel Kader Ben Sabeur, au régiment de marche de tirailleur algériens sont également blessés et décèdent dans les semaines qui suivent. Abderzek ben Messaoud, soldat au 3e tirailleurs algériens a le radius gauche fracturé d’un coup de sabre. Amar ben el Fodhil, du même régiment est blessé au bras gauche par coup de feu. Le sergent major Charles Doucet, du 1er tirailleurs algériens a l’humérus droit fracturé par un éclat d’obus.

Le lieutenant Jean Frédéric Emile Escher, du 2e régiment de lanciers a son cheval tué sous lui lors des combats. Il reçoit deux éclats d’obus à la face et à la cuisse droite. Le lieutenant Léon Gabriel Coffinières de Nordeck, du 10e régiment d’artillerie est blessé. Il est atteint par un éclat d’obus au bras gauche qui doit être amputé et par une balle à la jambe.

Au 12e régiment provisoire, les gardes nationaux mobiles de la Nièvre, le lieutenant EEE de Couvelaire de Rougeville est tué. Les capitaines Charles François Amédée de Noury est blessé d’un coup de feu à la tête, Edme Amand Henry Chartenet reçoit un éclat d’obus au bras droit, et ChJ de Saint- Vallier sont blessés.

Le garde mobile Jean Millot, vingt-deux ans, natif d’Arleuf, doit être amputé du bras droit après une fracture par éclat d’obus. Malgré les efforts des médecins pour sauver son bras, ils doivent l’amputer le 8 novembre. Le garde mobile Jean Boiteux perd l’usage de sa main gauche après une fracture de son bras par coup de feu. Joseph Boucé, vingt-quatre ans, natif de Monsauche, garde mobile a le fémur droit fracturé par coup de feu. Il en perd six centimètres.

Olivier Crenn, vingt-huit ans, natif de Plouvorn, Finistère, soldat au 16e de ligne perd l’usage de sa main gauche après une fracture comminutive du bras par éclat d’obus.

Les troupes françaises se réfugient dans la forêt.

A Orléans, c’est la panique. Les curieux qui se sont approchés d'Artenay pour voir le "spectable" revienent avec des nouvelles alarmantes. Le général de La Motterouge et le préfet réussissent tant bien que mal à calmer la population, annonçant l’arrivée de nouvelles troupes pour protéger Orléans.

Au soir du 10 octobres, l’ennemi occupe Artenay et les villages voisins, Dambron, Tivernon, Sougy, Patay et Aschères-le-Marché.

Le combat d’Artenay est terminé. Demain, ce sera le combat d’Orléans.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 10 octobre 2020