• Description

A Paris, manifestation à l’hôtel de ville pour demander la proclamation de la commune. La garde nationale fait évacuer la place et cesser la manifestation.

Des reconnaissances ont lieu sur la Malmaison par Nanterre et Rueil, dans la plaine de Gennevilliers avec fusillade d’une rive à l’autre de la Seine entre Bezons et Argenteuil. Deux morts et onze blessés chez les français.

Une reconnaissance à lieu sur Bondy.

En Eure-et-Loir :

8octobre

Le 8 octobre, les prussiens arrivent à Grandville-Gaudreville. Ils sont déjà apparus la veille. Le maire, Guyon et un conseiller municipal, Lecompte, sont arrêtés. Maltraités, menacés d’être fusillés à plusieurs reprises, le maire réussit à s’échapper au bout de quatre jours. Lecompte n’y parviendra pas. Il est emmené prisonnier en Prusse où il va rester jusqu’au 7 mars 1871.

A Coltainville, à trois heures du soir, deux hommes de la commune sont massacrés par les prussiens. Un troisième est grièvement blessé. Il en restera invalide. Il ne doit la vie sauve qu’à la proximité d’un bois où il se réfugie. Les deux autres, une fois tué, seront mutilés et défigurés par les prussiens.

A la Chapelle-d’Aunainville, cinq francs-tireurs de la Seine sont tués par les prussiens, mais aucun acte de décès n’est dressé.

vers 7h30 du soir, un escadron de hussards formant l’avant-garde d’un corps d’armée, arrive à Ablis.  Une heure plus tard, une compagnie d’infanterie bavaroise venant de Rambouillet arrive à son tour. Ils doivent tous être logés chez les habitants. Dans le même temps, ils construisent des barricades pour défendre l’entrée du village sur les deux routes qui se croisent au centre mais omettent d’installer des avant-postes. A minuit, ce sont cent cinquante cavaliers, cent vingt fantassins et trente artilleurs qui se trouvent dans Ablis.

8octobre-2

Une partie de l’escadron de cavalerie est envoyé loger chez un fermier, Albert Thirouin. A leur arrivée, Albert se trouve sur le départ. Il a mis son troupeau de vaches en sécurité chez son beau-frère, en Beauce, et le fait revenir. Préférant ne pas laisser sa ferme aux seules mains des prussiens, il envoie à sa place son garçon de cour, Michel et un de ses ouvriers, Peschot, muni d’un mot pour le maire d’Auneau. Au moment où ce dernier reçoit la lettre, l’informant de la présence d’un fort contingent prussien à Ablis, il est en train de distribuer des vivres à vingt francs-tireurs. Aussitôt, leur caporal part pour Denonville où sont les 1ère et 7e compagnies du 2e bataillon des francs-tireurs de la Seine, sous les ordres de Lipowski et de La Cécilia. A trois heures du matin, le 8 octobre, 180 francs-tireurs partent pour attaquer les prussiens à Ablis.

A cinq heures du matin, l’attaque commence simultanément aux portes d’Orléans et de Chartres. Surpris en plein sommeil, les allemands n’ont pas le temps de se défendre. Ceux qui n’ont pas été tués, blessés ou faits prisonniers, ont pris la fuite.

Les habitants d’Ablis n’ont pris aucune part au combat, mais en sont les victimes, doublement.

Bée, père de six enfants, sorti pour mettre sa voisine âgée en sécurité, est tué par la balle d’un franc-tireur qui a ricoché sur la pierre de sa porte.

Les francs-tireurs perdent un homme, tué et quatre blessés. Les prussiens ont deux tués, quatre blessés et soixante-huit prisonniers. Cent-cinq chevaux sont capturés, et 20 000 francs d’armes et de matériel sont saisis. A six heures et demie, les francs-tireurs sont partis.

Malheureusement pour les habitants d’Ablis, les cavaliers prussiens formaient l’avant-garde d’un corps d’armée allemand se dirigeant sur Orléans. Les fuyards arrivent au-devant de ce corps d’armée qui arrivent très vite dans Ablis. Huit à dix mille hommes de troupes, de toutes armes, entrent dans la commune. Une partie de la cavalerie est envoyée à la poursuite des francs-tireurs. Les autres entrent dans la ville.

Les habitants, qui se sont réfugiés chez eux, sont sortis de force de leurs maisons. Le médecin, M. Bétis, qui se rend à l’ambulance est conduit chez le maire, puis, avec ce dernier, à la laiterie où les prussiens ont installé un poste. Deux conseillers municipaux, Barbier et Lancelin, les ambulanciers et quelques habitants sont consignés à l’ambulance, sous bonne garde.

Les soldats enfoncent les portes, saisissent les hommes et les trainent par groupes de douze ou quinze, dans les bois des Faures. Là, un peloton de cavalerie se place devant eux, à vingt pas, prêts à les fusiller. Pendant ce temps, a lieu le pillage systématique des maisons.

Il est onze heures et demie du matin, soit six heures après l’attaque. Le conseiller municipal Marcille est ramené du bois des Faures et conduit, avec le maire, M. Bailly, à la mairie. Ils reçoivent l’ordre de donner 5 000 francs, douze vaches et tout le sucre et le café du village, sans quoi, d’ici deux heures, le village sera incendié.

Au bout des deux heures, l’argent est réuni et donné aux prussiens. Le pillage en règle de toutes les maisons a été fait. Le maire, pendant tout ce temps, est maltraité, trainé de rue en rue, frappé. Comme il n’y a plus d’avoine dans les greniers, les allemands obligent les habitants à le battre, dans plusieurs fermes.

Tous les hommes sont enfin libérés vers deux heures, mais ils sont prévenus qu’ils n’ont qu’une heure pour évacuer leurs maisons. Malgré les promesses et l’argent donné, à trois heures, les prussiens incendient toute la ville, à la torche, au pétrole. Rien ne va leur échapper, pas même l’ambulance. Tous les hommes sont emmenés sur la route de Rambouillet. Vingt-deux d’entre eux sont emmenés prisonniers entre deux haies de bavarois, et prennent la route du Mesnil-Saint-Denis. Ils seront libérés, après de nombreuses transactions, quelques jours plus tard. Il s’agit de Louis Athanase Barbier, Louis Loise, Desilve, Meslot, Haracque, Labiche, Pierre Mauguin, Dumont, Louis Roter, Charles Gagé, Ducoré, Alexandre Lefèvre, Denis André, Terral, Duclos, Venderéden, Lasselin, Jules Sauciers, Moreau, Prevoteau, Chapeller et un non-identifié.

Au total cinq habitants trouvent la mort ce 8 octobre. Alcide Goué, Mauguin-Rivière et Emmanuel Chartrain, habitants de Prunay qui se trouvent à Ablis ce matin-là, sont tués en regagnant leur village. Alcide Goué n’est pas mort sur le coup. Alors qu’ils emmènent les otages à Rambouillet, les prussiens passent près des corps des trois hommes fusiller. Se rendant compte qu’il est encore vivant, un cavalier l’achève d’une balle dans la tête. Un ouvrier, Poinot, père de famille, est tué d’un coup de feu au milieu du village, par un hussard. Son corps restera dans la rue toute la journée. Victor Foubert, franc-tireur de trente ans, est fusillé à l’entrée du village, contre la grille du jardin de M. Marcille.

Le maire de Prunay-sous-Ablis, M. Noguette, alerté par une femme du village, se rend, sur la route de Chartres, où un homme mourant git dans un fossé, fusillé par les prussiens. Accompagné de Honoré Lesieur, il trouve un jeune homme, Félicien Hardouin, vingt-cinq ans, gisant dans son sang, les reins traversés par deux balles. Il est encore vivant. Il habite la Celle-les-Bordes et revenait de Mamers où il a mis sa femme à l’abris et retournait chez lui lorsqu’il a croisé la route des prussiens. Confié aux soins du docteur Lalaisse, de Gallardon, il mourra le soir-même, dans d’atroces souffrances. La commune de Prunay-sous-Ablis va recueillir les habitants d’Ablis, qui ont tout perdu. Soixante-quatre maisons ont été complètement détruites, trente-quatre sont gravement détériorées.

Mais c’est la guerre. L’action des francs-tireurs et l’incendie de la ville ralentissent la marche du corps d’armée et retardent de treize jours l’occupation de Chartres.

Alors qu’Ablis est en feu, cent soixante quinze hussards bleus arrivent au Gué-de-Longroi qu’ils occupent. Ils y établissent un camp retranché de cent hommes, à l’Est de la vallée, sur le plateau d’Essars, et un autre camp avance de vingt-cinq hommes, à l’ouest vers Chartres. Le maire est maltraité en rentrant des champs et reçoit deux coups de sabre. Les prussiens envahissent Saint-Symphorien.

Orléans, l’ennemi tente de s’emparer de la ville.

Tours : les zouaves pontificaux du colonel de Charrette arrivent à Tours et prennent officiellement le nom de volontaires de l’Ouest. Ils partiront le lendemain pour Fontainebleau.

A Metz, le mauvais temps sape le moral et la santé des soldats français. Faute de fourrage, les chevaux mangent les feuilles, les écorces des arbres et les sarments de vigne.

Dans les Vosges, en représailles, les prussiens mettent le feu aux dix principales maisons de la Bourgonce.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 8 octobre 2020