• Description

Paris, les habitants alentours commencent à se réfugier dans l’enceinte. Le piège se referme sur eux.

Choisy le roi

La flottille est en place. Deux bâtiments restés à Saint-Cloud protègent la ville et deux batteries flottantes et deux canonnières protègent les ponts de bateaux établis sur la Seine.

Des combats entre Bonneuil et Choisy-le-Roi font six morts et trente-huit blessés chez les français, cinquante-huit morts et quatre cent quarante-deux blessés chez les prussiens.

Jean Haumesser, vingt-neuf ans, natif de Colmar, lieutenant de la garde nationale de la Seine, est blessé au fémur gauche, fracturé, par un coup de feu.

A Metz, l’annonce officielle du désastre de Sedan et de la révolution du 4 septembre arrive enfin.

A Mouzon, l’ambulance de la presse française envoie 125 blessés en Belgique. Les treize voitures de réquisition qui les emmènent sont conduites par les membres de l’ambulance. Une colonne de 244 blessés en état de marché est partie le 13 septembre pour Mezières. Le 15, 140 blessés ont été transportés à Bouillon, à bord de voitures belges. Il ne reste plus que 150 blessés, dont la plupart sont intransportables. Un grand nombre de soldats, plus légèrement atteints, sont partis, par leurs propres moyens, pour la Belgique, évitant ainsi la captivité. 

Les membres de l’ambulance veulent repartir. Une section de la neuvième ambulance, sur place, sous la direction du docteur Bourdeillette, prendra en charge les blessés encore à l’hôpital. Les autres seront confiés à une ambulance belge, dirigée par la comtesse de Méeus.

Une fois le sort de ses blessés réglé, l’ambulance de la presse française part pour Bruxelles, pour s’y ravitailler.

De là, où aller ? Ils ont entendu parler d’une armée de la Loire qui serait en formation. Mais où ? Ils partent pour Lille, puis Rouen, mais personne ne sait quoique ce soit de cette supposée armée de la Loire.

En désespoir de cause, ils partent pour les environs de Paris, porter secours aux blessés français restés en les mains des prussiens, après les quelques sorties malheureuses de assiégés. Arrivés le 27 à Mantes, ils sont envoyés à Versailles. Mais leur travail est compliqué. Pour les prussiens, ils sont prisonniers, puis libérés mais ne peuvent aller où ils veulent. L’ambulance va être retenue à Mantes jusqu’au 5 octobre, date à laquelle ils réussissent à s’échapper et rejoindre Rouen.

L’écho de la création d’une armée de la Loire est toujours présent. Cette fois, pour en savoir plus, l’ambulance part pour le Mans. Arrivée là, le docteur Marc Sée, chirurgien en chef, part pour Tours. Il y a bien une armée de la Loire et elle commence à s’organiser. On leur affecte de s’installer près d’un corps de 20 000 hommes près de Tours, mais, de retour au Mans pour organiser leur transfert, le docteur Sée apprend que toutes les ambulances de la société de secours aux blessés ont été licenciées. La mort dans l’âme, ils rendent leur matériel au comité de Tours, avec un rapport sommaire de leur campagne et un état nominatif des blessés qu’ils ont soigné.  Puis ils repartent, chacun de leur côté.

Ambulance-presse-française

L'ambulance de la presse française a vécu. Au total elle aura secouru 1200 blessés, en grande partie de la bataille de Mouzon, mais également le long de cette route interminable qu'ils ont du prendre, blessés français, blessés prussiens.

De retour à Lille, Marc Sée, au nom d’un comité international formé à Roubaix, va être mis à la tête d’une ambulance crée au profit des mobiles de Roubaix. Il va s’adjoindre les jeunes médecins et élèves revenus de Metz. Ils sont déjà formés au travail qui les attend, aux combats de l’armée du Nord.

Pour anecdote, l'entente n'était pas très cordiale entre les membres de l'ambulance, surtout entre le docteur Marc Sée et l'aumônier Domenech. Mais lisez plutôt ce qu'ils ont écrit l'un sur l'autre :

« Je dois rentre hommage à M. l’abbé Loizelier et à M. le pasteur Espérandieu, je les ai trouvés dans toutes les circonstances à la hauteur de la mission de charité qu’ils s’étaient imposée. Malheureusement, à ces hommes si respectables, on avait adjoint un certain abbé Domenech, espèce d’aventurier, retour du Mexique, bâti pour tout autre chose que le sacerdoce, et dont ni le physique ni les allures n’étaient de nature à édifier notre personnel. Il resta cependant à notre charge jusqu’à la fin, sans nous rendre le moindre service » - Marc Sée.

« M. Marc Sée appartient à l’une des douze tribus d’Israël, j’ignore laquelle, il occupe à Paris dans le corps chirurgical, une situation qu’il parait devoir autant à des circonstances indépendantes de ses talents professionnels qu’à ses propres mérites : le nom qu’il porte rendu célèbre par le docteur Sée, son cousin, n’est peut-être pas étranger à sa réputation. D’une sensibilité féminine, dénotant un cœur excessivement bon, notre chirurgien en chef s’émotionnait facilement en présence du bruit et des horreurs de la guerre : j’ai vu ses yeux se mouiller de larmes quand, après Sedan, nous rencontrions nos prisonniers conduits en Allemagne par des Prussiens qui les maltraitaient. Indécis, flasque et faible, M. Sée ne se décidait jamais à prendre une résolution sans qu’il y fût forcé par une volonté plus énergique que la sienne : par bonté, manque de caractère, indécision, il favorisait l’insolence des infirmiers sur lesquels nos chirurgiens finirent par n’avoir aucune action. N’aimant pas les Prussiens et craignant les obus comme les Normands les craignaient, il s’annulait complétement dès que nous nous trouvions dans un district envahi par les casques pointus. Il était difficile de faire un choix plus malheureux pour diriger une grande ambulance. » Emmanuel Domenech

Visiblement, ces deux hommes ne s'estimaient pas beaucoup, mais cela n'a pas empêché l'ambulance de fonctionner et de sauver bien des vies.

Autre fait remarquable de cette ambulance, est la présence de Auguste André Lançon qui va laisser, de cette guerre, une série de tableau très réalistes.

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Auguste-André Lançon (1836-1887) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France
Toutes les informations de la Bibliothèque Nationale de France sur : Auguste-André Lançon (1836-1887)

https://data.bnf.fr

 

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 16 septembre 2020