A Metz, le siège fait des ravages. 14 617 blessés et malades s’entassent dans les ambulances, dont 391 officiers.
Il ne reste plus que quatre à cinq milles prussiens à Sedan. L’armistice conclut avec le général commandant la place de Mézières pour l’évacuation des blessés s’achève. Mézères est prête à se battre.
Le gouverneur de Paris passe les troupes en revue. La garde mobile forme quatre divisions et à la demande de l’intendant général Wolf, la société de secours aux blessés organise et affecte des ambulances à chacune de ces divisions : le docteur Magdelain est envoyé à Villejuif rejoindre la 1ère division, le docteur Wollaston rejoint la 2e à Courbevoie, le docteur Weissenthanner rejoint la 3e à Ivry et le docteur Estachy rejoint la 4e à Montrouge. Quatre-vingt-dix bataillons de gardes mobiles sont là, mais cela ne suffit pas pour constituer une armée. Ils ne sont pas disciplinés, et manquent de cohésion. A cela s’ajoute le manque d’équipement, il n’y a pas assez de chaussures. Beaucoup de gardes sont en sabots, habillés de simples blouses de toile.
Le 13 septembre, le préfet de police fait publier, dans le journal officiel, l’interdiction, à compter du 15 septembre, six heures du matin, de sortir ou entrer dans Paris sans permis de circulation délivré par le ministre de l’intérieur. Pour éviter que l’ennemi n’entre dans Paris par le sous-sol, il fait murer les souterrains qui communiquent avec les catacombes. Les agents chargés de leur surveillance sont armés.
Le 2e régiment de Uhlans vient de traverser Provins et se dirige vers Nangis, Courtevrouse ou Vieux-Champagne.
L’ennemi se rapproche de Paris.
A Bitche, la population alentour regarde, impuissante, depuis les hauteurs, le spectacle terrifiant des obus incendiaires lancés sur la ville et la place forte.
Bitche est en feu.
Le maire supplie le commandant de la place de demander au prussien l’évacuation des civils. Ce n’est pas la première demande. Celle-ci recevra, de la part des officiers prussiens, la même réponse. Le parlementaire envoyé par le commandant Teyssier est à peine de retour, que les bombardements reprennent.
Le maire demande alors l’autorisation au commandant, de laisser sortir tous les civils qui le veulent, à leurs risques et périls. Peut-être, au milieu de ce chaos et des ruines laissées par les obus, certains réussiront-ils à passer.
C’est une demande désespérée à laquelle le commandant cède. La ville n’est plus qu’une fournaise. Une partie de la population se précipite vers les portes. Parmi elle se trouve le maire, des notables, plusieurs prêtres. La foule sort de Bitche et se précipite vers la campagne, exposée au feu des avant-postes bavarois.
Miraculeusement, les soldats ne tirent pas. Ce ne sont que des femmes et des vieillards terrifiés qui se précipitent sur eux, sans arme. Contrairement aux ordres de leurs officiers, ils les laissent passer. D’une population de 2700 habitants, près des deux tiers fuient. Il ne reste plus qu’un millier de personnes, probablement trop terrifiées pour sortir, dont 269 hommes, ne comptant que 119 valides. Le maire ayant fuit la commune et ses administrés restant, le commandant Teyssier constitue une commission municipale dont la présidence est confiée à M. Lamberton, un vieillard énergique qui a la confiance de tous. Il sera épaulé par Maurer, le principal clerc de notaire. Quant à l’aspect religieux, il est dévolu à l’abbé Guépratte, directeur de l’institution-collège de Bitche, transformée en ambulance.
Ainsi, le commandant Teyssier pour le fort et M. Lamberton pour la ville, vont tenir, sous le déluge des obus incendiaires et résister, encore.
Une extraordinaire complicité et solidarité va naître entre les militaires et les civils. Plus de deux cents civils vont trouver refuge dans les souterrains des bâtiments militaires, les plus pauvres. A plusieurs reprises, des militaires vont risquer leur vie pour sauver des civils prisonniers des flammes. Le sergent Lour, du 61e de ligne va traverser un bâtiment en feu pour en sortir un malade de la variole, incapable de bouger. Le soldat Roumaux du 14e d’artillerie va sortir d’une maison en flamme, une femme qui vient juste d’accoucher et auquel le mari, blessé ne peut porter secours. Et les civils ne sont pas en reste. Le boulanger Pierné va sortir deux familles de leur cave, bloquées par les décombres de leurs maisons. Tout le monde prend sa part dans cette résistance hors norme.
Le docteur Calvet, vieillard de soixante-quatorze ans, ancien médecin militaire, reprend du service dans le fort. C’est de là qu’il verra sa maison bruler.
Civils et militaires sont unis face à l’enfer dans lequel l’armée prussienne les précipite. Et Bitche résiste.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 13 septembre 2020