• Description

Le 12 septembre 1870, à Paris, on se prépare à subir un siège. Les approches des forts sont nivelées. Des maisons et des arbres, dans la zone militaire, sont abattus pour dégager la vue des défenseurs et empêcher les ennemis de s’y cacher. Les forts sont reliés entre eux par des tranchées et des travaux de défense, depuis le canal de l’Ourcq jusqu’au fort de Nogent.

A Soissons, les 4 000 soldats de ligne et de la garde mobile s’attendent à subir un siège.

L’ennemi continue sa route et arrive à Nogent-sur-Seine.

Asfeld-Sedan

A Sedan, les ambulances tournent à plein régime.

A l’ambulance anglo-américaine installée caserne d’Asfeld, le docteur Mac Cormac considère que l’hygiène est la chose plus importante dans un hôpital. Il faut ventiler les salles, écarter les patients les uns des autres, avec un minimum d’espace vital.

Malheureusement, l’afflux de blessés vient contrarier cette nécessité. Entre le 9 et le 11 septembre, plusieurs ambulances leur envoient des blessés graves, cent deux, en plus de ceux qu’ils ont déjà. Impossible de garder les patients éloignés les uns des autres et la pourriture d’hôpital arrive.

Pour s’en prémunir, le docteur Marion Sims, de l’ambulance anglo-américaine, demande aux autorités, autorités prussiennes dorénavant, l’autorisation de monter six tentes autour de l’ambulance, pour y accueillir les cas de gangrène, érysipèle et autres.

L’autorisation arrive très vite, et, à la surprise du docteur, ce ne sont pas six tentes mais trente-six qui sont dressées. Il reçoit l’ordre d’y mettre autant de blessés que possible de leur ambulance ? Pourquoi ? Ce n’est pas ce qui était prévu.

Les prussiens ont une autre idée en tête, lorsqu’ils donnent leur autorisation.

Alors que le docteur Mac Cormac, suivant les règles d’hygiène anglo-saxonne, installe les blessés dans les tentes, quatre malades par tente de huit, entourées chacune d’une petite tranchée, contre l’humidité, il est prévenu qu’un nouveau convoi arrive.

Les prussiens ont réquisitionné l’ambulance du collège pour leurs propres blessés. Dès lors, les cent-cinquante-six blessés et malades français sont transférés à l’ambulance anglo-américaine.

Malgré leurs protestations, en moins de deux heures, les malades sont transférés, sous une pluie battante et des rafales de vent. Les couvertures qui les couvrent sont trempées. Vont se retrouver ainsi mélangés, malades et blessés, avec le spectre de la contamination et de la pourriture d’hôpital.

Loin de soulager et faciliter le travail des soignants, ils se retrouvent avec plus de patients. Aucun n’est convalescent. Il y a même deux cas de tétanos. L’un d’eux décède le premier jour. Deux le second et d’autres encore les jours suivants. Cent cinq des nouveaux arrivés sont atteints de blessures graves nécessitant une opération et les autres sont atteints de fièvre et de dysenterie.

Très vite, le résultat de cette affluence commence à se faire sentir chez les autres malades de la caserne et, également, chez les soignants. Seul le docteur Sims résiste à cette contagion.

Parmi ces nouveaux arrivant se trouve le maréchal des logis Louis Henry Hyacinthe Gallerand, du 7e d’artillerie. Agé de vingt-neuf ans,

Gallerand-1

natif de Masles, dans l’Orne, il a été blessé le 1er septembre lors de la bataille de Sedan, à deux reprises.

Le matin, il a reçu une balle à la fesse droite et le soir, un éclat d’obus à l’épaule gauche. L’éclat est entré, un peu en arrière de l’articulation scapulo-humérale gauche et a brisé la tête de l’humérus pour ressortir devant.

Soigné dans une autre ambulance, il arrive à Asfeld le 12 septembre. Deux jours plus tard, le docteur Mac Cormac l’opère. Il lui enlève la tête de l’os. Jusqu’au 29, le malade va bien. A partir de là, il est atteint par le mal des hôpitaux surchargés, la pyémie. Heureusement pour lui, et contrairement à beaucoup, il va guérir et quittera l’hôpital le 6 octobre. Il est pensionné à partir du 26 septembre 1871, pour perte de l’usage d’un bras, médaillé militaire et chevalier de la légion d’honneur, à compter du 19 novembre 1871. Il décèdera le 13 juillet 1890, à l’âge de quarante-neuf ans.

Tous ne survivront pas aux infections. A partir du 12 septembre, la mortalité, dans l’ambulance, augmente. Trente-six cas de mort par infection sont avérés.

La science avance, malheureusement, grâce aux guerres. Les observations faîtes par les médecins anglais, sur les infections et leurs propagations vont permettre de faire évoluer la médecine. Du moins en Angleterre. Avec deux groupes distincts, malades déjà dans l’ambulance, malades arrivés le 12, l’étude de l’évolution des infections dans les deux groupes, va donner lieu à des publications qui seront utiles, pour l’avenir. Dommage qu’il ait fallu une guerre pour cela.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 12 septembre 2020