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Alors que l’infanterie de marine écrit une de ses pages héroïques à Bazeilles, le reste de l’armée combat à Sedan et autour. 120 000 français vont affronter 190 000 prussiens sur les territoires de Givonne, Floing, Illy, Lamoncelle, Daigny, la Chapelle, dans une bataille qui gardera le nom de bataille de Sedan.

Vers 7 heures du matin, le 1er septembre, le maréchal de Mac Mahon est grièvement blessé par un éclat d’obus, et doit céder son commandement. Ce sera le début de la fin.

Les ambulances de la société de secours aux blessés sont là : les ambulances n°2. 3. 5. 6. 7. 10 et 11. Elles se positionnent en divers points. L’ambulance n°9, partie la veille de Paris, n’atteindra Sedan que le 10 septembre, après avoir rencontré nombres d’obstacles sur leur route. Elle s’installera à Fond de Givonne, prenant la suite des médecins militaires qui doivent repartir. La 10e ambulance partira de Paris le jour-même que la bataille de Sedan.

L’ambulance n°5 s’établit à la Ramaurie, à trois kilomètres. Elle va y soigner 160 français et 9 prussiens.

Tous les prussiens, qui vont subir une amputation, vont décéder, de même que vingt-cinq français.

L’ambulance anglo-américaine n’est pas complète. Le docteur Franck, séparé de ses compagnons, a établi une ambulance à Bazeilles et Balan. Il sera impossible aux autres soignants de le rejoindre, et il va rester seul, pendant toute la bataille de Sedan, travaillant sans interruption jusqu’à trois heures du matin, le 2 septembre, entre ligatures pour stopper les hémorrhagies, amputations et extraction de projectiles divers, s’occupant de près de deux cents blessés. Confronté au terrible choix, il ne peut opérer que ceux qu’il a une chance de sauver, et doit laisser les autres avec de simples pansements. Il est épaulé par les filles du maître d’école de Balan. Les derniers blessés arrivent à une heure du matin, le 2 septembre.

Le docteur Blewit arrive le lendemain, pour faire les pansements de 130 blessés qui attendent encore et deux amputations urgentes.

L’ambulance de la presse française, pour sa part, envoie une partie de son équipe à Sedan. La traversée du champ de bataille est horrible à voir. Les cadavres des soldats et des chevaux jonchent le champ de bataille. Des milliers de fourgons, voitures de train, charrettes de réquisition, cantines d’officiers, caisson d’artillerie, armes de toutes sortes, casques, havresacs, bidons, lits de campement, gibernes et autre effets militaires, cassés, brisés, ouverts, sont éparpillés partout. Des milliers de lettres, registres, livrets et papiers militaires sont répandus sur près de deux kilomètres.

Les poches des cadavres ont été vidées par les allemands, leurs chaussures et leurs effets arrachés aux corps des malheureux soldats, français comme prussiens.

A mesure que l’ambulance approche de Bazeilles, petite ville riche de mille métiers du drap, de fouleries et de forges, avant-guerre, ils voient des files de prisonniers en tête desquels marchent douze habitants de Bazeilles, dont une femme. Les civils vont être fusillés. A midi, un autre groupe, comprenant six femmes sera également fusillé. Au coin d’une rue, un troisième groupe de cinq femmes git-là, les mains liées, fusillées. De la florissante petite ville, il ne reste plus rien Les maisons, les usines, la mairie, l’église, tout a été systématiquement incendié. C’est arrivés là que les membres de l’ambulance apprennent la reddition de l’armée française et de l’empereur.

Que reste-t-il de cette journée ? De brillants faits d’arme, comme celui de l’infanterie de marine à Bazeilles, des combats désespérés, une absence de commandement, un ouragan d’obus, de mitraille et de balles, le sacrifice des cuirassiers et des chasseurs qui chargent l’ennemi, pour rien.

Il reste de cette journée, dans les livres d’histoire, la capitulation, lorsque le drapeau blanc est placé aux portes de la ville, et l’empereur, fait prisonnier avec toute son armée : 83 000 hommes dont 4 000 officiers.

Au moins 3 000 hommes vont réussir à éviter la captivité en passant par la Belgique.

Sur les 942 officiers et 29 827 hommes de troupe du 1er corps d’armée, 248 officiers et 10 737 soldats sont tués ou blessés.

12 000 blessés français sont à Sedan et dans les environs.

L’armée prisonnière est envoyée au camp de Glaires, qui sera rebaptisé camp de la misère.

painting-Dead-Battle-of-Sedan-Franco-Prussian-War

Mais est-ce fini ? La France est-elle prête à se rendre, comme son empereur ? Les régiments qui sont mobilisés dans les départements, les gardes mobiles, les places-fortes assiégées, les officiers et soldats qui ont réussi à s’enfuir avant d’être capturés et envoyés en Allemagne, sont-ils prêts à cesser le combat ?

Non, par encore.

L’empire est moribond, voire déjà mort. Pas la France.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 1 septembre 2020