Eugène Louis Housset a vingt-et-un ans, lorsqu'il s'engage volontairement, pour le service militaire. Que fuyait-il ? Quelles aventures croyait-il vivre ? en s'engageant pour sept longues années.
Le fait est que, le 5 mai 1862, il part pour le 30e régiment d'infanterie de ligne. Au bout d'un an, il en a déjà assez. Il manque à l'appel le 18 février 1863.Il était entré à l'hôpital du Gros Caillou le 15 juillet 1862, évacué le 22 vers celui de Vincennes. Le 19 août, il avait eu droit à six mois de congé chez lui, à Morée. Entré à l'hôpital de Blois le 20 août, sorti le 26, entré à celui de Bourges le 13 septembre et sorti le 18 novembre, il n'a fait que passer à Morée.
Il est arrêté au Blanc (Indre) le 17 mai 1864 et amené au corps sous escorte de la gendarmerie, il réintègre son régiment le 8 juillet 1864. Un an de cavale : qu'a-t-il fait durant cette période ? Où s'est-il caché ? Il est condamné, le 2 septembre, par le premier conseil de guerre permanent à la peine de trois ans de prison, pour désertion à l'intérieur. Le 12 août 1866, une décision impériale le gracie du reste de sa peine et le 23, il intègre le 51e régiment d'infanterie de ligne, comme fusilier.
Rebelote, il manque à l'appel le 21 décembre 1866 en s'évadant de l'hôpital de Voiron (Isère). Il est arrêté par la police de Bourges le 25 janvier 1867 (cette fois, son escapade a duré moins longtemps que la première), il est écroué à la prison de Nantes le 15 février, jugé le même jour et condamné le 13 mars 1867 par le conseil de guerre permanent à trois ans de prison pour désertion en temps de paix. Le 25 février 1869, il obtient une remise de huit mois sur la totalité de sa peine. Il est alors incorporé au 2e régiment d'infanterie de ligne, à l'expiration de sa peine. Le décompte de son service donne six ans et vingt-sept jours. S'il avait fait son temps, il aurait été libéré le 5 mai 1869 mais là, avec ses bêtises, il n'est plus libérable avant le 1er juin 1875.
C'est trop long, alors le 8 avril 1870, soit parce qu'il en a marre, soit parce qu'il sent la guerre venir, il manque l'appel encore une fois et est déclaré déserteur le 15. En fait, il s'est absenté deux jours sans autorisation. Ramené au corps par les gendarmes, il est condamné à quinze jours de prison, ce qui ne lui convient pas, alors, il se refait la belle. Au moment de sa désertion, il a emporté sa tenue militaire : une capote, un pantalon, un schako, une plaque de schako, un ceinturon, un porte sabre, un sabre baïonnette.
Il se débarrasse vit fait de ses effets chez un bourgeois qui lui donne l'hospitalité et auquel il vole une tenue civile (une chemise, un caleçon et une paire de souliers). Sa cavale ne dure pas longtemps. Il est arrêté par les gendarmes le 22 mai et ramené au corps le 8 juin, au camp de Chalons. Il y est jugé pour désertion et escroquerie. Mais il a ramené le chemise, le caleçon et la paire de souliers.
Et c'est la guerre.
Que lui est-il arrivé ensuite ? Aucune idée pour l'instant mais il décède à l'hôpital maritime de Toulon, le 21 mai 1873. C'est un acte de la ville, rien de militaire n'est indiqué dans cet acte et ce sont deux marins qui déclarent son décès. Il y est indiqué domicilié à Morée (Loir-et-Cher), sa ville natale.
Dans tous les cas, que ce soit à l'armée, en prison ou en cavale, il aura parcouru du pays.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 13 février 2017