Second siège de Paris
Cette fois, c’est la fin. L’armée de réserve et le corps Ladmirault continuent leur marche. Les colonnes qui longent les fortifications doivent se rejoindre et se diriger vers l’ouest pour prendre les dernières positions des insurgés.
Les corps de Douay et Clinchant doivent repousser tous ceux qui tenteraient de gagner l’intérieur de Paris.
A quatre heures du matin, les troupes du général Vinoy se mettent en marche. La brigade La Mariouse suit le boulevard Mortier, le long des remparts, atteint la porte de Romainville, et, en prenant la barricade de la rue Haxo, fait plus de deux milles prisonniers.
La brigade Derroja se dirige vers le cimetière Lachaise, occupé par les troupes régulières en passant par le boulevard de Charonne. Chaque barricade est enlevée, rue après rue : rue des Amandiers, de Tlemcen, des Cendriers, de Ménilmontant et occupe la place Puebla.
La brigade Langourian traverse la place du Trône, suit l’avenue Philippe-Auguste, et prend, à cinq heures du matin, la prison de la Roquette. Les cent soixante-neuf otages restants, entrés en résistance la veille, sont sauvés. Les cadavres des otages de la veille sont toujours là. Difficile d’imaginer ce que les soldats ont pu ressentir à leur vue : des militaires, comme eux, des prêtres, assassinés. A vingt-quatre heures près, ils auraient pu les sauver. Leur rage, vis-à-vis des insurgés doit être à son comble.
La brigade descend ensuite la rue de la Roquette, s’empare de la mairie du 11e arrondissement, avance sur l’avenue du Prince-Eugène pour rejoindre le Corps Douay sur le boulevard Richard Lenoir et réussit à sauver l’église Saint-Ambroise qui a été piégée. Les fils devant mettre le feu aux poudres enfermées dans le bâtiment sont coupés.
De son côté, le corps Ladmirault avance. Au moment où le général Grenier s’apprête à lancer l’assaut sur le bastion 19, le drapeau tricolore est dressé : la division Faron est arrivée la première. Les deux divisions se rassemblent et continuent leur marche vers l’Ouest.
La guerre civile s’est transformée en opération de ratissage : rue par rue, barricade par barricade, l’armée régulière reprend le contrôle des dernières rues de Paris.
Antoine Specht, du 94e de ligne, est blessé à la main droite par un coup de feu, à la barricade Caumartin. Eugène Joseph Delaveau, du régiment étranger, est blessé à la main gauche par un coup de feu, à la Villette. François Alexis Fournier, soldat au 48e de ligne, est blessé à la cuisse droite par un coup de feu. Jacques Thuant, soldat au 54e de ligne, est blessé à l’épaule gauche par un coup de feu, rue des Lilas.
Pour les insurgés, pris au piège, il ne reste plus, comme option, que la mort ou la réédition.
A dix heures, l’église de Belleville est prise ainsi que toute la partie haute de la rue de Paris et toutes les barricades de la rue. Les insurgés se rendent en nombre. L’hôpital Saint-Louis est pris suivi par la grande barricade du faubourg du Temple.
Il est trois heures de l’après-midi, la Commune est vaincue, toute résistance a cessé. Seul le fort de Vincennes est encore aux mains des insurgés.
Une ambulance est ouverte à la Grande-Gerbe, à Saint-Cloud. Le docteur Baron Mundy, médecin en chef, va la diriger, avec des aides autrichiens, ses compatriotes. Elle va fonctionner jusqu’au 15 octobre et recevoir 236 blessés ou malades. Elle ne perdra que 28 patients. L’ambulance et tout son matériel sera ensuite donné à l’état, pour les malades et convalescents de l’armée.
L’insurrection est terminée. Il faut ramasser morts et blessés, soigner les seconds, compter les premiers.
Christine Lescène - Le Blog d'une généalogiste - 28 mai 2021