Siège de Paris : les bombardements continuent sans relâche, surtout sur les forts du sud et le 6e secteur. Au fort de Montrouge, un homme est tué et treize autres sont blessés, dont un médecin de la marine. Puisque l’artillerie allemande prend pour cible l’hôpital du Val de Grace, le gouverneur de Paris y fait transporter tous les blessés allemands et en informe les généraux allemands.
Armée de la Loire : la situation est grave, alors le général en chef fait partir l’amiral Jauréguiberry du Mans, pour se rendre à Château-du-Loir et y prendre le commandement des colonnes de Jouffroy, de Curtene et Barry, et la direction des opérations sur les deux rives du Loir, ainsi que la retraite générale qui doit ramener les troupes autour du Mans.
Le général Barry, commandant la 2e division du 16e corps, a également sous ses ordres, la 3e division du général Maurandy, qui l’a rallié sur la Loire au moment de l’affaire de Blois et de Chambord, ainsi que quelques troupes du 15e corps, restées sur la rive droite de la Loire après la reprise d’Orléans par les allemands. Même si ses forces ont été réduites par l’envoi de troupes aux colonnes de Curten et de Jouffroy, il lui reste encore assez d’hommes pour défendre les passages du Loir, appuyer les deux colonnes engagées en avant et protéger la voie ferrée de Château-du-Loir au Mans, par Ecommoy. Il occupe Pont-de-Braye, Ruillé, La Chartre, Château-du-Loir, Chahaignes et l’Homme. Le 3e hussard de marche, réparti entre Pont-de-Braye, Sougé et Troo, envoie ses éclaireurs jusqu’à Montoire.
Le 8 janvier, à six heures du matin, le général Barry apprend que le général de Jouffroy bat en retraite sur Courdemanche. Il comprend que les secours qu’il attend ne viendront pas. Les hussards en reconnaissance sur Troo et Sougé doivent reculer jusqu’à Pont-de-Braye. Dès lors, craignant d’être débordé par sa gauche, il fait replier ses troupes sur Poncé.
Le 8e mobile doit défendre le défilé de Ruillé. Le colonel Bérard est à Trehet pour garder à la fois le chemin de Couture et les hauteurs de la Chartre, et le général Desmaisons, en position à Château-du-Loir, envoie à Chahaignes le lieutenant-colonel Roud, avec un bataillon et deux pièces d’artillerie.
A onze heures, l’ennemi entre à Pont-de-Braye et se porte sur Ruillé qu’il attaque à une heure et demie. Le 8e mobile recule sur Ruillé et se replie sur la Maladrerie puis Chahaignes. Leur retraite est protégée par la 21e batterie du 2e régiment d’artillerie qui tire sur leurs poursuivants, leur occasionnant suffisamment de perte pour qu’ils cessent, un instant, leur poursuite des troupes françaises.
Le colonel Bérard, pour sa part, se retire sur Château-du-Loir. L’ennemi entre le soir-même à l’Homme, après avoir repoussé une grand’garde du 66e mobiles qui prend position au moulin de Saint-Blaise, sur la Venne.
L’amiral Jauréguiberry qui vient d’arriver à Château-du-Loir, se rend compte de la situation catastrophique des troupes françaises, et donne l’ordre au général Barry de défendre Chahaignes le plus longtemps possible, pour aider, à la retraite sur le Mans, des troupes de la vallée du Loir et celles du général de Jouffroy.
Il va donc falloir se battre à Chahaignes. Tous les hommes du général Barry sont derrière la Venne. La grand’garde du 66e est au moulin de Saint-Blaise. Le 3e bataillon du 31e de marche est du gué de la Pointe au confluent du Loir et de la Venne, au Présidial, avec à sa droite, un détachement du 38e et, appuyant sa gauche, au château de Benehart, où se trouve une compagnie chargée de la garde des débouchés du ruisseau et du pied des hauteurs. Le 2e bataillon du 31e est sur les hauteurs entre la ferme du Pressoir et Chahaignes. Les chasseurs à pied et les mobiles de la Dordogne sont à Chahaignes même. Le 8e mobile est en réserve. Pour compléter le dispositif, une section de la 19e batterie du 9e régiment est établi au-dessus du Pressoir, avec deux mitrailleuses, prenant en écharpe la route du Mans. La 2e section de la même batterie bat les Héraudières, la route de l’Homme à Chahaignes.
L’ennemi est déjà là. Une partie de la nuit, il faut renforcer la grand’garde du moulin avec une compagnie du 31e de marche, car les combats ont déjà commencé, de nuit.
Pendant ce temps, le général de Jouffroy bat en retraite, de Sainte-Cérotte, par Evaillé, Saint-Osmane et le pont de Monternaux, sur Montreuil-le-Henry. Les troupes qui se trouve à Saint-Gervais-de-Vic reculent par Cogniers, Saint-Georges-de-la-Couée, sur Courdemanche.
La cavalerie et les éclaireurs algériens se retirent sur Vancé. C’est là que l’ennemi rencontre le 3e cuirassier, littéralement englué sur le terrain glissant et couvert de neige. L’arrivée des éclaireurs algériens du colonel Goursaud les dégagent de la menace.
La retraite est rendue difficile par le terrain et les conditions climatiques. Les cavaliers doivent mettre pied à terre pour riposter contre les artilleurs prussiens établis sur les hauteurs de Vancé, pendant que les algériens résistent à l’infanterie prussienne. Ils réussissent à se retirer par le seul passage possible, un chemin creux dans lequel les obus prussiens font des ravages. Les éclaireurs algériens perdent une centaine d’hommes, tués ou blessés. Le 3e cuirassier a perdu son colonel, ainsi qu’un officier et une vingtaine d’hommes, blessés, prisonniers ou disparus.
Inquiet de l’avancée ennemie, le général en chef donne l’ordre au général de Colomb, commandant le 17e corps, de porter sa 2e division sur la route de Saint-Calais, et au général Jaurès, commandant le 21e corps, de veiller à ce que le plateau d’Auvours et les épaulements d’Yvré-l’Evêque soient solidement occupés, ainsi que toutes les positions en avant de Sargé. Le sous-préfet de Saint-Calais, M. Brunet, arrivé à pied au Mans après avoir traversé le pays avec difficulté, informe le général de Chanzy que le prince Frédéric-Charles est entré dans la ville la veille, avec 10 000 hommes et 40 canons. Il a vu, pendant son périple que l’ennemi est à Sainte-Cérotte, Saint-Gervais de Vic, Vancé et Bessé.
Dans la nuit, apprenant que le général Barry s’est retiré de la vallée du Loir et que l’ennemi avance sur l’Homme par Chahaignes, le général de Jouffroy donne l’ordre au colonel Thierry de se porter, le lendemain sur Maisoncelles, pour rejoindre des renforts envoyés par le général en chef sur Bouloire, pendant que le colonel Bayle marche sur Brives et Saint-Pierre-du-Lorouër.
L’exécution des ordres donnés au 17e corps est rendu difficile à cause des conditions climatiques et la 2e division qui a commencé son mouvement dans la soirée, n’arrive sur la route de Saint-Calais, qu’à quatre heures du matin. Trois escadrons du 4e régiment de cavalerie légère la précèdent.
A Bellême, entre Nogent-le-Rotrou et Alençon, la colonne Rousseau contient la 4e division de cavalerie allemande, avec difficulté. Le sous-lieutenant Collet, des mobiles de l’Orne, est tué au combat.
Le 49e régiment des mobiles de l’Orne reçoit l’ordre de partir le lendemain. Il faut porter secours au général Rousseau, dont les troupes sont serrées de trop près par l’ennemi.
Armée de l’Est, à Montbard, sur la Brenne, au nord-ouest de Dijon, la brigade Ricciotti Garibaldi se replie sur Dijon, après un affrontement avec une brigade mixte du VIIe corps allemands.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 8 janvier 2021