A Paris, des maraudeurs, certains sont gardes mobiles, franchissent les avant-postes pour aller s’énivrer à Rueil, et dévaster les propriétés abandonnées par leurs occupants. Une cour martiale est instituée pour réprimer ces actes.
Armée du Nord : après le combat de Buchy, Rouen est occupée par les allemands.
Armée de la Loire, la retraite continue. Les mobiles de la Sarthe marchent sur Meung pour y traverser la Loire. La marche se fait en rase campagne. Le froid est terrible, le vent de la plaine leur coupe le visage et leur envoie une neige fine et dense dans les yeux. Le sol est couvert de verglas. Les hommes ont passé la nuit dans les fossés, enroulés dans leurs couvertures. Ils essayent de faire du feu avec tout ce qui tombe sous leurs mains : piquets de clôture, râteliers d’écurie, ustensiles de culture, tout ce qui est en bois et peu brûler. Le 5 au matin, la température semble s’adoucir. Les hommes ont reçu quelques biscuits à se mettre sous la dent et ils reprennent la marche, à travers champs, interminable. Ils laissent derrière eux quelques traînards épuisés qui tombent au sol, sans plus de force pour se relever. Les mobiles passent à proximité du champ de bataille de Coulmiers, là où beaucoup des leurs sont tombés, quelques jours plus tôt. Ils arrivent enfin à Lorges, en vue de la forêt de Marchenoir. L’intendance ne suit pas, alors leur officier achète, sur ses deniers, des pommes de terre et deux moutons qu’il fait abattre et distribuer à sa compagnie. Ce soir, ils vont manger et faire du feu. Demain, est un autre jour.
Les mobiles du Maine-et-Loire ne sont pas mieux lotis. Ils vont marcher onze jours de suite sans s’arrêter. Ils traversent le Grand-Lucé, Saint-Calais, Vendôme, Villetrun, Oucques, Marchenoir et arrivent morts de fatigue et de misère, le 5 décembre, à Saint-Laurent des Bois. Ils n’ont pas de capotes, pas de guêtres, peu de couvertures, et pourtant, ils avancent, dans le froid glacial de se début décembre.
Les mobiles du Loir-et-Cher, décimés à Loigny, continuent leur retraite à travers champs. Les routes sont laissées à l’artillerie. Près de Huisseau-sur-Mauves, eux aussi ont passé la nuit sans grande protection. La terre gelée est trop dure pour enfoncer les piquets des tentes, alors mobiles se contentent de s’envelopper dans les toiles. Une partie de la nuit, ils entendent la canonnade sur Orléans. Ce sont les grosses pièces de marine qui défendent encore la ville, pour quelques heures. Au matin du 5 décembre, ils apprennent qu’Orléans est tombée et qu’une partie de l’armée est en retraite de l’autre côté de la Loire. Il faut vite repartir. Les mobiles se mettent en route, sans avoir mangé, toutes leurs provisions sont épuisées et ils n’ont rien pris depuis la veille. Vers trois heures, la fatigue est devenue intolérable. Il n’y a pas que des mobiles du Loir-et-Cher, dans cette marche forcée, mais des soldats de toutes armes, éparpillés dans la plaine. Pour palier à la soif, les hommes sucent de petits morceaux de glace ramassés dans les ornières de la route. Enfin, ils arrivent à Lorges et peuvent installer leur campement.
A Loigny, le capitaine de Maricourt et ses compagnons attendent toujours. On leur propose de les évacuer sur Illiers ou Janville. Il n’est pas question de les renvoyer dans leurs familles, contrairement à ce qui leur avait été promis. Le colonel veut aller à Janville, alors de Maricourt reste avec lui, pendant que le convoi de blessé pour Illiers s’en va. Les prussiens autorisent les officiers à garder une ordonnance auprès d’eux. Cela leur évitera, pour un temps, le départ pour l’Allemagne, alors chacun choisit un de ses mobiles légèrement blessé. Les blessures n’ont toujours pas été pansées.
A Montmedy, les prussiens apparaissent en petits détachements entre Grand-Verneuil et Ecouviez et coupent de nouveau le passage de cette voie, la seule qui permet à la place forte de communiquer avec l’extérieur.
A Belfort, toute la nuit, les canons ont tonné. Entre quatre et six heures du matin, les projectiles prussiens arrivent toutes les vingt secondes. Il est déjà tombé près de quatre mille obus sur la place forte depuis le 3 décembre. Du côté français, les canons des forts ciblent les artilleurs prussiens et font mouche régulièrement.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 5 décembre 2020