A Belfort, depuis le château, les assiégés voient de nombreux soldats prussiens faisant des tranchées autour de Bessoncourt. Les rumeurs qui courent dans la ville donne de l’espoir aux habitants : une armée de 80 000 hommes formée à Lyon, marcherait sur Chagny pour dégager Belfort et libérer l’Alsace.
A Paris, les portes de la ville seront désormais fermées à cinq heures du soir.
Les bouchers remplacent par la viande salée, la viande fraiche qui commence à manquer.
En Eure-et-Loir, l’armée prussienne décide de passer à l’offensive. A neuf heures du matin, le général de Treskow arrive de Maintenon à Nogent-le-Roi, avec le gros de sa division. Il lance son avant-garde sur Dreux, en longeant la rive gauche de l’Eure, et envoie, dans le même temps, une patrouille sur la rive droite de cette rivière, pour se mettre en communication avec la 5e division de cavalerie et la landwehr de la garde. Un escadron de hussards flanque sa marche sur sa gauche, se portant par Marville, dans la direction du hameau d’Imbermais.
Vers une heure et demie, son avant-garde est à Charpont, le gros de sa division au nord de Marville, un de ses bataillon occupe Blainville et sa brigade de cavalerie se tient au sud de ce village.
A Dreux, personne n’a encore réalisé que les prussiens sont si proches. Le général du Temple a simplement doublé les grand’gardes et fait occuper le Luat et les petits bois de Vernouillet, par des compagnies de fusiliers-marins.
Le reste des troupes s’apprête à des manœuvres, lorsque, vers deux heures, une fusillade se fait entendre sur les hauteurs de Rieuville, suivie par la canonnade. Comme les troupes sont dénuées d’artillerie, ce sont forcément les prussiens qui sont là et qui attaquent les avant-postes.
Dès les premiers coups de feu, le général du Temple se rend à un km de la ville, à l’embranchement des routes de Chartes et Châteauneuf, où sont deux compagnies de marins. Il réalise immédiatement que les forces prussiennes sont considérables.
A Luray, la ville est occupée par les troupes françaises : mobiles, marins, et chasseurs. Les bataillons de mobiles du Calvados et de la Manche surveillent les mouvements de l’ennemi. A midi, une patrouille de six uhlans apparaît aux environs de l’église de Luray, au milieu des champs, à un km du village. Les français ouvrent le feu sans réussir à les atteindre. Une demi-heure plus tard, deux escadrons de cuirassiers bleus prennent position sur les hauteurs de Marsauceux, pendant que des fantassins occupent toute la vallée de Mézières-en-Drouais.
A deux heures, de nouvelles troupes prussiennes arrivent. Elles se rangent en bataille, remontent vers Blainville, hameau de la commune de Marville-Moutier-Brûlé et prennent position à faible distance du Luat-Clairet où se trouvent les français. Les canons ennemis sont braqués sur eux et vers trois heures, la fusillade éclate de tous côtés. Les français tentent de résister, mais ils n’ont pas d’artillerie pour riposter. Ils doivent se replier, non sans avoir fait des dégâts dans les rangs allemands. L’ennemi les poursuit dans toutes les rues du village. Un mobile atteint à l’aine par une balle, tombe, mortellement blessé, devant l’église. Un autre est blessé à la cuisse. Tous deux sont transportés dans une maison voisine où le premier décède. Le second sera transporté à l’ambulance de Dreux. Après le combat, le village est totalement pillé. Malgré cela, une douzaine de mobiles qui n’ont pu se sauver, réussissent à se cacher dans un grenier jusqu’au départ des prussiens, le lendemain.
Tous les mobiles se réfugient dans les bois de la Garenne, environnant le Luat, mais l’artillerie pointe sur eux et un déluge d’obus déciment les malheureux soldats. La même manœuvre à lieu à l’autre bout du pays. Les mobiles, sur le point d’être cernés, s’enfuient en abandonnant leurs sacs derrière eux, sous une pluie de balle. La déroute des français est totale. Dans le village, une femme a été tuée, chez elle, par une balle qui a traversé les murs. Plusieurs toits sont criblés par les balles. Après le combat, le village est totalement pillé. Malgré cela, une douzaine de mobiles qui n’ont pu se sauver, réussissent à se cacher dans un grenier jusqu’au départ des prussiens, le lendemain.
A Tréon, le commandant Bréqueville, du 2e bataillon de ‘Eure-et-Loir, rassemble en hâte ses compagnies et part sur Imbermais, pour y cerner ce qu’il croit être un faible détachement prussien.
Lorsque les mobiles, auxquels ce sont joints les gardes nationaux de Garnay et une trentaine de francs-tireurs, débouchent des bois, leur tête de colonne est accueillie par une fusillade meurtrière depuis une ferme d’où les prussiens tirent à l’abri. Le commandant Bréqueville est tué, ainsi que le capitaine Roche. En l’absence d’artillerie et face à un ennemi en surnombre, les français doivent se replier. Douze mobiles sont morts et sept ont été blessés. Après les combats, si les habitants sont épargnés, le maire, Ch. Renault, est arrêté, maltraité et emmené prisonnier. Les français sont également délogés du bois de Chambléan et les obus les forcent à passer la Blaise, en direction de Garnay.
Une autre compagnie de mobiles d’Eure-et-Loir est dans les bois de cinq chênes et essuie les tirs de l’artillerie prussienne. Elle doit également abandonner sa position.
Au total, outre les deux officiers morts, seize mobiles sont morts, dix-sept sont blessés et huit prisonniers ou disparus.
Au hameau de Sainte-Gemme, les marins résistent. Ils n’évacuent les lieux que sous le feu de batteries ennemis qui les canonnent depuis les hauteurs du village de Saint-Denis-de-Moronval.
A Vernouillet, dans la plaine de Nuisement, occupé par le reste du 3e bataillon de la Manche, appuyé par deux compagnies de marin, la résistance continue. Le général de Treskow leur envoie un bataillon du 89e régiment de grenadiers mecklembourgeois, couvert par une longue ligne de tirailleurs. Trois milles prussiens engagent le combat vers deux heures de l’après-midi.
Les marins, équipage de « la Gauloise », tentent de s’élancer à la baïonnette mais sont refoulés par une grêle d’obus.
Le capitaine de Mons, à la tête du 3e bataillon de la Manche est mortellement blessé. Après avoir résisté jusqu’à la dernière limite, les français doivent se replier avant d’être totalement encerclés. Ils évacuent Nuisement et se replient vers Rieuville, poursuivie par les tirs de l’artillerie prussienne.
Le général Treskow peut s’avancer avec le gros de ses troupes, par la route de Chartres.
Tout au long de la route, les mobiles et les marins tentent de bloquer l’avancée prussienne, en vain. Le général de Malherbe, accouru de Nonancourt au bruit du canon, juge la résistance impossible et donne le signal de la retraite. Il est quatre heures et demie.
Le général de Treskow est si impressionné par la tenue des soldats français au combat, qu’il décide d’attendre, pour faire son entrée dans Dreux, que tous les soldats français aient évacué la ville.
A Landelles, un engagement sérieux a lieu. Un soldat français est mortellement blessé. Alexis Goupil, garde mobile de l’Orne est blessé.
A Sandarville, à la suite de coups de fusils tirés par des francs-tireurs, à Bailleau-le-pin, sur des éclaireurs prussiens, deux cents cavaliers arrivent à Sandarville avec six pièces de canon, et bombardent la maison de Romain Durand, d’Hauville. Au 32e coup, un incendie se déclare qui détruit la demeure et ses dépendances.
A Montboissier, les francs-tireurs embusqués dans le village de Perruchay sont la cible des obus allemands. Les francs-tireurs se replient sur Bonneval. Les prussiens incendient le village à la main et commettent des actes de barbarie sur les habitants. Deux sont tués, quatre blessés et six emmenés prisonniers en Allemagne.
A Marville-Moutiers-Brûlé, les corps de quatorze mobiles seront retrouvés, tous de l’arrondissement de Châteaudun. Leurs corps sont transportés au chef-lieu du canton, pour y être inhumés.
Pendant ce temps-là, à Berchères-sur-Vesgre vers dix heures du matin, un détachement de mobiles de l’Ardèche, cantonné à Ivry-la-Bataille, envoyé en reconnaissance à Marchefroy, arrive sur la commune. Il s’agit d’une centaine d’hommes, rejoints quelques heures après son arrivée, par une trentaine de francs-tireurs de l’Orne, les francs-tireurs de l’Iton.
Les prussiens campent à trois km de là, sous Gressey. Les mobiles, sous les ordres d’un simple sous-lieutenant, partent dans cette direction. Les gardes nationaux de Berchères et de Rouvres les suivent. Mais les prussiens les voient arriver. Ils sont bien plus nombreux, et ont des pièces d’artillerie. Les français tentent de se replier, poursuivis, dans un vallon entre la Ville-L’Evêque et Berchères, par la cavalerie prussienne.
Les morts et les blessés jonchent très vite le sol.
Les mobiles réussissent en partie à s’échapper, pas les francs-tireurs de l’Iton.
Après un combat livré sur les bords de la Vègre, une poignée de francs-tireurs, sous les ordres du lieutenant Vivier, avec une douzaine de mobiles et quelques gardes nationaux, se retrouvent cernés par la cavalerie ennemie. Ils se sont réfugiés dans un bouquet de bois près du cimetière de Berchères. L’ennemi est en nombre et ils ne peuvent résister. Ils se font littéralement massacrés. Un mobile de l’Ardèche, qui se trouve avec les francs-tireurs, est frappé de dix-sept coups de lance.
Treize vont être tués ou mortellement blessés, vingt-trois blessés, littéralement lardés. . L’examen des blessures fera état de 98 coups de lance, 16 coups de sabre et 3 coups de feu. Le sergent-major Ferrand Renard est blessé de douze coups de lance et un coup de sabre. Le lieutenant JGA Vivier, blessé d’une balle dans le genou, sera fait prisonnier et envoyé à Berlin, où il sera admis à l’ambulance de la reine Augusta.
Après le combat, les prussiens se rendent dans la ferme de la Ville-l ’Evêque où des mobiles se sont battus le matin. Ils y trouvent le fermier, Marais, à table. Les prussiens s’emparent du fermier et de trois ouvriers qui sont massacrés dans un champ voisin. Un quatrième ouvrier, trouvé trop jeune, sera épargné.
Le combat terminé, dix-neuf blessés sont conduits au château et chez les habitants. D’autres sont conduits à l’ambulance prussienne, à Houdan, et faits prisonniers. Quatre francs-tireurs sont inhumés à Berchères le lendemain avec Garmin, Pôteau, Guillaumin, Dagron, gardes nationaux, et les habitants qui ont été assassinées.
Le sacrifice des francs-tireurs n’aura pas été inutile. Il aura empêché ces troupes prussiennes de rejoindre celles qui ont affronté les mobiles et les marins, à Tréon et Nuisement, permettant ainsi la retraite des soldats français.
A Saint-Lubin-de-la-Haye, après le combat, les prussiens rentrant à leur camp s’arrêtent dans la commune. Ils entrent dans la ferme de Biennouvienne, se font servir à boire et à manger, puis, ils emmènent les huit hommes présents dans la ferme, dont Aulet, le fermier, les conduisent à deux kilomètres, au hameau de la Mare, commune de Gressey et en fusillent sept avec deux jeunes gens du hameau.
A Bu, les prussiens bombardent un quartier de la commune. Une maison est incendiée et plusieurs sont gravement endommagées.
La ville de Châteauneuf subit un deuxième bombardement, après celui du 7 novembre.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 17 novembre 2020