A Paris, les décès de la semaine s’élèvent à 1762 dont 380 par la variole.
A Neuf-Brisach, les prussiens concentrent leurs tirs sur la poudrière de la porte de Colmar. Les projectiles viennent frapper la voûte au même endroit, systématiquement. Les pierres tombent, littéralement en cascade. La tour n°3 qui se trouve dans la même ligne de tir est entamée à la base. De nouveaux incendies éclatent dans la ville. Une grande meule de paille élevée près de la porte de Colmar est incendiée. Des obus éclatent dans les cuisines du 2e bataillon, le privant de la soupe.
Mais les tirs français font mal aussi. Ils empêchent les prussiens de creuser leurs tranchées ou de renouveler leurs munitions.
Le lazaret est devenu insuffisant. Il est augmenté d’une nouvelle casemate. Les hommes de la première batterie d’artillerie du Haut Rhin cède la sienne à la deuxième batterie et part s’installer dans la poudrière de la porte de Bâle, tout cela sous une pluie de projectiles.
Les nuits sont très claires, ce qui empêche les prussiens de continuer leurs travaux.
A Belfort, la veille, le maire a recommandé aux habitants de faire des provisions d’eau dans les maisons, pour combattre les incendies en cas de siège et appelé à un service de surveillance des incendies. Le 5 novembre, les canons des Perches (français) incendient Vézelois, obligeant les prussiens à se retirer sur Chèvremont. Un nouveau parlementaire se présente. Il repartira de nouveau bredouille, même si, cette fois, il ne demandait pas la reddition de la place, mais l’échange d’officiers prussiens faits prisonniers dans les Vosges. Ce n’est pas que le commandant de la place soit contre la chose, c’est juste qu’ils ne sont pas à Belfort !! Tout le monde peut se tromper.
En Côte-d’Or, à Genlis, bourg entre Dijon et Auxonne, une colonne de huit cents badois s’installe pour y faire des réquisitions sous la protection de petits postes. L’un d’eux, de sept hommes, s’est installé dans une maison isolée et abandonnée, la maison Maltet, située près de la gare du chemin de fer. Un autre, plus important, de vingt-cinq hommes, se trouve dans un bâtiment du chemin de fer et un troisième, de cent hommes, est dans la salle du café Vaudrey.
Une compagnie de francs-tireurs, l’égalité de Marseille, faisant partie des troupes de Garibaldi, encore à Dôle, arrive sans faire de bruit, dans les bois de Beyre et de Labergement, à deux km de Genlis.
Ils attendent que la nuit tombe pour faire mouvement. Ils se glissent le long de la Tille, dans une oseraie, près du poste de sept hommes. Ces derniers sont rapidement tués.
Les francs-tireurs passent au deuxième poste de garde, celui de vingt-cinq hommes, surpris de la même manière et enfin, ils s’élancent dans le village, au cri du capitaine Raymond « A la baïonnette, mes amis ! ne tirez plus ! ».
C’est la panique chez les Badois, ils tirent dans tous les sens, l’ennemi profitant de l’obscurité pour frapper. Trois francs-tireurs sont tués, deux blessés. Les badois perdent cent sept hommes.
Un franc-tireur blessé près de la barrière du chemin de fer, M. Tourney, géomètre de son état, est resté sur place. Un de ses compagnons revient le chercher au moment où les badois reviennent dans le village. Le garde-barrière, Moreau, réussit à les faire entrer dans sa maison et les cache, sous des bottes de paille alors même qu’elle est envahie par une quarantaine de badois. Ils ont beau fouiller la demeure, ils ne trouvent pas les deux francs-tireurs. Heureusement, ils auraient été tous les trois fusillés. Le groupe de francs-tireurs disparaît dans la nuit, comme il est venu et Genlis sera imposé de 3 000 francs de contribution par l’ennemi, en représailles.
Le commandant prussien fera inhumer les trois francs-tireurs dans le même tombeau, à l’extrémité sud du cimetière de Genlis où un petit monument sera élevé à leur honneur : François Caire, Théophile Gibelin et Marius Terron.
Le même jour, à deux heures et demie du soir, une fusillade éclate à mi-chemin de Saint-Jean-de-Losne à Brazey, au pont de l’écluse du canal, dit Pont de la Viranne où se trouve un avant-poste français. Pendant une demi-heure, les trente hommes du poste et leur officier tiennent tête à une colonne de cinq cents prussiens. Malgré les obus qui pulvérisent les parapets du pont et la maison éclusière, les hommes tiennent bon. Il ne faut pas que l’ennemi passe et il ne passera pas. A la nuit tombée, les allemands cessent le combat et se retirent. Un français a été tué et trois blessés grièvement.
Dans le Loir-et-Cher, l’ambulance n°4 de la société de secours aux blessés, qui est arrivée de Sedan en passant par la Belgique, a été rattachée à l’état-major du 15e corps d’armée. Arrivée le 12 octobre à Lamotte-Beuvron, elle suit l’armée dans sa retraite jusqu’à Salbris. Elle s’est installée un peu en arrière, au château de la Billarderie. Là, elle a procédé à l’évacuation de ses blessés sur Châteauroux, Moulins, Limoges et Périgueux. Le 27 octobre, elle part pour Romorantin, puis Blois, où se trouve le quartier général. Le 30, l’ambulance s’installe à Mer, à la Grenouillère. Le 5 novembre, une nouvelle évacuation de blessés et de malades a lieu sur La Rochelle.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 5 novembre 2020