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Paris : réquisition de 100 omnibus pour le transport des blessés.

En Normandie, dans l’Eure, courant Octobre, les prussiens se sont retirés pour des opérations militaires, ailleurs, laissant le terrain libre aux français. Ces derniers réoccupent presque entièrement la vallée de l’Eure, depuis Dreux jusqu’à Vernon. Les forces françaises, réunies sous les ordres du colonel Mocquard, s’installent à Hécourt, sur la rive droite de l’Eure. Mocquard, commandant du corps franc des éclaireurs de la Seine, est un vieux soldat de quarante-cinq ans. Il a fait la Crimée, l’Italie et la Chine. Dans le campement sont réunis, entre autres, les éclaireurs de la Seine et le 3e bataillon des mobiles de l’Ardèche. Après une escarmouche qui a coûté la vie à un jeune cavalier allemand, les représailles sont attendues. Le colonel Mocquard fait explorer le terrain par quelques cavaliers rescapés de Sedan, chasseurs d’Afrique et hussards, pour se préparer à affronter les 6 000 prussiens de Mantes. Il répartit ses 1 200 hommes en deux colonnes. Elles doivent former un demi-cercle et se rejoindre à Lommoye, situé entre Mantes et le camp d’Hécourt, en avant de la forêt de Rosny.

Vers dix heures, les troupes allemandes occupent les hauteurs de Cravent et envoie la cavalerie au nord, à Chaufour, sur la route d’Evreux à Mantes. L’artillerie prend position entre ce village et Villegats.

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Les troupes françaises se mettent en marche vers onze heures du matin et sont accueillies par les tirs de l’artillerie allemande. Le colonel déploie immédiatement ses troupes. A droite, une des colonnes, sous les ordres du commandant Lamy, gagnent, par les bois, la gauche des prussiens. Les francs-tireurs de camp s’avancent aussi à couvert sur Cravent, en suivant un vallon profond qui passe derrière les hameaux des Vieilles-Maisons et des Carrières.

A gauche, le colonel envoie trois compagnies du bataillon des mobiles de l’Ardèche à Villegats, avec ordre de marcher sur Chaufour.

Les Eclaireurs de la Seine et les Francs-tireurs de Caen se déploient en tirailleur, sortent des bois et foncent sur la batterie d’artillerie allemande qui se trouve entre Cravent et Villegats. Le maréchal des logis Fesneau qui se tient à côté du colonel Mocquart est atteint par un éclat d’obus. Deux mobiles de l’Ardèche qui s’abritent derrière une meule de fagot ont le crâne fracassé par un obus. Les artilleurs ripostent aux tirs d’artillerie prussienne par un feu violent. La cavalerie allemande essaye de contourner les troupes françaises mais est accueillie par les tirs des soldats français. Les allemands se replient dans les bois en avant de Lommoye d’où ils ripostent. L’artillerie prussienne doit à son tour reculer. Les français continuent leur marche en avant tandis que les pièces allemandes s’embourbent dans la plaine détrempée par la pluie. Les prussiens doivent abandonner le terrain et leurs pièces d’artillerie. Ils les récupèreront le lendemain.

Du côté des mobiles de l’Ardèche, la cavalerie prussienne, malgré plusieurs charges, doit reculer et laisser le terrain aux français.

Parmi les blessés français, le commandant Ernest Guillaume a le bras gauche fracturé par un éclat d’obus. Le maréchal des logis Fesneau est blessé à la cuisse par un éclat d’obus qui tue son cheval. Transporté à l’hôpital d’Evreux, il décèdera le 29 octobre. Le caporal Amédée Matborel est blessé au genou par une balle, il décèdera à l’hôpital d’Evreux le 29 décembre. Soignés dans le même hôpital, les soldats Peras, blessé à l’épaule gauche, Mariot, éclat d’obus à la hanche droite, Guespet et Jalempin, blessures à la cuisse gauche, d’abord emmenés à l’ambulance Lecomte. Les blessés sont soignés, sur le champ de bataille, par les deux aumôniers militaires attachés au corps. Transporté à Pacy sur une voiture de l’ambulance irlandaise, le commandant Guillaume y est amputé du bras. Le 3e bataillon de l’Ardèche a deux tués (Brias et Pourrat), et sept blessés (sergent Luquet, jambe brisée, sergent Bienner, blessé à la mâchoire, les mobiles Bruyat, Filouze, Murol, Liverset, Chirol, Victor Girard, Vilesta, Salomon). Les éclaireurs de la Seine ont quatre tués et douze blessés. 

Dans le Loiret, un fort détachement prussien se présente devant le village de Lailly. Une centaine de chasseurs à pied du 3e bataillon de marche, sous les ordres du commandant Labrune sont dans le bourg. Lors du Challenge AZ 2016, j’ai déjà conté ces évènements.

I comme Incendie - l'incendie de Lailly - Le blog d'une généalogiste
En temps de guerre, les représailles de l'envahisseur sont toujours exercées contre les civils. Lailly en Val, dans le Loiret, en mesure toute l'horreur le 22 octobre 1870. Alors qu'il fuit le combat, un cavalier bavarois tombe près de la Croix-Blanche. Le maréchal-ferrant qui se précipite pour le désarmer est frappé d'un coup de sabre.

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A l’Est, l’ennemi arrive sur l’Ognon (Haute-Saône), à Pin, Etuz et Voray (Auxon), près Cussey. L’armée des Vosges, sous les ordres du général Cambriels, s’est réorganisée à Besançon. De 10 000 hommes à la Bourgonce, un renfort arrivé sur la Vologne a monté les effectifs à 15 000 hommes.

Le 22, les troupes allemandes ont ordre de s’emparer des ponts de l’Ognon.

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Les troupes françaises, sous les ordres du colonel Perrin, 3 000 hommes, apprennent la marche de l’ennemi vers Rioz. Elles vont occuper Voray. Ces troupes sont formées par un bataillon du 85e, le 3e bataillon des Vosges, le 2e bataillon du Doubs et la 1ère section du 9e d’artillerie. Le 22, un millier d’hommes arrivent en renfort, venus du 16e bataillon de chasseurs, et du 78e de ligne, de la garnison de Besançon. Ils sont positionnés à Buthiers et Voray. Les mobiles des Hautes-Alpes arrivent à Châtillon et les mobiles des Vosges à Auxon-Dessus.

Le colonel Perrin envoie la 3e compagnie des Vosges à Cussey et Etuz. Pour sa part, avec le 2e bataillon du Doubs et le 85e, il traverse la rivière à Voray et se dirige à gauche, par les bois , du côté de Boulot, pour prendre l’ennemi en flanc.

Dès sept heures du matin, le 3e bataillon des Vosges doit défendre le pont de Cussey.

L’avant-garde ennemi s’approche d’Etuz où elle est accueillie par les chasseurs à cheval et cinq compagnies des Vosges. Les français se retrouvent avec la rivière dans le dos et le pont de Cussey pour seul moyen de retraite. Les badois entrent dans Etuz et refoulent les compagnies vosgiennes, malgré tous leurs efforts. Mais le colonel Perrin arrive par le bois de Boulot et de Retheu et arrive sur le flanc de l’avant-garde, stoppant son avancée. Les Vosgiens réoccupent Etuz.

Mais ce n’est que l’avant-garde des troupes badoises. Le reste, le plus gros des troupes, arrive et lance un bataillon dans le bois de Retheu, avec une batterie lourde. Le colonel doit se rabattre sur Voray, et les allemands entrent de nouveau dans Etuz. Les vosgiens se battent de toutes leurs forces mais ne réussissent pas à rependre le village.

Vers quatre heures du soir, les obus tombent sur le pont de l’Ognon et les Vosgiens qui doivent reculer, malgré les renforts de trois compagnies des Hautes-Alpes. Ils sont suivis de si près par l’ennemi qu’ils entrent tous, en même temps dans Cussey. Les français sont refoulés du village jusque dans les bois en arrière.

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A présent maîtres de Cussey, les badois marchent vers Geneuille pour couper la retraite aux troupes du colonel Perrin. Ces derniers se battent près de Voray contre la 3e brigade allemande. A droite, Buthiers est défendu par le 16e chasseurs et le 78e. Mais les troupes allemandes sont trop importantes et le colonel Perrin doit se retirer vers les hauteurs d’Auxon et de Châtillon-le-duc, pour y attendre les renforts envoyés par le général Cambriel.

Il arrive avec un bataillon des Deux-Sèvres, deux de zouaves et une batterie, sur Châtillon. Il place ses troupes sur les hauteurs entre Châtillon et Auxon-Dessous, avec six pièces mises en batterie à Valentin.

Et le combat continue. Il n’a jamais cessé. Les allemands tentent, sans succès, de déloger les français des bois et de prendre le village d’Auxon-Dessus, mais ils sont refoulés par une charge à la baïonnette de deux compagnies de zouaves et d’une compagnie de mobiles des Vosges. Le combat ne cesse qu’à la nuit.

Les français ont 195 hommes hors de combat. Le 3e bataillon des mobiles des Vosges a deux officiers tués, ainsi que soixante-cinq sous-officiers et mobiles. Trois officiers et cent trente-cinq sous-officiers mobiles sont blessés, douze officiers, dont le commandant, Brachet et cent cinquante hommes sont faits prisonniers.

Chez les mobiles des Hautes-Alpes, de retour à Besançon, le lendemain soir, après avoir encore combattu, le commandant et deux capitaines sont prisonniers, un capitaine, Jeauffrey, est brièvement blessé, deux lieutenants sont prisonniers, six officiers et soixante-quinze hommes sont tués, blessés ou disparus. Miraculeusement, le capitaine Guillemot n’est pas blessé, malgré les deux balles qui l’ont atteint, retrouvées dans ses vêtements.

Dans la nuit, vers minuit, les francs-tireurs bretons, apercevant des lumières dans la nuit, préviennent les hommes du 78e et le colonel Perrin que les allemands préparent une attaque. Mais ce ne sont pas les allemands qui se promènent, lanterne à la main. Ce sont les ambulances internationales qui arpentent le champ de bataille à la recherche des blessés.

Parmi eux, Joseph Emile Barnet, vingt-et-un ans, natif de Sapois, garde-mobile des Vosges, a reçu un éclat d’obus à Cussey. Il devra subir une désarticulation scapulo-humérale. Morand Erhart, trente-et-un ans, natif de Bruebach, Haut-Rhin, soldat au 85e de ligne, doit être amputé de l’avant-bras gauche, après fracture par éclat d’obus. Emile Célestin Grandemange, garde mobile des Vosges, est blessé par coup de feu à la main gauche. Auguste André, vingt-cinq ans, natif de Arches, soldat au 85e, est blessé dans la région iliaque gauche par éclat d’obus. Jean Baptiste Claudel, vingt-cinq ans, natif de Bussang, garde mobile des Vosges a le fémur gauche fracturé par coup de feu. Joseph Durupt, garde mobile des Vosges, est blessé à la fesse et au testicule gauche, au scrotum et à la cuisse droite, par coups de feu. Felix Baptiste Guibaud, garde mobile des Hautes-Alpes, est blessé par balle à la hanche gauche. La balle ne sera pas extraite.

Mais la bataille de l’Ognon n’est pas terminée.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 22 octobre 2020