Autour de Paris, l’ennemi a repris Bondy et se concentre à Dugny et Gonesse.
D’après les forts du sud, de grands mouvements de troupes ont lieu, chez les prussiens, pendant la nuit, en arrière du plateau de Châtillon, dans la direction de Sceaux à Versailles.
A la bibliothèque nationale, les destructions de Strasbourg font peur. Les bâtiments sont fermés au public depuis le début de la semaine. Le personnel prend des précautions en vue d’un éventuel incendie après bombardement. Dans toutes les galeries de la bibliothèque, de grandes cuves en zinc remplies d’eau sont disséminées, ainsi que de seaux en zinc, placés à côté, pour y puiser l’eau.
Des tas de sable sont mis dans les galeries des imprimés et des manuscrits. La cour donnant sur la rue des Petits-Champs est dépavée, de même que certaines parties du préau de la rue Vivienne. Si une bombe y tombe, sa chute sera amortie.
Les manuscrits les plus précieux sont transférés dans les salles basses et le personnel est organisé en escouades, pour surveiller, nuit et jour, la bibliothèque. A l’école des Beaux-Arts, des précautions sont prises également. Les fenêtres du grand amphithéâtre décorées de peintures de Delaroche sont murées.
La guerre entre dans le Loiret. Jusqu’ici limité à quelques reconnaissances dans le Loiret, les prussiens s’étaient surtout installés sur Etampes et Pithiviers. Le 26 septembre au matin, la cavalerie du prince Albert de Prusse, appuyée par plus de sept milles hommes, infanterie et artillerie, se dirige sur Toury, Janville, Bazoches et les villages voisins.
La brigade Ducoulombier, sous les ordres du colonel Tillion, occupe Artenay avec trois escadrons du 6e dragon, deux escadrons du 6e hussard et quatre pièces d’artillerie.
Un des escadron, détaché vers Tivernon, se retrouve en difficulté face à l’ennemi. La brigade Ducoulombier se porte à son secours. Le combat débute, à la Croix-Briquet, entre Bazoches et Tivernon, sur la droite de la route de Paris.
Deux officiers du 6e de dragons, le lieutenant Marc Hippolyte Adélaïde Petit et le sous-lieutenant Marie René Marcel Charbonnier de la Guesnerie, vingt-cinq ans, sont grièvement blessés. Le premier a reçu sept coups de lance, dont un très grave, et le deuxième a reçu trois coups de lance. Plusieurs hommes sont blessés ou capturés.
Trois compagnies d’infanterie, dont une de tirailleurs algériens, cantonnées à Neuville et à Bazoches prennent part au combat. Les prussiens sont bien trop nombreux et la brigade Ducoulombier doit se retirer sur Orléans. Le général de Polhès craignant que l’ennemi n’attaque la ville, bien insuffisamment défendue ; il décide d’évacuer Orléans. Dans la nuit, la retraite s’effectue sur les deux rives de la Loire. Une partie des troupes est dirigée sur la Ferté-Saint-Aubin, Jargeau et Argent. La cavalerie et cinq bataillons de mobiles, partent sur Blois. Ordre est donné de faire sauter les ponts de Meung, Beaugency et Châteauneuf-sur-Loire.
Mais l’ennemi, croyant le territoire plus solidement défendu, est retourné dans ses quartiers à Toury, Janville et les villages voisins.
Le 28, le général de Polhès et ses hommes sont de retour à Orléans. Il a reçu les renforts de cavalerie et d’artillerie, ainsi que quelques bataillons de gardes mobiles, dont le régiment de la Nièvre. Mais la ville d’Orléans a pris conscience de son absence de défenses et de sa fragilité.
A l’Est, Verdun subit son deuxième bombardement. 2500 projectiles sont tirés sur la ville. Le lieutenant Joseph Marie Jules Delort, 24 ans, natif de Toulouse, du 1er régiment du génie est grièvement blessé. Il a reçu un éclat d’obus au bras droit et à l’épaule. Le capitaine Pierre Auguste Dehaye, 45 ans, natif de Belfort, du 3e régiment du génie est tué.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 26 septembre 2020