Paris, ouverture de l’ambulance du Corps législatif par la société française de secours aux blessés. Elle est placée sous les ordres du docteur Mundy, chirurgien en chef, avec plusieurs aides autrichiens et comprend cinquante lits.
Ce jour marque le dernier départ régulier de la poste aux lettres.
L’ennemi coupe les derniers fils télégraphiques qui relient Paris à l’extérieur. Paris est isolée.
La société française de secours aux blessés va elle-même se retrouver isolée. Elle réussit à créer dix délégations provinciales qui vont, à leur tour, créer des ambulances dans les départements et subvenir à leurs besoins. Une grande partie de ses fonds sont envoyés à ambulances de Metz et à la frontière belge, pour les blessés et les prisonniers, ainsi que pour les villes dévastées de l’Est.
Des ambulances volantes sont créées pour suivre l’armée sur les champs de bataille. Ces ambulances sont constituées d’un chirurgien chef, de deux aides, de trois délégués, d’un aumônier et de dix ou douze infirmiers. Ainsi, le modèle français évolue vers le modèle anglo-saxon, plus petit mais également plus mobile. Il n’y a plus qu’une seule voiture avec trois jours de vivres, deux caisses de charpie, de compresse, de linge et une boîte à amputation.
Dans Paris, le docteur Chenu, qui en aura la direction, va ainsi organiser douze ambulances. A celles-ci s’ajoutent les deux ambulances de campagne qui ont réussi à rejoindre Paris avant le siège et reviennent de Sedan : la 8e du docteur Tardieu et la 12e du docteur Anger. Elles ont déjà, à elles seules, soigné près de quatre mille blessés au front de l’Est. Leur expérience leur sera profitable, car elles vont prendre part à tous les combats autour de Paris.
Avec elles, vont également agir les ambulances affectées aux quatre divisions de la garde mobile.
Chaque jour, pendant toute la durée du siège, trois ou quatre ambulances volantes, accompagnées de voitures de transport, vont se diriger sur les lieux des fusillades. Deux ambulances volantes vont parcourir la ligne des forts, pour recevoir les blessés et les diriger sur les hôpitaux et ambulances à l’intérieur de Paris.
Les médecins anglais et autrichien ne vont pas hésiter à aller eux-mêmes, sur les champs de bataille, récupérer les blessés. Mais leur travail aurait été inutile sans le dévouement des brancardiers. Les corps de belges, d’espagnols, d’italiens et surtout le corps de 300 brancardiers suisses, volontaires participent activement au travail des ambulances.
Il faut imaginer cette formidable « machine de guerre » en activité.
Les jours de combat, la plus grande partie des ambulances volantes partent vers les lieux de lutte, suivies par cent à cent-cinquante voitures de la société ou des chemins de fer de l’ouest.
Il ne reste que quatre ambulances volantes au Palais de l’industrie, en réserve, pour les imprévus.
Arrivées près des champs de bataille, un emplacement est choisi où s’établit une sorte de quartier général qui devient une ambulance centrale. Toutes les ambulances volantes partent alors au plus près des combats, et forment littéralement un parc de voitures.
Le directeur des ambulances va alors parcourir, avec ses estafettes, le champ de bataille, et, en fonction du nombre de blessé, envoie ses estafettes chercher, au parc, le nombre exact de véhicules nécessaires, accompagnés de brancardiers.
Les blessés chargés dans ces véhicules sont acheminés jusqu’à l’ambulance centrale. Là, les plus gravement atteints reçoivent les soins, tandis que ceux qui peuvent supporter le transport, sont conduits à Paris.
Dès qu’ils ont déchargé leurs blessés, les transports retournent vers le quartier général établi près du champ de bataille.
Le lendemain, ils y retournent, cette fois, pour enterrer les cadavres des hommes et des chevaux laissés sur place.
Les ambulances sont prêtes.
Mais les hommes ?
Le matin du 18 septembre, 10 000 soldats français, commandés par le général Vinoy, se dirigent sur Créteil. Il ne s’agit que d’une reconnaissance. Arrivés près de Bonneuil, dans les bois qui entourent le plateau de Mesly, leur avant-garde déployée en tirailleur est reçue par l’artillerie allemande. La canonnade dure deux heures. Pendant la nuit, les prussiens ont établi des batteries sur le plateau.
Comme il ne s’agit que d’une reconnaissance, le général Vinoy envoie son artillerie et quelques mitrailleuses pour dégager les troupes prises sous le feu allemand et protéger leur retraite sur Charenton. Le bilan est de vingt morts et trente blessés.
Le quartier général prussien s’installe à Meaux.
Ce jour-là, Toul est bombardé pendant deux heures. Strasbourg est en feu. Bitche aussi.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 18 septembre 2020