1er Octobre : L'armée française est divisée en corps de siége et corps d'observation par parties à peu près égales. L'effectif des armées alliées, Français, Anglais et Turc, donne sous les armes, environ 55 000 hommes valides.
2 - 3 Octobre : Les 3e et 4e division s'établissent devant Sébastopol, à environ 3 km, la gauche de la 4e division à 500 m de la mer, près de Streletzka, vers le sud ; les Anglais vers l'est jusqu'au plateau d'Inkermann. La division turque occupe le centre. Un corps d'observation, composé de Français et de Turcs, surveille les mouvements de l'armée russe du côté de la Tchernaïa. Un détachement de zouaves et de chasseurs à pied ont un contact insignifiant avec un petit corps russe.
4 octobre : L'armée d'observation établit quelques travaux de défense sur son front dominant les vallées de la Tchernaïa et de Balaklava. 800 marins sont débarqués, ainsi que des pièces d'artillerie de la marine, pour établir des batteries sous le commandemant du capitaine de vaisseau Rigault de Genouilly, commandant de la Ville-de-Paris.
5 octobre : Sortie des Russes vers trois heures de l'après-midi ; ils brûlent une maison qui se trouve à 7 à 800 m de la place (Maison brûlée). Une reconnaissance faite dans la matinée par le général Bizot, soutenu par trois bataillons sous les ordres du général d'Aurelle, jusqu'à la maison du Clocheton. La place envoie des bombes et des boulets sans résultat. Pendant plusieurs jours, du matériel est débarqué.
6 octobre : Sortie des Russes, en même temps qu'une reconnaissance de l'ennemi (3 000 hommes environ descendant de Mackensie) jusqu'à la Tchernaïa
7 - 8 octobre : Reconnaissances : le capitaine du génie Schmitz est le premier officier atteint par le feu de la place. Il décède de ses blessures. Une ambulance est établie à la maison des Carrières, et une sous tentes au grand quartier général ainsi que des ambulances divisionnaires. Des corvées sont établies pour le transport de gabions, fascines, sacs à terre, projectiles, outils, etc., de la plage au dépôt des tranchées. Sortie des Russes vers la Maison Brûlée, à 11 heures du soir. Le Caffarelli, chargé de sonder, pendant la nuit, les approches des forts de l'entrée du port, s'échoue à portée du fort de la Quarantaine ; il est remis à flot avant le jour, sans avoir été aperçu par l'ennemi.
9 octobre - Abaissement de la température de plusieurs degrés au-dessous de zéro. Sortie des Russes vers la Maison Brûlée ; engagement peu sérieux. Ordre donné pour l'ouverture d'une tranchée sur le mamelon de la maison brûlée, dès la nuit tombée. Près de 1 000 m de tranchées sont creusés pendant la nuit, sans que les travailleurs soient inquiétés par l'ennemi. Mais ils ont souffert de la poussière soulevée par le vent.
10 octobre : Dès que l'ennemi voit les terres remuées et les parapets formés sur le mamelon de la Maison brûlée, il fait feu depuis la place. Des attaques et sorties jour et nuit tentent de gêner et interrompre les travaux. L'ambulance de tranchée dite du Clocheton est établie.
11 octobre : Les travailleurs fournis par l'infanterie aux services de l'artillerie et du génie, pour les opérations de siège, seront payés à raison de 40 centimes pour le travail de jour et 50 centimes pour le travail de nuit, avec, à titre de gratification et sur le lieu de travail, une ration extraordinaire d'1/16 de litre d'eau-de-vie. Le général en chef Canrobert est nommé au quartier général devant Sébastopol.
12 octobre : reconnaissance sur la Tchernaïa par le général Autemare. Etblissement de batteries.
13 octobre : la place russe continue un feu régulier. Armement des batteries françaises.
14 octobre : Toutes les batteries russes font feu pendant plus d'une heure.
15 octobre : une compagnie de francs tireurs est organisée, composée de 150 hommes choisis parmi les meilleurs tireurs. Les postes sont indiqués en avant des batteries françaises, à 7 ou 800 m du bation du Mât.
16 octobre : Dès le matin, une reconnaissance russe sortie du bastion du Mât essuie le feu des francs tireurs, et après un engagement de quelques instants et des pertes sérieuses, rente dans la place. L'ambulance de la maison des Carrières est supprimée, sa position, labourée par les boulets, n'est plus tenable.
17 octobre : vers six heures et demie du matin, au signal de trois bombes tirées coup sur coup, de la batterie de morts, le feu de toutes les batteries de terre des armées alliées et de tous les vaisseaux des trois flottes est ouvert contre la place de Sébastopol, soit 125 pièces françaises et anglaises, canons, obusiers, mortiers contre les 250 pièces russes.Toutes les troupes du corps de siège et de l'armée d'observation sont sous les armes. Une ambulance est établie près de la près de la maison dite du Génie. En peu de temps, deux batteries françaises sont fortement endommagées. Une bombe russe fait sauter le magasin à poudre de la batterie n°4, et cette explosion tue ou blesse 55 hommes. 16 sont tués dont 9 engloutis sous les décombres, 39 sont blessés ou brûlés dont deux officiers. Les batteries n°1 et 5 subissent à peu près le même sort. Un caisson de munitions saute dans une batterie anglaise. Enfin, un magasin à poudre d'une batterie russe du Redan fait explosion, ainsi qu'un magasin à poudre du fort Constantin. Plusieurs incendies se déclarent dans la ville et le faubourg. Pendant ce temps, les flottes alliées qui devaient ouvrir le feu en même temps sont retardées par un calme plat. Les escadres française et turque ne commencent leur feu qu'à une heure et l'anglaise n'est en ligne que vers 3 heures. Ce retard ne permet pas la réussite de l'opération. Une bombe atteint le vaisseau français la Ville-de-Paris, sous la dunette, tuant deux officiers et blessant sept autres. Ce bâtiment reçoit 150 boulets dans sa coque et sa mâture, tandis que le vaisseau anglais l'Albion en reçoit 93 dans sa coque et voit sa mâture rasée. L'ambulance de la maison du Génie reçoit également plusieurs boulés qui tuent deux mulets du caisson d'ambulance sans atteindre les hommes. 110 blessés atteints par de gros projectiles sont apportés à l'ambulance. 30 blessés, des marins, de la batterie de l'ancien fort génois, établie à peu de distance du rivage, sont transportés sur les bâtiments de la flotte. Dès les premiers soins faits, la plupart des blessés est évacuée sur l'ambulance du quartier général. Vers 4 heures du soir, une reconnaissance est faite par les Russes, sortie de la place vers les batteries. Mais l'ennemi ne s'avance pas et rentre à Sébastopol. Une deuxième compagnie de francs tireurs est organisée. Une 5e division française arrive au complet.
18 octobre : la frégate l'Orénoque embarque une partie des blessés de la flotte (38) et 450 scorbutiques (marins) et se rend dans le Bosphore où stationnent les frégates la Proserpine et la Belle-Poule, disposées en hôpitaux, comme succursales de l'hôpital de Thérapia, qui ne recevra, à l'avenir, que les blessés et les grands malades. Un régime exceptionnel (poisson frais, viandes et légumes frais, fruits acidulés et vin généreux) est accordé à ces deux bâtiments. Les malades peuvent descendre à terre et y prendre leur repas lorsque le temps ne s'y oppose pas. Pendant ce temps 600 travailleurs réparent les travaux endommagés par le feu pendant que les batteries anglaises, qui ont peu souffert, continuent leur feu. De nouvelles batteries et travaux de tranchée commencent devant le bastion du Mât. Pendant la nuit, une fausse alerte à lieu dans Sébastopole provoquant un grand nombre de coups de canon des Russes et une fusillade bien nourrie part des bastions.
19 octobre : Les travailleurs que quelque cagorie ils appartiennent, reçoit 1/16 de litre d'eau-de-vie, remplacée, pour les trucs, par une ration de sucre et de café. Le feu des batteries françaises commence avant 7 heures du matin, auquel répond aussitôt le feu de la place. Deux batteries françaises, dont une de marine, sont mises hors d'état. Les pièces sont renversées ou égueulées ; les artilleurs sont pour la plupart tués ou blessés. Pendant la nuit, réparation des parapets, des épaulements et de la gabionnade. Dans la journée, on compte 10 tués dont 2 officiers, et 82 blessés français, dont 14 seront amputés.
10 octobre : Explosion du magasin à poudre d'une batterie (n°2) de la marine. Pendant la nuit, sortie des Russes sur nos ouvrages ; ils sont repoussés et laissent 6 hommes tués et 4 blessés. Les troupes sont privées de repos et de sommeil. En compensation, une ration de vin leur est accordée (1/4 de litre).
22 octobre : dans la journée, les Russe démasquent de nouvelles batteries. Les bombes alliées ont incendié plusieurs parties de la ville. L'ennemi compte beaucoup de tués et de blessés.
23 octobre : Etablissement de francs tireurs derrière des sacs à terre : leur feu atteint les Russes qui se présentent aux embrasures pour charger leus pièces. A Eupatoria, un corps de cavalerie russe de 6 000 hommes est repoussé.
24 octobre : les batteries françaises ont beaucoup souffert et sont réduites à trois pour la continuation du feu. Une grande baraque en bois est donnée à l'ambulance du grand quarter général.
25 : Les travaux des tranchées deviennent de plus en plus difficiles : le roc est à fleur du sol et il faut l'entamer en utilisant des mines. Il y a peu de terre pour faire des parapets. Les hommes sont autorisés à remplacer l'eau pure comme boisson par de l'eau-de-vie diluée. Il leur est accordé un supplément de solde de 2 centimes. 30 grammes de riz par homme et par jour sont accordés ainsi que, deux fois par semaine, une ration de vin, les jeudi et dimanche. Le combat de Balaklava commence. Les Russes, dont la tête de colonne peut être estimée à 25 000 hommes avec 40 pièces de canon, sortent du village de Tchorgoun et attaquent les redoutes gardées par les Turcs, à environ 2 km du village de Kadikeueï. Ces redoutes ne consitutuent pas une défense sérieuse et sont enlevées par l'ennemi qui encloue les pièces et brise les affûts. Le 93e Highlander, en avant-poste sur la gauche, dans la plaine, est assailli par la cavalerie et l'artillerie russe. Cette première attaque est repoussée ainsi qu'une seconde. Mais les pertes écossaisses et turques sont importantes. L'attaque se développe et se généralise : infanterie, cavalerie, artillerie entrent au combat de part et d'autre. Les Russes attaquent la grosse cavalerie anglaise (Ecossais gris et dragons d'Enniskillen) et sont arrêtés et enfoncés. Une charge brillante, mais malheureuse, de la cavalerie légère anglaise est cruellement éprouvée ; le 4e chasseurs d'Afrique charge à son tour et sabre l'artillerie russe (il perd deux officiers de 11 hommes tués, 28 blessés) : les premiers avantages des Russes restent sans effet import, les positions qu'ils avait occupées sont reprises et ils opèrent leur retraite mais conservent une des redoutes. La cavalerie anglaise perd plus de 400 hommes (sur 600) tués ou blessés. Les Russes laissent 500 cadavres sur le champ de bataille. La charge de la brigade légère à donné lieu à un film du même nom, en 1936 avec Errol Flynn et Olivia de Havilland.