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Le drapeau des mobiles de Vendôme

Les dames de Vendôme remettent aux mobiles Heron et Richard, un drapeau en soie richement brodé. Il n'est pas vraiment réglementaire, ressemblant plus à un jouet d'enfant qu'à une enseigne de guerre mais il va recevoir le baptême du sang et du feu.

Richard en a la garde, et il le porte déployé à Coulmiers lorsqu'une balle le traverse, enlevant sans le blesser la patte rouge de son épaule. Lorsqu'il est déplacé à la 6e compagnie, il le confie à Armand Heron.

Armand Edouard Gabriel Heron devient le porte-drapeau de la 8e compagnie, 2e bataillon de la garde mobile du Loir et Cher.

Né à Vendôme en 1848, il est tailleur à Paris en temps de paix. Le capitaine de Maricourt le décrit comme "un loustic, boute-entrain, aux mots drôles de gamin de Paris".

Nous sommes le 2 décembre 1870, c'est la bataille de Loigny. Il gèle à pierre fendre.

 

Drapeau

Le combat fait rage depuis plusieurs heures, et c’est le massacre. Les rescapés de la 8e compagnie se réfugient dans le bourg.

Le sergent Jules Severin Tanviray de Villiers s’inquiète du drapeau qu’il ne voit plus. Quelqu’un répond que « Héron est tué »……….. le drapeau est resté sur le champ de bataille.

Impensable pour le sergent qui repart le chercher dans la plaine sous les balles allemandes et françaises.

Il refait le chemin à l’envers, trouve le corps d’Armand Heron, le cerveau traversé d’une balle et couché sur le fanion de la compagnie.

Jules Tanviray ramasse la petite loque sanglante et glorieuse, malgré la grêle de balles qui s’abat sur lui et rejoint ce qui reste de la compagnie, dans le bourg de Loigny. Puis c’est la fuite pour reprendre le combat plus loin.

La guerre continue. Les soldats tombent, les officiers et sous-officiers aussi.

Le sergent Tanviray commande désormais la compagnie et pour ne pas le perdre, cloue sur son sac, le petit drapeau de la 8e.

Ce drapeau va guider la compagnie jusqu’à la fin de la guerre. Mais Jules Tanviray le perd pendant une étape durant l’armistice.

Officiellement, Armand Edouard Gabriel, 22 ans, est porté disparu lors de la bataille. Son corps non identifié a dû rejoindre les autres inconnus inhumés sur place et dont l’église de Loigny a recueilli les ossements comme une sinistre préparation à Douaumont, cinquante ans plus tard.

Jules Severin Tanviray, né en 1847 à Pray, est élève agriculteur à Nozay dans la Loire Atlantique avant-guerre. Ces parents sont décédés. Après l’armistice, il s’installe d’abord à Vendôme puis part dans la région de Tours.

Un tableau de son exploit sur le champ de bataille de Loigny a été peint par Antony Eugène Renouard. Il est exposé au musée de Vendôme.

Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 4 juin 2016