• Description

Si la guerre de 1870 fut une succession d’échecs pour l’armée française, la bataille de Coulmiers (Loiret) sort du lot pour être l’une de nos rares mais plus importantes victoires de ce conflit.

Le 9 novembre 1870, après sept heures de combat, l’ennemi bat en retraite sur Janville, Toury et Etampes.

Les pertes françaises se montent à 923 tués et blessés alors que les pertes prussiennes sont de 1223 tués (69), blessés (533) et disparus (621).

Les mobiles de la Sarthe ont à eux seuls 218 morts et blessés.

Pendant la nuit, les ambulances parcourent encore le champ de bataille à la recherche des blessés à sauver et des morts à enlever. Le temps est épouvantable. Certains blessés se sont trainés jusqu’aux fermes voisines, parfois pour y mourir faute de soin.

L’ambulance n°3 dirigée par le docteur Ledentu, chirurgien en chef, arrive dans l’après-midi des combats mais doit s’arrêter à Saintry, petit village à deux km de Coulmiers. Il s’y installe dans une grange et quelques maisons mais faute de moyen de transport, il ne peut qu’attendre les blessés.

Le lendemain, il peut enfin s’installer à Epieds où il envahit l’église, la mairie, l’école des filles et des garçons, les deux cafés et plusieurs granges. Il y reste jusqu’au 25 novembre.

317 blessés passent par Saintry et Epieds.

Le 75e régiment de mobiles, comprenant des mobiles du Loir et Cher et des mobiles de la Sarthe, a plusieurs tués et une dizaine de blessés.

Six hommes de la 8e compagnie (Vendôme-Selommes) sont atteints et soignés à Epieds.

Etonnamment, ils n’ont pas combattu ce jour-là. Ils étaient en réserve à l’extrême gauche de la ligne de bataille. Ils assistent impuissants au combat. Leurs ordres sont clairs et ils subissent une des plus dures épreuves de la guerre, d’après le capitaine de Maricourt : « recevoir tous les projectiles, l’arme au pied, et sans bouger ».

C’est ainsi que six d’entre eux tombent sous « les obus qui fouillaient la terre tout autour de nous, les balles bourdonnaient à nos oreilles, brisaient les piquets de tente, perçaient les gamelles sur les sacs, et de temps à autre entraient dans la chair vive avec un claquement mat suivi de la chute d’un corps » !!!! absurdité de la guerre.

La 1ere compagnie par contre va au combat. Théophile Alleaume est sergent major de la 1ere compagnie des mobiles du Loir et Cher. Dans le civil, il est tonnelier à Onzain, âgé de 23 ans.

Il est « tué à l’ennemi » dès les premiers tirs, atteint de deux balles, l’une en pleine poitrine et l’autre dans la tête.

Chose rare et poignante, ses parents viennent reconnaître son corps sur le champ de bataille.

Ils le font transporter à Onzain où il est inhumé le 13 novembre. Il était leur seul fils.

Aucun acte de décès à son nom n’est dressé dans la commune.

Coulmier


Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 3 juin 2016