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Et pour finir ce challenge, la lettre Z et le 3e zouaves à Beaune-la-Rolande.

Les combats de Beaune-la-Rolande (Loiret) commencent dès 8 heures du matin, le 28 novembre 1870.

Les prussiens ont transformé le bourg en camp retranché et crénelé les maisons d’où ils mitraillent à bout portant les soldats français dont le 3e zouave.

Les français réussissent néanmoins à entrer dans le village et le combat devient un corps à corps. Mais cette bataille est déjà perdue et les français battent en retraite et abandonnent aux mains de l’ennemi près de 1 400 morts et blessés.

zouaves

Le 3e zouaves de marche est sévèrement touché, avec la perte de 700 hommes dont 17 officiers tués ou blessés.

Une ambulance de Woolwich, sous la direction du docteur Guy, vient se mettre sous les ordres du prince de Hesse à Beaune la Rolande pour soigner les blessés français restés dans la ville.

Plus de 306 soldats français parmi lesquels des blessés très graves, ont été recueillis dans les maisons voisines du champ de bataille et laissés presque sans soin. L’ambulance doit rester plus d’un mois sur place pour parvenir à tous les soigner.

Une grande partie d’entre eux est évacuée sur les hôpitaux de Pithiviers, mais les médecins anglais rechignent à bouger des blessés gravement atteints et restent donc sur place avec eux.

Parmi les zouaves blessés se trouvent :

Joseph François Jean César Raibaldi, 34 ans, natif de Castellare di Mercurio (Haute Corse), sergent. Une balle lui fracture le genou gauche et le fémur. Il est amputé de la cuisse. Après 14 ans 11 mois et 11 jours de service et 6 ans de campagne, de retour chez lui à Castellare, il va recevoir 565 francs de pension annuelle pour perte d’un membre.

Charles Auguste Ramilly, 27 ans, natif de Sées (Orne). Il est blessé à la face par un coup de feu qui provoque une fracture comminutive de l’os malaire. Les mouvements de la mâchoire sont gênés. Après 2 ans 7 mois et 1 jour de service et 4 ans de campagne, il retourne dans ses foyers, à Alençon et obtient une pension de 365 francs annuelle pour blessures à compter du 15 mars 1871.

François Louis Taudière, 36 ans, natif de Sanzay (Deux-sèvres). Il souffre d’une plaie contuse à la tête par coup de feu. Resté sur le champ de bataille, son pied droit a été congelé au point que l’on doit lui amputer la jambe. Après 7 mois et 14 jours de service et 1 an de campagne, il est de retour dans ses foyers, à Argenton-Château. Il va bénéficier d’une pension de 465 francs par an pour perte d’un membre.

Louis Hiltz, 17 ans, natif de Ribeauville (Haut-Rhin). Il a le fémur droit fracturé par un coup de feu. Il est amputé de la cuisse. Après 6 mois et 15 jours de service, un an de campagne, il rentre à Orléans, où lui est attribuée une pension de 465 francs à compter du 8 mars 1871 pour perte d’un membre. Le 16 août 1872, assisté de son père, il opte pour la nationalité française.

Parmi les zouaves morts au combat ou des suites de leurs blessures se trouvent,

Adrien Lostriat, 33 ans, natif de Roanne (Loire), brigadier au 3e zouave, marié le 22 avril 1865 à Marie Fontenille, décède le 28 novembre, tué à l’ennemi. Il faut un jugement en 1874 pour qu’il ait un acte de décès.

Louis Jules Gesnouin, 29 ans, incorporé le 8 septembre 1870, natif de Saint Hilaire (Manche), décède le 28 novembre 1870. Aucun acte de décès n’est dressé avant que son frère ne le demande. Le tribunal de Pithiviers dresse donc un jugement déclaratif de décès en 1884.

Etienne Berger, 28 ans, époux de Jeanne Marie Mancoy depuis le 1er août 1868, de Saint Etienne (Loire), est porté disparu à la bataille de Beaune la Rolande. A la demande de sa femme, un jugement déclaratif de décès est dressé en 1875 au tribunal de Saint Etienne. Une pension pour veuve de guerre est adressée à sa femme à Saint Etienne, à compter du 29 novembre 1870.

François Léon Brouinsard , 32 ans, natif de Nantes (Loire Atlantique), époux depuis le 13 août 1864 de Denise Louise Febvre, décède chez Jacques Bouvet, au hameau d’Orme le 11 décembre. Sa femme, domiciliée à Nantes, va recevoir 232 francs de pension comme veuve de guerre.

Nicolas Célestin Demange, 22 ans, natif de Chatel (Vosges), décède le 15 décembre, à l’ambulance de l’école communale.

Gustave Alphonse Hedier, 20 ans, natif de Sotteville les Rouens, décède le 18 décembre à l’ambulance de l’école des garçons.

Louis Auguste Masson, 29 ans, natif de Saverne, décède le 20 décembre à l’ambulance de l’école des garçons.

Henri Auguste Cottereau, 20 ans, natif de Conflans (Sarthe), décède le 20 décembre à l’ambulance de l’école des garçons.

Auguste Bringuier, 20 ans, natif de Batignolles (Paris), caporal de la deuxième compagnie, décède le 31 décembre à l’ambulance de l’école des garçons.

Sylvain Cornavain, 25 ans, natif de Bourges, décède à l’ambulance de l’école des garçons le 8 janvier 1871 mais son acte de décès n’est écrit que le 6 avril, date à laquelle le maire, dans l’incapacité avant ce jour de remplir les registres de l’état civil, entreprend d’écrire les actes de décès dont les déclarations lui ont été faites pendant l’occupation prussienne.

Pour les mêmes raisons, l’acte de décès de Léon Morel, 20 ans, natif de Vevey (canton de Vaud, Suisse), décédé le 20 janvier à l’ambulance de l’école n’est rédigé que le 6 avril.

Le peintre impressionniste français Frédéric Bazille, 28 ans, natif de Montpellier, engagé volontaire en tant que sergent fourrier, est tué de deux balles. Son père récupère son corps sur le champ de bataille, quelques jours plus tard et fait ériger un monument à l’endroit même, sur le champ de bataille, où son fils a perdu la vie. Aucun acte de décès n'est dressé pour lui à Beaune-la-Rolande.

Bazille Frederic


Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 30 juin 2016