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Une simple erreur de date

Bethancourt

Le 20 octobre 1921, le tribunal déclare que Aimé Léopold Charbonnier, soldat au 369e régiment d'infanterie est décédé le 20 août 1918 et ce jugement, tenant lieu d'acte de décès, est retranscrit dans les registres de l'état civil de la commune de Thésée. Pourquoi ce jugement ? Parce qu'Aimé Léopold Charbonnier était porté disparu et que son décès n'a pu être enregistré dans les délais.

Sauf que........... la date du 20 août 1918 est en réalité la date du procès verbal constatant l'inhumation d'Aimé Léopold et non celle de sa mort qui a plus probablement eu lieu à la date de sa disparition, le 11 juin 1918. Il va donc falloir procéder à un second jugement déclarant que Aimé Léopold Charbonnier est mort pour la France le 11 juin 1918 à Machemont.

Voilà comment, grâce à une simple erreur de date, nous en savons plus sur la mort d'Aimé Léopold car pour rendre ce second jugement, plusieurs pièces ont été fournies au tribunal qui sont parvenues jusqu'à nous.

Aimé Léopold, né le 9 décembre 1891 à Thésée, fils de Louis Pierre Charbonnier et Rosalie Brault, célibataire, est soldat au 369e régiment d'infanterie.

Aimé Léopold a disparu le 11 juin 1918 à Machemont, dans l'Oise, et son corps a été retrouvé dans la région même où il a été porté disparu, d'où la nouvelle date de décès. Du moins c'est ce que dit le second jugement.

Les pièces jointes au dossier racontent son histoire :

  • L'acte de disparition dressé le 15 juillet 1918 par Norbert Goupy, lieutenant au 369e régiment d'infanterie indique qu'il est porté disparu le 11 juin 1918 à Bethancourt, dans l'Oise. Il indique comme présomption qu'Aimé Léopold est peut-être prisonnier.
  • Le procès-verbal de constatation de décès d'un militaire dont le corps a été retrouvé sur le champ de bataille est lui, daté du 20 août 1918. Le même Norbert Goupy remplit ce procès-verbal. En présence de Georges Hauleux, sergent au 369e et Aimé Caire, brancardier au 369e, il constate le décès sur le champ de bataille de Machemont, Oise, d'après les effets portés sur lui et sa plaque d'identité. Aimé Léopold est inhumé à Bethancourt, dans le jardin du n°7 en face du château.
  • Le 27 février 1920, son corps est exhumé et le compte rendu de cette exhumation est enregistré numéro 3452. En présence de Jules Batut et Raymond Bouter du 54e régiment d'infanterie, l'officier repère la tombe grâce à la croix comportant les mentions Rnt Blois Charbonnier Aimé 369e RI 19e Cie mcle1831 cl1911. L'examen du corps permet de recueillir sa plaque militaire. Le corps, placé dans un cercueil, est inhumé au cimetière militaire de Ribecourt tombe 209.
  • Son état signalétique est joint : cheveux châtains, yeux bleus, front vertical, nez rectiligne, visage ovale, taille 1.64 m. Incorporé au 113e infanterie le 10 octobre 1912, arrivé au corps et soldat 2e classe le douze, parti au 113e infanterie en campagne le 5 août 1914, évacué le 15 mars 1915, blessé d'un éclat d'obus en séton au pouce de la main droite en forêt d'Argonne, rentré au dépôt le 6 mai 1915, passé et incorporé au 369e régiment d'infanterie le 8 juillet 1915, arrivé au corps et soldat 2e classe ledit jour, passé au 369e régiment infanterie en campagne le 10 juillet 1915, évacué blessé le 27 octobre 1917 par éclat d'obus, plaie superficielle région sus claviculaire, au chemin des dames, rejoint au front le 369e infanterie le 28 décembre 1917, disparu le 11 juin 1918 à Bethancourt, décès constaté le 27 août 1918.
  • Son extrait de naissance complète le dossier.

Tout cela grâce à une erreur de date.

Les cérémonies du 11 novembre sont pour lui et ses compagnons d'infortune, pour qu'on ne les oublie pas

Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 11 novembre 2016