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Second siège de Paris :

L’armée régulière continue son avancée, rue par rue, barricade après barricade.

Elle doit repousser les insurgés entre les fortifications, le canal de l’Ourq, le canal Saint-Martin, le boulevard Richard-Lenoir, la place de la Bastille, la rue du Faubourg-Saint-Antoine, la place du Trône et le cours de Vincennes. De cette manière, les corps Ladmirault et Vinoy pourront, en longeant la ligne de fortification, s’emparer des hauteurs, près des portes des Prés-Saint-Gervais, de Romainville et de Ménilmontant qui dominent toutes les positions occupées par les insurgés : les buttes Chaumont, le cimetière du Père-Lachaise et les barricades des boulevards extérieurs de Belleville, Ménilmontant et Charonne.

De là, ces deux corps doivent redescendre sur les positions des insurgés, s’en emparer en repoussant ces derniers sur la ligne occupée par les corps de Douay et Clinchant. C’est l’objectif de la journée.

Pour y parvenir, le corps du général Vinoy doit s’emparer de la Bastille et de la place du Trône pendant que les corps Douay et Clinchant doivent s’établir sur la ligne du canal Saint-Martin et le corps Ladmirault s’étendre, sur sa gauche, le long des fortifications.

Les barricades autour de la place de la Bastille la rendent inaccessible par les boulevards et les rues de l’Ouest. Il faut passer par l’Est. C’est le général Derroja qui est chargé de cette mission, en utilisant le remblai du chemin de fer de Vincennes.

26 MAI

A deux heures du matin, la brigade Derroja passe par le quartier de Bercy, atteint l’embarcadère de Bel-Air, s’empare du poste caserne du bastion n°8, tourne à gauche en suivant la voie ferrée où elle est prise sous un feu violent des insurgés, réussit à atteindre la gare de Vincennes dont elle s’empare.

 De son côté, le brigade La Mariouse, secondée par la brigade Langourian, prend les barricades de l’avenue Lacuée et du boulevard Mazas, à l‘ouest du chemin de fer, et parvient à la rue du Faubourg-Saint-Antoine. L’armée a réussi à contourner toutes les défenses de la place de la Bastille, obligeant les insurgés à se réfugier vers la place du Trône.

https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/prise-de-la-bastille-le-25-mai-1871#infos-principales

A deux heures de l’après-midi, après la prise de la Bastille, le général Vinoy peut lancer ses colonnes sur la place du Trône.

La brigade La Mariouse suit la rue Erard et le boulevard Mazas mais se retrouve bloquée par les insurgés retranchés dans la caserne Reuilly et par une énorme barricade construite à l’intersection des rues de Reuilly et du Faubourg-Saint-Antoine.

Le 35e de ligne prend d’assaut la caserne et s’en rend maître. La barricade n’est prise qu’après l’intervention de l’artillerie.

La brigade Derroja quitte la voie ferrée et se dirige vers la place du Trône en passant par le boulevard Mazas et la rue Picpus. La brigade Bernard de Seigneurens suit les quais de la Râpée, passe par les boulevards de Bercy, de Reuilly et de Picpus. La brigade Grémion occupe, pour sa part, les postes des fortifications, depuis la Seine jusqu’à la porte de Vincennes.

A huit heures du soir, les insurgés sont délogés de la place du Trône, mais leurs batteries placées près de la mairie du 11e empêchent les troupes de s’y maintenir et elles doivent bivouaquer dans les rues voisines.

Pendant ces opérations, le corps Douay, dont les troupes bordent les boulevards du Temple, des Filles-du-Calvaire et Beaumarchais, passent cette ligne sous les tirs nourris des insurgés et réussit à prendre le triangle formé par la ligne des boulevards et le boulevard Richard-Lenoir. Pendant l’attaque, le général Leroy de Dais est tué, dans la rue Saint-Sébastien.

Le corps Clinchant s’empare à l’aube du théâtre du Prince-Impérial et du cirque Napoléon, en passant à travers les maisons. Il s’installe le long du canal. Toute la journée, il est la cible d’un violent feu d’artillerie venant des Buttes-Chaumont et du Père-Lachaise.

Le corps Ladmirault, à gauche, continue son mouvement sur les Buttes-Chaumont. Il s’empare des barricades des rues Riquet, de Flandre et de Kabilie, prenant ainsi possession de la place de la Rotonde. Les insurgés ne la quittent qu’après avoir incendié la raffinerie de sucre et les magasins de la douane.

La brigade Dumont, continuant sur la gauche, prend la ligne du canal Saint-Denis, et enlève les bastions 29. 28. 27 et 26, atteignant l’abattoir général.

Dans la soirée, la ligne de bataille forme un demi-cercle s’étendant de la porte de Vincennes à la porte du canal de l’Ourcq, en suivant la rue du Faubourg Saint-Antoine, le boulevard Richard-Lenoir, le canal Saint-Martin et le bassin de la Villette.

Au 91e de ligne, de la Brigade Grémion, du corps Vinoy, Etienne Barère est blessé d’un coup de feu à l’épaule droite. Louis Damiens est blessé d’un coup de feu à la cuisse droite. Le capitaine Emile Paratché est blessé au poignet. Ferdinand Pougiat est blessé à la tête par un éclat d’obus. Jacques Pierre Calas, vingt-sept ans, de Lacaze, Tarn, doit être amputé de la cuisse, le fémur droit fracturé par un éclat d’obus.

L’ambulance volante du marquis de Hertfort est au pont d’Austerlitz où elle soigne trente-cinq blessés du 35e et du 42e de ligne. Au 35e de ligne, Henri Charles Bordeaux a le pied gauche fracturé ainsi que des orteils du pied droit, par deux coups de feu. Jean Baptiste Célestin Collot, vingt-cinq ans, d’Ayoilles, Vosges, a la jambe droite fracturée par un coup de feu. Firmin Honoré Michel est touché par deux coups de feu au bras droit et à la jambe droite.

L’ambulance part ensuite à la Bastille.

Lors de la prise de la Bastille, au 110e de ligne, Jean Le Jeune, vingt-quatre ans, de Garlan, Finistère, doit être amputé de la jambe droite, fracturée par un coup de feu. Le caporal Pierre Magnin est touché à la main gauche lors de la prise de la Bastille et doit être amputé d’un doigt. Au 79e de ligne, Pierre André Bassot, vingt -ans, de Champ, Isère, sergent, est blessé par une balle qui lui fracture l’os iliaque gauche. Joseph Elie Pinat, vingt-un ans, de Châteaudouble, Drôme, a la jambe gauche fracturée par balle. Sa jambe, raccourcie de six centimètres, en restera atrophiée.

Parmi les insurgés, la folie meurtrière de Raoul Rigault continue, bien qu’il ait été lui-même capturé et fusillé par les chasseurs, au coin de la rue Gay-Lusac. Les otages doivent être exécutés. A la Roquette, quinze prisonniers sont fusillés dont M. de Vraisse, ancien employé de la Préfecture de police, les père Radigue et Ollivain de la Compagnie de Jésus et un jeune séminariste de tout juste vingt ans, M. Seigneuray, fils du directeur du collège de Lons-le-Saulnier.

Trente-huit gendarmes et seize prêtres sont conduits au Père-Lachaise et passés par les armes. L’armé n’a pas avancé assez vite pour les sauver.

En Allemagne, enfin, trois mille soldats français prisonniers sont rapatriés. D’autres suivront, par détachement, jusqu’au 14 juin.

A Ulm, en captivité, Pierre Nicolas Lesinces, de la Horgne, Ardennes, soldat au 2e régiment d’infanterie de marine, n’aura pas cette chance. Il décède de phtisie.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 26 mai 2021