• Description

A Paris, les marins de Toulon peuvent enfin repartir vers leur port d’attache, la ligne de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée a repris son service.

Au total, ce sont 240 000 soldats, marins et gardes mobiles désarmés qui quittent la capitale pour être remplacés par une garnison autorisée par la convention d’armistice. La commune aurait-elle eu les mêmes effets s’ils étaient restés ? Quel camp auraient-ils choisi ?

Les militants de l’internationale prennent le contrôle du Comité central de la Fédération des gardes nationales, avec seize membres sur trente-huit. Les blanquistes n’ont que trois membres. Ils prennent, en revanche, le contrôle de l’organisation militaire. Le drame se met en place.

Chambery

A Chambery, une effroyable catastrophe se produit à onze heures du matin. Pour une raison indéterminée, la fabrique de cartouches de Sainte-Claire explose. Heureusement, il n’y a, dans l’atelier, que la quantité de poudre nécessaire pour la fabrication du jour. Mais les conséquences sont dramatiques. Dix-huit personnes sont tuées, dont Jean Louis Godard, vingt-neuf ans, natif de Nice, garde-mines et chef d’atelier. Une quarantaine de personnes sont blessés, certaines grièvement.

Jean Louis Godard est le seul déclaré mort sur place. Les autres sont déclarés morts à l’hôtel-Dieu de Chambery, à onze heures du matin, heure de l’explosion. Il s’agit de Louis Pollet, trente-quatre ans, tailleur de pierres, François Dabène, quarante-huit ans, peintre en bâtiments, Joseph Gaudin, vingt-et-un ans, jardinier, Marie Gagnière, quatorze ans, couturière, Christine Berthet, vingt ans, couturière, Jeannette Berlioz, trente-neuf ans, ménagère, Anne Delorme, quarante-cinq ans, ménagère, Jeannette Tournier, vingt ans, couturière, Jean Claude Denat, trente ans, cordonnier, Marie Botto, quarante-deux ans, ménagère, Antoinette Gagnere, quarante-huit ans, ménagère.

Il est difficile d’identifier les autres victimes, mortes dans les heures qui ont suivi et donc les actes de décès sont « mélangés » avec les autres, sans distinction particulière.

Les six derniers morts restent à identifier. Il peut s’agir de Joseph Georges Gonnella, cinquante-et-un ans, concierge, de Marie Courrier, dix-neuf ans, journalière, décédés à une heure de l’après-midi, de Louise Martin, vingt-huit ans, ménagère, Jeannette Guiguet, trente ans, ménagère, décédées à deux heures de l’après-midi, de Thérèze Bachasson, cinquante-quatre ans, journalière, décédée à quatre heures de l’après-midi. Le sixième serait Pierre Lassale, garde-mobile de la Haute-Garonne, vingt-cinq ans, natif de Bira, décédé à l’hôpital de Saint-François, à dix heures du soir. Ce sont les seuls morts du jour après 11 heures du matin.

Sur les dix-huit morts, onze sont des femmes, parfois de très jeunes femmes.

Si d’autres sont morts des suites de leurs blessures, il faudra lire la presse locale pour le savoir éventuellement.

A Bitche, les troupes sont convoquées dans le camp retranché pour recevoir, des délégués de Bitche, un drapeau que leur offrent les habitants. Cette solennité est l’occasion des démonstrations le plus touchantes. Les soldats et les habitants ont vécu tant de drame, tant de choses ensemble, unis. Les premiers vont repartir, rentrer chez eux. Les autres vont rester, en terre allemande, devenus allemands par fait de guerre.

A Ulm, en captivité, Laurent Gimet, de la Palisse, Allier, soldat au 41e de ligne, et Anthelme Portier, de Novalaise, Savoie, soldat au 15e d’artillerie, décèdent de pneumonie.

A Mayence, en captivité, Jean Marie Ouvrard, de la Loire-Atlantique, soldat au 2e chasseurs, décède de dysenterie après deux semaines d’hospitalisation. Augustin Jorat, d’Orgey, en Savoie, soldat au 67e de ligne, et Julien Laurent, de Sedan, dans les Ardennes, soldat au 96e de ligne, décèdent du typhus. Le premier a été hospitalisé pendant deux mois, le second, pendant près de quatre mois.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 15 mars 2021