• Description

Armée de la Loire, la neige cesse enfin de tomber et la température, très basse, redevient quand même supportable aux troupes en retraite. L’armée continue sa marche et campe à Saint-Maixent, pour le 21e corps, de Coudrecieux à Maisoncelles, pour le 17e corps, le centre à Montreuil-le-Henri.

C’est là que se trouve le 75e régiment de mobiles, Loir-et-Cher et Maine-et-Loire.

Le général Barry campe de Lavenay, par la Maladrerie, sur Jupilles.

Nous ne sommes plus dans les vastes plaines de Beauce, si néfaste à l’armée française, mais dans un territoire accidenté qui permet au général de Chanzy d’envoyer des petites troupes de cavalerie légère, composées d’hommes d’élite, bien montés, commandés par des officiers soigneusement choisis. Ils ont pour ordre de faire à l’ennemi, la guerre d’avant-gardes, de surprise, et d’embuscade. Ils doivent harceler un ennemi aussi épuisé que les sont les troupes françaises. Ils doivent enlever des convois, des canons mêmes et ils le font, allant parfois jusqu’au milieu des colonnes prussiennes.

Pendant que la cavalerie se livre à cette guérilla, le génie coupe, après le passage des dernières troupes françaises, les routes, les chemins, fait des abatis d’arbres pour retarder la marche de l’ennemi.

L’ambulance volante de Pont-l’Evêque continue à chercher, sur les champs de bataille, les blessés oubliés. Mais ils sont arrêtés par les avant-postes prussiens.

A l’Est, Cremer attend à Nuits l’aide de Garibaldi depuis le 1er décembre, en vain.

Dès quatre heures du matin, le bataillon de mobiles de la Gironde part, sans sacs et sans couverture (ce sont les ordres), pour occuper la crète des hauteurs situées à l’ouest de Gevrey. Il doit y reconnaître le plateau jusqu’à Curley et Chamboeuf et y laisser des petites postes. Le bataillon doit protéger une reconnaissance faite par la 1ère légion sur la route de Dijon.

A six heures, le bataillon a pris position et vers huit heures, leur commandant voit sortir de Dijon, une colonne prussienne.

A huit heures et demie, les premiers prussiens arrivent à Gevrey où ils sont accueillis par les soldats français.

A onze heures, une forte colonne prussienne, la deuxième, attaque les petits postes qui gardent la route de la montagne. Les mobiles de Gironde se replient sur Nuits, contre lequel une troisième colonne ennemie s’avance, en passant par les bois de Saint-Nicolas.

Les prussiens sont maîtres de hauteurs parallèles à la grande route qui ramène les mobiles à Nuits. La bataille s’engage. L’artillerie française, en position sur le plateau de Chaux fait des ravages dans les troupes prussiennes. Une compagnie de la Gironde et une section de grand’garde à Concoeur et la Serrée affrontent les premiers la colonne prussienne qui arrive par la montagne. Elles doivent se retirer en combattant, sur le plateau de Chaux. Deux compagnies et une section sont envoyées pour défendre et soutenir l’artillerie. Trois compagnies, sous les ordres du commandant, occupent en tirailleurs l’aile droite, en avant du chemin de fer. La 2e légion du Rhône, placée au centre et chargée de défendre la gare et la route de Citeaux ne résistent pas et s’enfuie. La 1ère légion, placée à l’aile gauche, se bat pour garder sa position pendant une grande partie de la journée.

Les trois compagnies du bataillon de Gironde se retrouvent seules sur le champ de bataille et soutiennent un feu très vif à soixante mètres de distance.

18décembre

Le commandant fait sonner la retraite qui s’exécute en tirailleurs, en ordre de bataille, sans cesser le combat. Les trois compagnies réussissent à regagner le plateau de Chaux où se trouve l’artillerie. Quarante hommes restés en arrière pendant la retraite, rejoignent un bataillon du 57e de marche qui arrive de Beaune. A deux reprises il a tenté de pénétrer dans Nuits, occupée par les prussiens, sans succès. Les pertes françaises s’élèvent à 1 200 hommes hors de combat. Le bataillon de la Gironde a 18 tués et 20 blessés, dont un officier, et 30 des mobiles de grand’garde à Concoeur et à la Serrée ont été faits prisonniers.

Cremer retourne à Beaune, et les allemands à Dijon. Bilan des combats, un millier de tués ou blessés de chaque côté.

Au 32e de marche, le lieutenant-colonel Graziani est tué, le lieutenant Lemaire et le sous-lieutenant Saudadier sont portés disparus ; le lieutenant Thonier Laforêt est blessé (il décèdera le 23), et le capitaine adjudant major Arnaud est blessé. Au 57e de marche, neuf officiers sont blessés, dont le chef de bataillon Tochon. Le capitaine Aubrion du 9e régiment d’artillerie, 22e batterie, est blessé. Au 3e bataillon des gardes mobiles de la Gironde, le lieutenant Paris est blessé. Dans la garde nationale mobilisée, à la 1ère légion du Rhône, cinq officiers sont tués, dix-huit sont blessés, dont cinq mourront de leurs blessures. A la deuxième légion, deux sont tués et six sont blessés. Dans les corps francs, le capitaine Millot des éclaireurs du Rhône est tué, deux autres capitaines sont blessés.

A Belfort, Théodore Mayer, sapeur-pompier, est grièvement blessé par un éclat d’obus alors qu’il est en train d’éteindre un incendie, à l’hôpital militaire. Depuis quinze jours que dure le bombardement, les maisons particulières n’ont jamais autant souffert : Le Coinot, le faubourg de France, le Fourneau, la Ville, ont reçu des milliers d’obus. A l’église, pendant l’office, de nombreux projectiles viennent éclater contre les murs. Un mobile est touché par un éclat d’obus, devant le portail.

A l’hôpital militaire, le docteur Bley est blessé et un infirmier est tué pendant qu’ils soignent un blessé ; une religieuse est grièvement blessée.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 18 décembre 2020