• Description

LaFontenelle

Jean Pierre Yson et Françoise Louise Joséphine Gueret se marient le 4 novembre 1835, à la Fontenelle, en Loir-et-Cher. Installés au Poislay, ils vont avoir neuf enfants, cinq garçons et quatre filles.

Lorsque la guerre éclate, deux des filles et un des garçons sont déjà décédés : le deuxième fils, Pierre François Denis, à l’âge de deux ans, en 1843, la plus jeune des filles, Alphonsine Alexandrine Laurence, à l’âge de sept ans, six ans plus tôt, et Louise Adrienne, un an plus tôt, à l’âge de vingt-quatre ans. Cette dernière, jeune mariée en urgence, a accouché d’une petite fille deux mois après son mariage. Elle est décédée quatre mois plus tard, suivie deux mois après par son bébé.

La fille aînée, Léonie, deuxième de la fratrie, est mariée depuis huit ans et vit dans l’Eure-et-Loir.

Le fils aîné, Pierre Denis, est marié depuis six ans et père de famille.

François Joseph, le sixième enfant et quatrième fils est de la classe 1868. Le 17 mars 1869, il est déclaré bon pour le service militaire mais exempté, ayant déjà un frère au service, Narcisse Adolphe, de la classe 1863, qui traîne quelque part en Chine où il fait campagne avec son régiment, le 1er régiment d’artillerie de marine.

Il est inscrit sur la liste de la garde mobile et, en attendant, le 18 juin 1870, il se marie avec Valentine Beaugendre, au Poislay.

Deux semaines plus tôt, le 1er juin 1870, son frère, Narcisse Adolphe, revenu de l’autre côté de la planète, âgé de vingt-six ans, s’est également marié, à la Fontenelle. Il a épousée une jeune veuve, âgée de trente-trois ans, Césarine Zoé Melet.

Césarine s’est mariée en premières noces, en 1856, à l’âge de vingt ans, avec un veuf, Jean Chevalier, âgé de soixante-dix ans. Elle va avoir cinq filles et en perdre trois, deux bébés et une, Césarine, à l’âge de onze ans. Elle est veuve depuis quatre mois lorsqu’elle perd la petite Césarine. La vie est difficile pour les femmes veuves avec enfant, mais il y a Narcisse Adolphe et tout semble aller pour le mieux.

Les deux couples se sont installés à la Fontenelle.

Lorsque la guerre éclate, Narcisse Adolphe est rappelé sous les drapeaux, le 20 juillet 1870, et il rejoint son régiment, le 1er régiment d’infanterie de marine.

François Joseph part avec le 2e bataillon, 5e compagnie, de la garde mobile du Loir-et-Cher.

Mais Césarine est enceinte de son sixième enfant, leur premier. Le 12 février 1871, elle est près d’accoucher lorsque le maire de la Fontenelle écrit pour elle une demande de secours. Son mari a survécu à la guerre, mais il est à Cherbourg, avec son régiment. Le peu de ressources qu’elle avait au départ de son mari a fondu. Elle n’a pas pu faire de demande d’aide plus tôt, la région ayant été envahie et les communications interrompues avec les administrations.

Elle accouche le 7 mars 1871 d’une petite fille, Louise Adelphine Ambroisine. Seule et sans ressource, elle fait une nouvelle demande d’aide auprès du comité de secours du Loir-et-Cher, le 27 mars 1871.

Elle n’est pas la seule à être en grande difficulté. Son beau-frère, François Joseph, est rentré de la guerre, le 7 mars 1871, mais il est souffrant et incapable de gagner sa vie avant longtemps. Pendant son absence, sa femme, Valentine Clémentine Beaugendre, a contracté des dettes pour vivre. Le 19 avril 1871, le maire de la Fontenelle fait une lettre de demande de secours en son nom.

Les deux hommes sont rentrés de la guerre, malheureusement pour peu de temps pour Narcisse.

Le 15 avril 1876, à Saint-Avit, Narcisse Adolphe décède à l’âge de trente-deux ans, laissant Césarine veuve une seconde fois, avec de jeunes enfants. Elle ne lui survivra que cinq ans. Elle décèdera à son tour, le 19 mars 1881, à Saint-Avit, laissant quatre orphelines, ses deux filles de son premier mariages, âgée de vingt et un et quinze ans, et les deux filles de Narcisse, Louise, dix ans et Césarine, huit ans, née en 1873.

Marie Joséphine Yson, la plus jeune sœur, mariée trois ans plus tôt, avec Louis Jean Boucher, décède à son tour, à l’âge de vingt-six ans, le 16 mars 1877, à la Fontenelle. Le plus jeune frère, Louis François Yson, marié en 1875 avec Véronique Isabelle Beaugendre, à La Fontenelle, décède à Droué, le 29 mars 1878, à l’âge de vingt-cinq ans. Moins de deux mois plus tard, le père, Jean Pierre Yson, décède à son tour au Poislay.

Françoise Gueret, la mère, lui survivra cinq ans. Elle décèdera le 3 mai 1883, au Poislay, à l’âge de soixante-huit ans. Elle aura enterré six de ses enfants.

François Joseph non plus ne verra pas ses enfants devenir adultes. Il décède le 7 juin 1889, à l’âge de quarante et un ans, laissant derrière lui, trois enfants, de dix-huit, treize et neuf ans.

Il ne reste plus de la fratrie Yson que Léonie, la fille aînée, qui décède en 1886, à l’âge de quarante-sept ans et Pierre Denis, l’aîné, qui décède en 1892, à l’âge de cinquante-cinq ans.

On ne vivait pas très vieux en ce temps-là, en tout cas, pas les Yson.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 28 novembre 2020