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Après un plantage des AD41 en ligne, puis de Filae, voici enfin la lettre K.

Je n’ai pas trouvé de famille K en difficulté dans les archives, alors je me suis rabattue sur les listes du contingent et de la garde mobile à la recherche d’un K parti à la guerre. J’en ai trouvé dix-huit, entre 1867 et 1870, ou plutôt entre 1867 et 1869. Il n’y en a aucun en 1870.

Il me suffisait d’en choisir un et d’écrire mon article. Sauf que je ne peux pas choisir. Ils sont tous dans le même cas, c’est K. Ce sont tous des remplaçants. Ils sont tous parti à la guerre à la place d’un autre. Alors je vais écrire pour ces dix-huit hommes, que, bien souvent, la pauvreté a poussé à ce choix : être payé pour risquer sa vie à la place d’un autre.

Où ont-ils été envoyés ? Dans quel régiment ? Ont-ils survécu ? Cela a-t-il suffit à sauver le remplacé ? Voilà quatre questions auxquelles je vais essayer de répondre.

Ils sont dix-huit K à remplacer des loir-et-chériens, tous Alsacien-mosellans. Malheureusement, les registres matricules ne suivent pas ces hommes. Ils ne sont que des remplaçants, et il est difficile d’avoir des renseignements sur leur guerre.

Classe 1867, sept hommes partent à l’armée en remplacement. Ils sont tous alsaciens.

Florent Kern, vingt-trois ans, vingt -et-un ans, natif de Schweinheim, dans le Bas-Rhin, journalier au même lieu, remplace, à compter du 4 juillet 1868, sous le matricule 121, Jean Jacques Jouveau, cultivateur, natif de Fontaine-en-Beauce. Il est incorporé au 1er régiment d’infanterie de marine. Son remplacé est inscrit sur la liste de la garde mobile, sous le numéro 135. Ils reviennent tous les deux de la guerre. Florent se marie en 1872, à Freidolsheim. Jean Jacques se marie un an plus tard, en 1873, à Fontaine-les-Coteaux.

Antoine Kraut, vingt-huit ans, natif de Mutzenhaussen, dans le Bas-Rhin, cultivateur au même endroit, remplace, à compter du 4 juillet 1868, Jean François Xavier Gobet, natif de Coulommiers, sous le matricule 204. Il est incorporé au 3e zouaves, pendant que son remplacé est inscrit sous le matricule 229 de la garde mobile. Ils reviennent tous les deux de la guerre. Antoine se marie en 1871, à Mutzenhouse. Jean François Xavier est blessé d’un coup de feu à la tête, le 2 décembre à la bataille de Loigny. A-t-il été fait prisonnier ? Ou a-t-il eu la chance d’être évacué pendant la retraite. Rien ne l’indique. Il se marie en 1878, à Coulommiers-la-Tour.

Jean Michel Killhoffer, vingt-huit ans, natif de Dimbsthal, Bas-Rhin, voiturier à Orléans, remplace, à compter du 11 juillet 1868, Gervais Auguste Théophile Chalumeau, natif de Monteaux, sous le matricule 232. Il est incorporé au 2e bataillon du 54e de ligne, pendant que son remplacé est inscrit sous le matricule 258, de la garde mobile. Gervais Auguste revient de la guerre et se marie en 1872. Mais il décède le 4 novembre 1873, à Monteaux. Je n’ai pas trouvé de trace de Jean Michel. Mort à la guerre ? Revenu ? Il n’apparait pas dans les bases de données.

Antoine Kunegel, vingt-et-un ans, natif de Bergheim, Haut-Rhin, cordonnier au même lieu, remplace à compter du 18 juillet 1868, Silvain Casain, vigneron, natif de Cour-Cheverny, sous le matricule 354. Il est incorporé par devancement d’appel, au 33e de ligne. Son remplacé est inscrit sous le numéro 395 de la garde mobile. Ils reviennent tous les deux de la guerre. Antoine se marie (quand ? Où ?). Il décède en 1918, à Caen, deux mois avant la fin de la guerre qui rendra l’Alsace à la France. Silvain est blessé d’un coup de feu à l’épaule gauche, lors du combat de Parigné-l’Evêque, le 10 janvier 1871. Il est réformé le 15 juillet, avec gratification. Il se marie en 1873, à Cour-Cheverny.

Georges Kunstmann, vingt-et-un ans, natif de Wolxheim, Bas-Rhin, batelier, au même lieu, remplace à compter du 30 juillet 1868, Joseph Louis Maurice, natif de la Ferté-Saint-Aignan, laboureur, sous le matricule 443. Il est incorporé au 8e dragon, pendant que son remplacé est inscrit sous le matricule 806 de la garde mobile. Joseph est fait prisonnier le 4 décembre à la bataille de Patay. Il rentre d’Allemagne, le 5 mai. Je n’ai pas trouvé la trace de Georges. Comme Jean Michel Killhoffer, il n’apparait pas dans les bases de données.

Edouard Kubler, vingt-deux ans, natif de Villé, Bas-Rhin, tanneur à Barr, remplace à compter du 11 juillet 1868, Alphonse Frédéric Désiré Hénault, natif de Prénouvellon, sous le matricule 650. Il est incorporé au 2e bataillon du 54e de ligne, pendant que son remplacé est inscrit sous le matricule 684 de la garde mobile. En 1869, Alphonse se marie, à Prénouvellon, avec Cézarine Gendrault. Alphonse rentre de la guerre. Il décèdera en 1884, à Prénouvellon. Je n’ai pas trouvé la trace de Edouard. Il n’apparait pas dans les bases de données.

Valentin Kuhn, trente ans, natif de Hurtigheim, Bas-Rhin, journalier à Schilligheim, remplace à compter du 4 juillet 1868, Michel Oudine, natif de Villebarou, vigneron, sous le matricule 663. Il est incorporé au 60e de ligne, pendant que son remplacé est inscrit sous le matricule 716 de la garde mobile. Valentin est fait prisonnier et envoyé en Allemagne. Il y décède, le 24 décembre 1870, à l’hôpital d’Erfurt. Michel rentre de la guerre et reste célibataire. Il décède à Villebarou, en 1898.

 

Classe 1868, sept hommes partent comme remplaçants.

Joseph Kammerer, vingt-quatre ans, armurier, natif de Boersch, Bas-Rhin, remplace à compter du 21 avril 1869, Onésime Désiré Vervant, cultivateur natif des Roches et résidant à Saint-Rimay, sous le matricule. Il est incorporé au 90e de ligne, pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 681 de la garde mobile. Onésime est porté disparu à la bataille de Loigny, le 2 décembre. Je n’ai aucune trace de Joseph Kammerer.

Louis Kieffer, vingt-et-un ans, journalier, natif de Hengwiller, Bas-Rhin, remplace Honoré Neau, vigneron natif de Suèvres, sous le matricule 636, à compter du 21 avril 1869. Il est incorporé au 2e régiment d’infanterie de marine pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 688 de la garde mobile. Honoré, comme Onésime, est porté disparu à la bataille de Loigny. Je n’ai aucune trace de Louis Kieffer.

Joseph Klein, vingt-cinq ans, cultivateur natif de Erlenbach, Bas-Rhin, remplace Ovide Alcide Pinsard, cultivateur natif d’Autainville, sous le matricule 70 à compter du 15 juin 1869. Il est incorporé au 2e bataillon du 14e de ligne, pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 765 de la garde mobile. Ovide passe clairon, le 24 août et fait campagne jusqu’au 2 décembre 1870. Il reçoit une balle dans la poitrine, à la bataille de Loigny, mais y survivra. Il sera décoré de la médaille militaire, par décret du 27 juillet 1871. Ovide se marie le 6 février 1877, à Morée, avec Céline Sarradin. Je n’ai pas trouvé de trace de Joseph.

Joseph Klein, vingt-quatre ans, maçon à Hipsheim, Bas-Rhin remplace Edouard Stanislas Dupuy, vigneron natif de Seris, sous le matricule 737, à compter du 1er mai 1869. Il est incorporé au 2e bataillon du 3e régiment du train, pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 723 de la garde mobile. Joseph et Edouard reviennent de la guerre. Joseph se marie à Weinbourg, le 12 juillet 1871, avec Madeleine Stuber. Edouard se marie cinq ans plus tard, le 16 mai 1876, à Seris, avec Marie Anne Pulchérie Sauvé.

Michel Kolb, vingt-et-un ans, laboureur natif de Dettwiller, Bas-Rhin, remplace Théophile Abel Bertin, tonnelier natif de Thésée, sous le matricule 360, à compter du 21 avril 1869. Il est incorporé au 1er régiment de chasseurs, pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 686 de la garde mobile. Théophile est blessé d’un coup de feu à la jambe gauche, à la bataille de Loigny, le 2 décembre. Je n’ai aucune trace de Michel Kolb.

François Joseph Kuhn, vingt-cinq ans, journalier natif d’Ergersheim, Bas-Rhin, remplace Jean Louis Lefebvre, cultivateur natif de Millançay, sous le matricule 603, à compter du 15 juin 1869. Il est incorporé au 95e de ligne pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 778 de la garde mobile. Jean Louis se marie, le 10 octobre 1869, à Loreux, avec Hortence Solange Godet. D’abord exempté comme soutien de famille, Jean Louis est rappelé le 8 octobre 1870. Il reviendra de la guerre. François Joseph également. Il décède le 4 mai 1880 à Ergersheim, devenu Allemande.

Louis Adolphe Kuntzel, vingt-deux ans, musicien natif de Bischwiller, Bas-Rhin, remplace Eugène Brunet, vigneron natif de Selles-sur-Cher, sous le matricule 392, à compter du 15 juin 1869. Il est incorporé par devancement d’appel au 34e de ligne, pendant que son remplacé est inscrit sous le numéro 779 de la garde mobile. Eugène reviendra de la guerre après quelques mois de captivité. Il est fait prisonnier le 2 décembre, à la bataille de Loigny. Il rentre en France, le 9 avril 1871. Eugène se marie le 24 novembre 1873, à Selles-sur-Cher, avec Marie Couton. Louis Adolphe semble avoir également survécu. Il serait décédé le 10 avril 1900, d’après un dépouillement qui ne donne pas le lieu.

Classe 1869, quatre hommes partent comme remplaçant.

Etienne Joseph Kubler, vingt-quatre ans, natif de Wiel, Bas-Rhin, journalier au même lieu, remplace Michel Ansoine, natif de Blois, cultivateur, sous le matricule 425. Où part-il ? Le registre ne donne aucune indication sur le régiment de destination. Il n’y a que la date départ, le 11 juillet 1870. Michel est inscrit sur la liste de la garde mobile sous le numéro 987. Il se marie le 8 juin 1870, à Blois, avec Clémentine Prejean, et est classé soutien de famille et ne part pas à la guerre. Il semble que Etienne Joseph soit revenu également. A vérifier.

Joseph Kallenbrunnen, vingt ans, natif de Sarralbe, Moselle, ouvrier de fabrique au même lieu, remplace Jean Armand Deschamps, natif de Saint-Lubin, cultivateur, sous le numéro matricule 453. Il part le 25 juillet 1870. Jean Armand est inscrit sous le numéro 997 de la garde mobile. Il reviendra de la guerre. Je n’ai aucune trace de Joseph Kallenbrunnen.

Emile Kuenegel, vingt ans, natif d’Altkirch où il vit, remplace Léonard Frédéric Boutet, natif d’Ouzouer, charretier, sous le matricule 465. Il part le 11 juillet 1870. Léonard est inscrit sous le numéro 1002 de la garde mobile et reviendra de la guerre. Léonard se mariera le 20 avril 1875, à Ouzouer-le-Marché, avec Marie Clara Eugénie Riehl. Je n’ai aucune trace de Emile Kuenegel.

Alphonse Charles François Kuhn, trente-et-un ans, natif de Strasbourg, militaire à Blois, remplace Louis Siprien Geray, cuisinier, natif d’Ecoman, sous le numéro matricule 472. Il part le 3 août. Louis Siprien reviendra de la guerre. Alphonse également. Le 11 août 1872, domicilié à Koléah, en Algérie, il est naturalisé français. En 1881, il est musicien au 107e régiment d’infanterie de ligne. Après vingt-cinq ans d’armée, il va bénéficier d’une pension de 641 francs, qu’il recevra à Bordeaux, où il se retire. Louis Siprien se marie le 19 décembre 1876, à Semerville, avec Léontine Ida Cautin.

 

Sur les dix-huit K, un seul est certifié mort à la guerre, prisonnier en Allemagne, neuf n’apparaissent pas dans les bases consultées et huit sont décédés après la guerre. A priori, un seul a été naturalisé français, celui qui a fait de l’armée sa famille.

Parmi les remplacés, deux sont portés disparus, quatre sont blessés, deux faits prisonniers et un seul n’ira pas à la guerre.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 12 novembre 2020