• Description

Herbault

Pierre Toussaint Hery, vingt-sept ans, natif de Saint-Amand, et Félicité Magloire Rilly, vingt-quatre ans, native d’Herbault, se marient le 21 novembre 1839, à Herbault. Pierre Toussaint est sabotier.

Leurs deux premiers enfants naissent à Herbault, Louise Félicité Eléonore, en 1840, et Pierre Toussaint, en 1842.

La famille part ensuite s’installer à Vineuil où naissent les trois derniers, Jean Jérôme René, en 1847, Joseph Adolphe, en 1850 et Auguste Eléonore, en 1854.

La fille aînée, Louise, se marie en 1863, à Vineuil, avec Jules Valon et part vivre sa vie. La même année, Pierre Toussaint part au service militaire.

En 1867, lorsque vient le tour de Jean Jérôme, il est exempté, car son frère est dans la réserve. Il est placé dans la garde mobile, matricule 715. Les trois frères, comme leur père, sont sabotiers.

Lorsque la guerre éclate, l’aîné est rappelé sous les drapeaux, comme ancien militaire non marié, et part le 28 août 1870 avec le 91e de ligne.

Jean Jérôme est déjà parti, avec le 75e mobile, 1er bataillon 1ère compagnie, matricule 991. Il arrive au corps le 17 août 1870.

Joseph est de la classe 1870. Lors du conseil de révision, le 16 septembre 1870, il est déclaré impropre au service pour faiblesse de constitution.

La situation de la famille n’est pas aisée. Le père est invalide, à cause d’une hernie, et, outre les deux derniers enfants, ils ont à

Vineuil

charge, la mère de Félicité, Félicité Magloire Champion, âgée de soixante-dix-sept ans.

Mais la vie continue tant bien que mal, et la guerre passe. Ils ont le bonheur de voir revenir leurs deux fils.

Jérôme est indemne. Pas Pierre Toussaint. Il a été blessé aux deux jambes, le 3 janvier 1871, à la bataille de Bapaume. Transporté à l’ambulance de Lilles, il y est resté jusqu’au 10 mars. Depuis, il est toujours en convalescence et dans l’impossibilité de reprendre son travail.

Le 29 avril 1871, le père de famille fait une demande de secours. Son fils garde le lit, depuis vingt-cinq jours qu’il est rentré.

Le docteur Bodin dresse un certificat attestant que la partie inférieure des deux jambes a été atteinte, provoquant une contracture permanente des orteils du pied droit, qui rend sa marche très pénible.

Le 1er juin, le père réitère sa demande de secours. Il en refera une dernière, le 20 juillet. La somme de vingt francs lui est allouée à chaque fois.

Mais l’état de Pierre Toussaint va s’améliorer. Le 15 janvier 1872, il se marie à Onzain. Il épouse Eugénie Rétif. Le couple s’installe dans la commune où ils sont recensés, la même année. Le jeune frère de Pierre Toussaint, Joseph, prénommé Louis, vit avec eux.

Les parents vivent toujours à Vineuil, avec Jean Jérôme et la petite dernière, Augustine et la grand-mère. Ils ont trouvé une nouvelle source de revenus. Ils prennent des enfants en nourrice. Cette année-là, ils en ont trois, de un à sept ans.

Jean Jérôme se marie l’année suivante, le 1 septembre 1873, à Blois, avec Amélie Thibault.

La grand-mère, Félicité Magloire Champion, va vivre chez eux encore quelques années. Elle décède le 17 novembre 1875, à l’âge de quatre-vingts ans.

Joseph Adolphe se marie l’année suivante, à Saint-Lubin-en-Vergonnois, avec Amélie Rutard, où le couple s’installe.

Les années passent, les enfants se marient et partent vivre leur vie. C’est une famille ordinaire, qui aura vécu, l’espace de quelques mois, la guerre et sa misère, comme bon nombre de familles françaises.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 9 novembre 2020