• Description

Pour la lettre G, je vais encore être frustrée car je sais qu’il y a des documents aux archives départementales qui pourraient apporter des précisions sur la famille du jour. Mais il va falloir se contenter d’internet et de mes archives.

Pierre Gaudineau est sabotier, natif de Chitenay, lorsqu’il épouse, le 30 décembre 1839, à Blois, Marguerite Blin. Ils ont respectivement vingt-quatre et dix-sept ans. Le couple va passer toute sa vie à Blois et s’installe d’abord rue Beauvoir, où naît leur premier enfant, Pierre Louis, le 31 décembre 1841.

Puis, la famille déménage pour le bourg Saint Jean où naissent Marguerite Honorine, le 2 août 1843, qui décède dix neuf mois plus tard, Victor Eugène, le 20 juillet 1844, qui décède deux mois plus tard, Paul, le 30 septembre 1845, Louis, le 30 mars 1847.

Puis, la famille déménage pour la rue Chemonton, où naissent Victor, le 6 juillet 1850, Théodore Georges, le 13 janvier 1852, qui décède seize jours plus tard, Victorine Marguerite, le 26 février 1856 et Antoinette Marguerite Adrienne, le 12 juin 1862. Six des enfants du couple atteignent l’âge adulte.

Malheureusement, la famille a des problèmes. Le 25 mars 1859, Paul est condamné par le tribunal de Blois, à aller en maison de correction jusqu’à ses vingt ans, pour vol sans discernement. Il a quatorze ans. La maison de correction de l’assagit pas et il est condamné, le 24 mars 1865, à huit mois de prison pour vol, puis le 4 juin 1867, à trois mois de prison pour bris de clôture et rébellion. Il est à peine sorti de prison qu’il commet l’infraction de trop. Le 15 novembre 1867, la cour d’assise du Loir-et-Cher le condamne aux travaux forcés pour six ans, pour soustraction frauduleuse à l’aide de violence ayant laissé des traces de blessures. Il est envoyé au bagne. Paul est un dur. Il a une cicatrice à la pommette gauche, est tatoué sur le bras droit d’une rosace, d’un pigeon et des initiales JG, et tatoué sur le bras gauche d’un cœur enflammé et poignardé et d’une pensée.

Il arrive au bagne de Toulon, le 30 novembre 1867. Le 25 août 1868, il est détaché de la chaîne et embarque pour la Nouvelle-Calédonie sur la frégate la Sibylle qui part le lendemain.

Son jeune frère, Louis, n’est pas en reste. Il est condamné le 6 janvier 1860, par le tribunal de Blois, à la maison de correction jusqu’à ses vingt ans, comme son frère, pour vol. Il a treize ans. Trois ans plus tard, il récidive et est condamné à la même peine. Le 12 février 1869, il est condamné à trois mois de prison pour coups. Et comme son frère, il commet la récidive de trop. Le 4 août 1869, la cour d’assise de Loir-et-Cher, le condamne aux travaux forcés pour cinq ans, pour tentative de vol, par deux personnes, dans une maison habitée, et pour avoir commis un vol, par deux personnes, dans une maison habitée à l’aide d’effraction et d’escalade. Il arrive au bagne de Toulon, le 5 octobre 1869. Il a des cicatrices partout : au front, au poignet, sur les côtes droites.

Deux des fils de Pierre et Marguerite sont aux travaux forcés.

Pendant que ses jeunes frères avaient maille à partir avec la justice, Pierre Louis, l’aîné, se mariait, le 16 juillet 1868, à Blois, avec Euphrosine Jacob. Ils ont légitimé, par leur mariage, deux enfants nés à Blois, Paul, né le 26 novembre 1858, et Silvine Léontine, née le 27 février 1861. S’agit-il des enfants de Pierre Louis ? Il les aurait eus à seize et vingt ans. Possible. Tout semble bien aller pour lui.

Le 3 juin 1870, Louis est détaché de la chaîne et embarqué pour la Nouvelle-Calédonie à bord de la frégate Néréide. Il a vingt-trois ans.

Lorsque la guerre éclate, deux des fils de Pierre et Marguerite sont donc au bagne.

Victor, de la classe 1870, a passé le conseil de révision le 17 septembre 1870. Il a été déclaré impropre au service, pour mauvaise conformation. Pourtant, le 28 novembre, il part à la guerre, avec la garde mobile.

Le 21 octobre 1870, son frère, Louis, s’est évadé de l’île Nou, mais est repris le jour même.

Victor parti, Pierre se retrouve en grandes difficultés financières. L’apport du salaire de jardinier de son fils lui est nécessaire.

Lorsqu’il fait sa demande de secours, Pierre, cinquante-six ans, déclare manquer de travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Aucun de ses enfants de peut l’aider. L’aîné a deux enfants à charges (ceux qu’il a reconnu). Il déclare que Paul est à Bordeaux et qu’il n’a aucune nouvelle de lui depuis neuf à dix mois, que Louis est à Paris et qu’il n’a pas non plus ne nouvelles. Victor est à la garde mobile, et il lui reste ses deux filles, âgées de quatorze et huit ans. Pour ajouter à ses charges, sa femme est folle, mais non dangereuse. Pour cette raison, elle n’est pas à l’asile, mais chez elle.

Il n’est fait aucune mention du séjour au bagne de ses deux fils. Cela aurait certainement fait mauvais effet.

En 1872, la guerre est finie. Les recensements nous apprennent que Pierre et Marguerite vivent avec leurs deux filles, rue Chemonton. Victor est rentré de la guerre, il est domestique chez Pierre Barbet, rue de l’Ormeau.

J’ignore quelle a été sa guerre, car, comme d’autres, il ne figure pas dans le registre matricule de la garde mobile. Mais il est revenu, vivant. Un bonheur qui n’effacera pas les malheurs qui vont suivre.

Marguerite Blin, la mère, décède le 2 septembre 1873, chez elle, à l’âge de cinquante ans.

Paul décède à Nouméa, le 3 mai 1874. Il a vingt-huit ans.

Le père, Pierre, décède le 16 août 1875, à Blois, à l’hospice, à l’âge de soixante ans.

Louis décède à Nouméa, le 26 août 1875. Il a vingt-huit ans, comme Paul à son décès.

Cinq ans plus tard, comme pour conjurer le mauvais sort, Victor se marie, le 27 janvier 1880, à Cheverny, avec Angéline Billault. Il est devenu charbonnier.

Saint-Lauren-du-Maroni

Mais la série tristesse continue. Euphreusine Jacob, la femme de Pierre Louis décède le 29 mars 1883, à Blois, à l’âge de quarante-neuf ans. Pierre Louis va devenir un vagabond. Le 27 mai 1886, il est condamné à six mois de prison et à la relégation pour vagabondage, par le tribunal du Mans. Lui aussi a des tatouages, comme ses frères, une étoile avec une corde et un point très apparent au milieu. Il embarque, le 31 mai 1887, sur la ville de Saint Nazaire. Il ne part pas en Nouvelle Calédonie, comme ses frères, mais pour la Guyane Française.

Il s’évade le 9 décembre 1888 et est repris le même jour. Il s’évade une seconde fois, le 24 mars 1894 et encore arrêté le même jour.

Il décèdera à Saint-Laurent-du-Maroni, le 7 octobre 1897.

Victor, dernier frère de la fratrie, s’installe, avec sa femme, rue Foulerie, à Blois et ils vont avoir neuf enfants, dont six atteindront l’âge adulte. Un petit coup d’œil sur ANOM et Mémoire des Hommes et Ouf, je n’y ai trouvé aucun d’entre eux.

Blois-rue-foulerie

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 7 novembre 2020