• Description

A Paris, la perte du Bourget et l’annonce de la reddition de Metz affecte cruellement les parisiens. M. Thiers arrive à Paris, porteur d’une nouvelle. Sous la pression de quatre grandes puissances neutres, l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et l’Italie, il pourrait y avoir un armistice qui permettrait le ravitaillement de Paris et l’élection de l’Assemblée par le pays tout entier. Rappelons que, pour l’instant, le gouvernement est provisoire, et certains élus de l’empire ont perdu toute légitimité aux yeux de la population.

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Mais tout le monde n’est pas d’accord. Le matin du 31 octobre, les partisans de la commune, sept à huit mille personnes, envahissent l’hôtel de ville et font prisonniers plusieurs membres du gouvernement. A deux heures trois quarts, alors que près de 10 000 gardes nationaux et curieux sont rassemblés sur la place, les portes de la mairie se ferment et des détonations se font entendre. C’est la débandade totale. La foule, pensant que le gouvernement a fait tirer sur eux, s’enfuie dans tous les sens, les boutiques se ferment. A trois heures et demie, la place est quasiment vide lorsque de nouveaux gardes nationaux désarmés arrivent à leur tour, ignorant les évènements précédents. Les autres reviennent et l’on apprend que le responsable des tirs a été arrêté. Le gouvernement n’a rien à voir avec lui. Les communards, sous les ordres de Blanqui, commencent à établir un nouveau gouvernement, harangue la foule, distribuent des tracts.

Mais la foule est changeante et tous ne sont pas pour la commune. L’annonce de l’arrestation du général Trochu ne passe pas. Lors, à neuf heures, le bruit se répand de sa libération, les cris sont « Vive Trochu ! A bas la Commune ! A bas Blanqui ».

La garde nationale accoure et marche sur l’hôtel de ville. C’est le 106e bataillon de la garde nationale, avec, à sa tête, le commandant Ibos. Ils délivrent le général Trochu, puis Ernest Picard, Jules Ferry et Pelletan. Le bataillon est entré clairon en tête, dans la cour intérieure de l’Hôtel de ville et une compagnie est montée dans la salle où ils étaient retenus prisonniers, les a entourés et emmenés. Vers onze heures et demie, la place de l’Hôtel de Ville est entièrement investie par la garde nationale et la garde mobile.

Les émeutiers, voyant leur prise de pouvoir échouer, menacent de fusiller les membres du gouvernement encore entre leurs mains, Jules Favre, Jules Simon et Garnier-Pagès, mais quatre-vingts des leurs ont déjà été arrêtés et servent de moyen de pression. Au bout de quelques heures, les gardes nationaux et les mobiles pénètrent dans l’hôtel qu’ils font évacuer. Le général Trochu revient, acclamé. Un bataillon de mobiles bretons entre dans l’hôtel de ville, armes à la main. Les gardes nationaux enfermés dans la place au moment des premières manifestations, ressortent, crosse en l’air, en criant vive la République. Plus personne ne crie Vive la commune. Les derniers prisonniers sont libérés. Tout rentre dans l’ordre.

Mais les communards n’ont pas dit leur dernier mot. Les évènements de 1871 en seront les témoins.

En Normandie, à Bréval, station de la ligne de Paris à Cherbourg, une patrouille de hussards du 11e régiment qui occupe Mantes, est surprise alors qu’elle procède à des réquisitions.

31octobre

Une compagnie du 3e bataillon des mobiles de l’Eure, sous les ordres du lieutenant Villette, arrive à Bréval depuis les bois de Villiers-en-Désœuvre. Ils arrivent jusqu’au milieu du village sans que l’ennemi ne s’en aperçoive. Le combat est bref, deux hussards sont tués, et deux autres blessés.

Les mobiles repartent alors, abandonnant le village aux représailles de l’ennemi. Le soir même, les allemands, revenus en force, mettent le feu aux vingt-deux habitations de Bréval, obligeant parfois les habitants à mettre le feu à leur propre maison. La gare, isolée dans les champs, à dix minutes du village, n’est plus qu’une carcasse de poutres brûlées. Les maisons ne sont que ruines fumantes. Une des maisons portant le drapeau blanc à croix rouge de la Convention de Genève a brûlé, comme les autres. Seul le drapeau, ironie des choses, est resté intact. Le curé et plusieurs notables sont emmenés en otages.

En Eure-et-Loir, à midi, le lieutenant-colonel des Moutis, qui assure la ligne de défense d’Evreux à Châteaudun, relié au Sud à l’armée de la Loire, est informé, par le maire que l’ennemi est à Illiers. Un escadron du 11e chasseurs, suivi par le 2e bataillon de l’Orne, s’y rend immédiatement. A cinq cents mètres de la commune, ils chargent une vingtaine de cavaliers prussiens. Trois uhlans sont tués. Craignant que l’ennemi soit bien plus nombreux, le capitaine Rozier, fait cesser le combat et ils repartent. Le sous-lieutenant Mesnil, du 6e régiment mixte de cavalerie, est blessé.

L’ambulance du Bourbonnais, installée à Aubigny, Cher, évacue un convoi de malades sur Vichy Quatre jours plus tôt, un autre convoi avait été évacué sur Moulins. Le lendemain, un autre partira lui-aussi pour Moulins.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 31 octobre 2020