• Description

A Paris, les décès de la semaine s’élèvent à 1483 dont 212 par la variole.

A Metz, les forts de Queleu et de Saint-Quentin tirent sur les batteries prussiennes établies à Fleury et Orly. Les prussiens bombardent Ladonchamp. Les réserves diminuent dans le secteur assiégé. La ration de pain pour les troupes françaises, passe de 500g à 300 g.

Eure : Gisors est occupé par les prussiens.

Dans les Vosges, l’avant-garde prussienne se dirige sur Rambervillers. A une heure de l’après-midi, le guetteur du clocher signale leur arrivée. La générale et le tocsin appellent aux armes les gardes nationaux. Un feu nourri accueille les cavaliers prussiens qui rebroussent chemin. Ce n’est que partie remise. Le commandant Petitjean de la garde nationale place quatre-vingts gardes nationaux au cimetière, à quelques centaines de mètre au-dessous du croisement des routes de Saint-Dié et de Raon. Soixante sont placés à la barricade du faubourg de Saint-Dié, vingt-cinq à celle de la tuilerie, vingt-cinq en tête de la route de Baccarat. Ils sont deux cents hommes, dont la grande majorité n’a jamais combattu. Mais ils sont tous décidés à empêcher les prussiens de passer. Pendant plusieurs heures, ils vont lutter, à un contre dix.

9octobre

Les murs du cimetière sont à peine crénelés que deux colonnes d’infanterie prussienne sont signalées, une sur la route de Saint-Dié, l’autre sur la route de Raon, soit deux mille hommes, précédée chacune par une compagnie de cavaliers.

Accueillis par les fusils de la garde nationale, les prussiens ne réussissent pas à pénétrer dans le bourg, par ce chemin. Ils décident donc de contourner le cimetière. Les combattants français quittent alors les lieux pour rejoindre la barricade de la tuilerie commandée par Besson, capitaine en retraite et Dussourt, officier démissionnaire depuis plusieurs années. La colonne prussienne de droite attaque la barricade qui résiste de toutes ses forces. Un dernier assaut en vient à bout et les français reculent, de maison en maison. C’est un combat de rue qui s’engage, jusqu’à la barricade établie au coin du café Henriot. Cette dernière cède à son tour. La nuit est là. Les cadavres de soldats prussiens jonchent la route. Le combat ne peut continuer. Les gardes nationaux se retirent de la ville et gagnent le bois de Padouzel puis prennent la direction d’Epinal, par Vomécourt et Padoux.

Les représailles allemandes sont terribles. Six habitants non armés trouvés dans les rues sont fusillés. Pour les prussiens, les gardes nationaux ne sont pas des soldats. Tous ceux qu’ils trouvent, même les blessés, sont fusillés. François Noirclair, charpentier, ancien militaire ayant fait plusieurs campagnes, est trouvé blessé dans une maison de la rue du Cor. Il est sorti de son lit, trainé jusqu’à la rue des Vosges et tué à coup de baïonnettes et à coups de feu. Son corps mutilé montrera au moins quarante-six blessures. Les prussiens se vengent. Cent quatre vingt d’entre eux sont morts dont beaucoup d’officiers et près de quatre cents sont blessés.

Arrivé dans le village, le général en chef prussien, Werder exige, sous peine d’incendie et de pillage, une contribution de guerre énorme.

Neuf gardes nationaux trouvent la mort pendant les combats. Après l’exécution des blessés et des civils, leur nombre se montera à trente. Qui sont-ils ? La lecture des actes de décès de la commune, pour les journées des 9 et 10 octobre indiquent, sans précision militaire, que :

  • Auguste Thirion, cinquante-cinq ans, plâtrier, époux de Françoise Zenobie Mayer, est mort le 9 octobre à quatre heures et demie du soir, chez lui, rue Saint-Pierre.
  • Nicolas Alfred Drouel, cinquante-deux ans, célibataire, est mort le 9 octobre, à cinq heures du soir, chez lui, rue Notre Dame.
  • Pierre Joseph Belin, cinquante-trois ans, cultivateur, époux de Catherine Bergiste, est mort le 9 octobre à cinq heures du soir, rue du faubourg Saint-Dié.
  • Nicolas Auguste Guillaume, vingt-huit ans, époux de Rosine Bresson, est mort le 9 octobre à cinq heures du soir, chez lui, rue Notre Dame.
  • Joseph Antoine Herainville, quarante-six ans, paveur, époux de Marie Salzard, est mort le 9 octobre à cinq heures du soir, chez lui, faubourg d’Epinal.
  • Paul Renard, trente-neuf ans, manœuvre, époux de Anne Bernard, est mort le 9 octobre, à cinq heures du soir, chez lui, rue Mosson.
  • Adolphe Noël, vingt ans, manœuvre, est mort le 9 octobre, à cinq heures du soir, chez lui, rue des Vosges.
  • François Noirclair, quarante-un ans, charpentier, époux d’Eugénie Goitlard, est mort le 9 octobre, à cinq heures du soir, chez lui, rue des Fontaines.
  • Nicolas Gérard, vingt-sept ans, manœuvre, est mort le 9 octobre, à cinq heures du soir, chez lui, faubourg d’Epinal.
  • François Laurent, cinquante-cinq ans, manœuvre, époux de Catherine Renaudin, est mort le 9 octobre, chez lui, rue de la grande maison, à cinq heures du soir.
  • Jean Baptiste Emile Demange, trente-cinq ans, cultivateur, époux de Marie Justine Thiriet, est mort le 9 octobre à cinq heures et demie du soir, chez lui, faubourg d’Epinal.
  • Jean Baptiste Guillaume, cinquante-deux ans, ouvrier de fabrique, époux d’Antoinette Pierrefite, est mort le 9 octobre à six heures du soir, chez lui, rue Sur Broue
  • Etienne Martin, quarante-neuf ans, journalier, époux de Marie Cherrier, est mort, le 9 octobre, à six heures du soir, chez lui, quai de la promenade.
  • Hippolyte Rebouche, vingt-trois ans, employé de commerce, célibataire, est mort le 9 octobre, à six heures du soir, chez lui, chemin de Baccarat.
  • Sébastien Delatte, quarante-trois ans, facteur rural, époux de Emilie Gérard, est mort le 9 octobre, à six heures du soir, chez lui, rue Masson.
  • Nicolas Lecomte, soixante-et-un ans, propriétaire, est décédé le 9 octobre à six heures et demie du soir, chez lui, faubourg Saint-Dié.
  • Antoine Ohling, trente-huit ans, cultivateur, époux de Marie Thérèse Goerry, est mort le 9 octobre, à sept heures du soir, chez lui, faubourg Saint-Dié.
  • Jean Nicolas Christophe, quarante-neuf ans, cardier, célibataire, est mort le 9 octobre, à huit heures du soir, chez lui, rue de l’école.
  • Charles Siméon Barthelemy, vingt-neuf ans, garçon marchand de vin, célibataire, est mort le 9 octobre à huit heures du soir, chez lui, rue des fontaines.
  • Victor Chenal, trente-six ans, manœuvre, époux de Marie Louise Jacquel, est mort le 9 octobre, à huit heures du soir, chez lui, rue des Fontaines.
  • François Jacquemin, quarante-deux ans, plâtrier, époux de Odile Toussaint, est mort le 9 octobre, à neuf heures du soir, chez lui, rue de la Commune.
  • Nicolas Eugène Berger, quarante-quatre ans, boulanger, époux de Julie Chretien, est mort le 9 octobre, à dix heures du soir, chez lui, rue du Château.
  • Antoine Victor Jacquet, trente-et-un ans, manœuvre, célibataire, est mort le 10 octobre à huit heures du matin, chez lui, faubourg de Charme.
  • Jean Baptiste Mangin, dix-huit ans, boulanger, célibataire, est mort le 10 octobre à deux heures du soir, chez lui, rue Sur Broue.
  • Joseph Prosper Dubas, quarante-deux ans, célibataire, garçon brasseur, est mort le 10 octobre à sept heures du matin, chez lui, rue des Vosges.
  • François Dubas, quarante-sept ans, peintre, époux de Anne Costet, est décédé le 10 octobre, à dix heures du soir, chez lui, rue Notre Dame.
  • François Geoffroy, soixante-trois ans, propriétaire, époux de Françoise Asselin, est décédé le 10 octobre à dix heures du soir, chez lui, rue d’Anglem ?
  • Jean Baptiste Collot, soixante-cinq ans, cultivateur, époux de Marie Thérèse Thouvenot, est mort le 11 octobre, à cinq heures du soir, chez lui, faubourg d’Epinal.
  • Pierre Nicolas, garçon meunier, trente-deux ans, est mort le 9 octobre, suivant le jugement du tribunal civil d’Epinal, du 20 décembre 1871

 

Tous sont déclarés morts chez eux. Pour éviter les représailles contre les familles ?

Sept blessés seulement vont survivre, cachés par leurs familles, dont le capitaine Besson, atteint d’une balle dans le ventre à la barricade de la tuilerie, et Joseph Joly, quarante-cinq ans, qui a reçu une balle dans l’épaule gauche

La lutte héroïque des gardes nationaux aura retardé l’avancée prussienne de quarante-huit heures et permis au général Cambriel et ses troupes, de se retirer sur Belfort et Besançon sans être inquiétés.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 9 octobre 2020