• Description

Metz : les ambulances militaires évacuent leurs malades et leurs blessés sur Metz. Le maréchal Bazaine évalue les pertes militaires à 25 généraux, 2 099 officiers et 40 339 hommes de troupe.

Dans l’Eure, l’ennemi attaque Pacy et Aigleville. Les français se retirent. Une avant-garde prussienne arrive jusqu’à Evreux.

Dans l’Eure-et-Loir, au lendemain de la bataille d’Epernon, plus de mille prussiens, cavalerie, infanterie et artillerie, envahissent la commune d’Ecrosne, en poussant devant eux les troupeaux qu’ils ont pris à Epernon, Gallardon et autres villages, dont Gas qu’ils ont délesté de dix vaches et autres denrées. Ils réquisitionnent encore moutons, vaches et avoine. Ils envahissent également Gallardon, qui sera occupée jusqu’au 18 mars

Une partie de l’armée de la Loire, 15e corps, arrive à Toury (Eure-et-Loir). C’est là que le prince Albert de Prusse a établi son quartier général, depuis le 27 septembre. Il s’y trouve avec cinq milles hommes et douze pièces d’artillerie de campagne.

Le 15e corps, sous les ordres du général de La Motterouge, doit protéger Orléans, cible des prussiens, pour sa position stratégique. La ville est le point de jonction des lignes de chemin de fer vers la Bretagne et le Midi. Le 15e corps, formé à Bourges, n’est pas prêt. Les 25 000 soldats sont inexpérimentés, même s’ils sont en supériorité numérique, face aux prussiens. Mais il n’est plus temps de les former, la guerre est aux portes d’Orléans.

Les troupes françaises livrent leur premier combat sur la route de Paris, à quelques lieues en avant d’Orléans, à Toury.

Le temps est incertain. Il fait beau, mais une forte brume couvre la campagne, dès les premières heures de la matinée. Deux pelotons de dragons prussiens partis en reconnaissance de Toury, au petit jour, se heurtent aux troupes françaises qui marchent sur Artenay. Ces derniers sont également du côté de Tivernon et de Poinville. Les dragons se replient et rejoignent les troupes prussiennes et bientôt, les deux armées se font face.

5octobre

L’ennemi se déploie en tirailleur, des deux côtés de la voie ferrée et de la route d’Orléans à Paris, le long du chemin de terre de Poinville à Ondreville, par la cote 117. Ils sont rejoints par les fantassins bavarois qui se sont échappés de Tivernon. Une partie des troupes prussiennes est à l’Ouest de Toury.

Côté français, le général de Longuerue déploie ses deux compagnies de chasseurs à pied, soutenues par cinq compagnies du IIIe bataillon du 29e de marche. Dès qu’il aperçoit les prussiens au sud de la Chapelle Saint-Blaise, il fait tirer sa demi-batterie. En soutien, le 6e hussard se place derrière et le 6e dragons à l’ouest, sur le même alignement. En réserve, deux bataillons du 19e mobile.

A l’Est, le général Ressayre déploie une compagnie de Tirailleurs algériens. Il met également en batterie ses trois pièces à un kilomètre au nord de Tivernon. Derrière se trouvent trois pelotons du 6e escadron du 6e hussard, entre l’artillerie et la voie ferrée. Derrière encore, se trouvent la brigade de cuirassiers, ses régiments en colonne encadrant le reste des deux bataillons de Tirailleurs algériens. Le 9e cuirassiers, est à l’Est, vers Pithiviers.

Les deux armées se font face, comme au début de la guerre, à l’Est.

L’artillerie française ouvre le feu à 7 h 30. L’artillerie prussienne répond. Les résultats sont minimes, mais les tirailleurs du général Longuerue en profitent pour continuer leur progression. Vers huit heures, ils débouchent sur Poinville.

Les prussiens ont également fait mouvement. Le prince Albrecht a reçu l’ordre de déborder le flanc gauche de l’attaque française. Une batterie à cheval, se positionne à l’ouest de Boissay et réduit au silence les deux pièces françaises installées à l’ouest du chemin de fer. Le lieutenant commandant la section, Emile René François Derennes, reçoit deux blessures, un éclat d’obus à la main droite et une balle à la cuisse gauche, son cheval est tué. Ce ne sera pas sa dernière blessure durant cette guerre, il recevra cinq coups de lance le 8 janvier 1871, à la bataille de Villersexel. A la première pièce, deux servants et cinq chevaux sont tués, un artificier, trois servants, un conducteur et trois chevaux sont blessés.

Les tirs de l’artillerie prussiennes sont alors dirigés sur l’infanterie française qui progresse vers le Nord. Toute la colonne du général de Longuerue doit reculer, sous la protection du 6e dragons qui recule en dernier. Les deux compagnies de chasseurs et quelques centaines d’hommes du 29e de marche se retirent en s’abritant derrière le remblai de la voie ferrée. Il est 9h15 du matin.

L’artillerie prussienne s’en prend alors à la demi-batterie du général Ressayre qui doit se retirer sur Tivernon.

A l’aile gauche, le général Michel, après une riposte d’artillerie sans effet sur les prussiens, se retire aussi.

Devant la retraite des français, les prussiens tentent une offensive de la cavalerie, mais l’infanterie française s’est reformée des deux côtés de la route et ils doivent renoncer à leur attaque. Dans le même mouvement, les troupes françaises reprennent leur marche en avant.

Les prussiens ont pu juger, durant l’action, des forces françaises en présence. Ils décident de faire mouvement vers le nord, protégés par l’artillerie qui tire sur l’armée française.

Vers 11 heures, les troupes françaises entrent dans Toury, vers midi, elles dépassent la commune jusqu’à un km au nord. Mais ils ne poursuivent pas les prussiens. Après quelques heures de repos dans Toury, ils repartent sur Orléans. Les hommes marchent, pour certains, depuis minuit, les autres depuis trois heures du matin. Hommes et chevaux n’ont ni mangé ni bu. Sans provision et ayant presque épuisé toutes les munitions, ils ne peuvent rester à Toury.

Les prussiens y reviendront le lendemain soir, et réoccuperont la commune avec 25 000 hommes, dès le 9.

Les prussiens ont également été chassés de Janville, le 5 octobre, mais ils y sont de retour le 9 également, avec trois cuirassiers bleus qui vont piller la commune.

Les pertes françaises, vu les forces en présence, sont minimes : trois hommes tués, trois officiers et dix-sept hommes blessés, un prisonnier, trente-et-un chevaux tués ou blessés. Jean Joseph Dupeu, vingt-cinq ans, natif de Laas, Loiret, soldat au 6e hussard reçoit un éclat d’obus à la main gauche, qui lui arrache quelques phalanges. Jacques Desbouchages, vingt-six ans, natif de Vivonne, Vienne, soldat au 9e cuirassiers doit être amputé de l’avant-bras après une fracture par éclat d’obus. Manfrède Honoré Paul de Bourgoing, trente-deux ans, natif de Paris, capitaine au 6e hussards est blessé au coude et à la main gauche par éclat d’obus. Il en perdra en partie l’usage.

Le chef d’escadron Emile Marie Loysel, du 6e régiment de hussard figure parmi les blessés. Il mourra de ses blessures onze jours plus tard, à Orléans.

Toury est le premier combat de l'armée de la Loire, la première armée de la Loire.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 5 octobre 2020