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Strasbourg a capitulé. C’est un coup dur pour le moral des troupes et des autres villes assiégées. Etrangement, c’est à partir du 28 septembre que la mortalité va être la plus forte, à l’hôpital militaire de Strasbourg. Les bombardements incessants, les incendies atteignant les ambulances et les hommes piégés sur leur lit, ont créé des délires nerveux chez pratiquement tous les blessés et malades, aggravant leur état. La fin des bombardements et le silence qui s’ensuivit leur ont-ils été fatal ?

Pontoise est occupée par les prussiens.

A Nevers, les troupes françaises rassemblées sont dans un état pitoyable. Le 18e mobile n’est vêtu que de blouses et de pantalons de coton. Beaucoup n’ont que des sabots aux pieds. Les zouaves ne sont pas mieux lotis.

Le 28 septembre 1870 l’ambulance n°11, dite de l’école de médecine, quitte la zone de Sedan pour Bruxelles puis Londres, afin d’y lever des fonds. Elle repartira dix jours plus tard, avec 31500 francs et pour plus de 20 000 francs de matériel.

A Soissons, la veille, pour améliorer la défense de la ville, il a été décidé d’incendier le faubourg Saint-Crépin. Les habitants ont à peine le temps de sauver quelques biens, avant de voir leurs maisons et leurs commerces. Ce faubourg est trop dangereux pour la défense de la ville. Déjà, le 26, les allemands avaient installé leurs avant-postes dans les maisons du faubourg, jusqu’à la fonderie, à quelques mètres des fortifications. Alors, le 27, quelques hommes, protégés par une compagnie du 15e, armés de bottes de paille et de pétrole, ont mis le feu au faubourg.

28septembre

Dans la nuit, les artilleurs français ont commencé à tirer sur les positions supposées de l’ennemi, pour l’empêcher de s’installer et d’y construire des batteries.

Le 28 septembre, les tirs continuent. Pendant ce temps, de nombreux militaires échappés de Sedan arrivent à Soissons et viennent renforcer la garnison.

Mais l’ennemi est bien trop proche. Dans l’après-midi, cent cinquante gardes mobiles du 2e bataillon, sous les ordres du capitaine Roussel, attaquent les postes prussiens encore présents dans les dernières maisons du faubourg. Ils sont repoussés au-delà du passage à niveau et de la sucrerie de Milempart. Pendant ce temps, l’artillerie bombarde la gare de voyageurs, les bâtiments de marchandises et les maisons alentours, toujours occupées par l’ennemi.

Au même moment, la 5e compagnie du 2e bataillon, sous les ordres du capitaine de Commines, une compagnie du 15e de ligne, sous les ordres du capitaine Franchomme, sortent par la porte Saint-Martin, vers la gare. Les hommes sont déployés en tirailleurs et se dirigent vers les bâtiments bombardés que les allemands ont dû abandonner. Mais ils ne sont pas allés bien loin et des renforts arrivent, provenant des troupes cantonnées à Orcamp, Sainte-Geneviève et Beleu.

Bientôt, la fusillade entre les deux camps est continue. Depuis les remparts, les soldats ont vu arriver les renforts prussiens et ouvrent le feu, à leur tour, dans cette direction. La riposte prussienne est immédiate et les remparts sont la cible des tirs prussiens.

Les combats durent deux heures, mais les français ne réussissent pas à déloger l’ennemi et doivent battre en retraite. A leur retour en ville, ils déplorent quatre morts et huit blessés.

Joseph Marien Gosse, vingt-et-un ans, naïf de Vouziers, Ardennes, Nicolas Valantin, et Jules Boulanger, vingt-deux ans, natif de Fraimbris, Meurthe, soldats au 15e de ligne, sont tués dans le faubourg de Reims. Alfred Desbordes, vingt-et-un ans, garde mobile de l’Aisne tombe au même endroit.

Emile Royer, vingt-et-un ans, soldat au quinzième de ligne, décèdera de ses blessures, à l’hôtel-Dieu, le lendemain matin.

Pierre Marchat, vingt-neuf ans, natif de Belvès, Dordogne, sergent au 15e de ligne, a le fémur gauche fracturé par balle. Il en restera bancal, perdant dix centimètres à sa jambe.

Pierre Joseph Leriche, quarante-sept ans, natif de Rethel, qui a rejoint la garde nationale, mourra de ses blessures quatre jours plus tard.

Les civils ne sont pas épargnés. Marie Louise Bigorne, trente ans, femme d’Alfred Aubert, voulant récupérer ses biens dans sa maison en feu est tuée d’une balle en pleine poitrine. Un mobile réussit à sauver ses deux enfants et à les ramener en ville.

Pour Soissons, cela ne fait que commencer.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 28 septembre 2020