• Description

La journée du 2 est une journée très floue pour les français. Ils ont perdu la guerre et sont prisonniers. C’est la seule certitude qu’ils ont.

Enfin, ceux qui sont à Sedan. Les informations ne sont pas encore parvenues aux places-fortes assiégées et aux régiments en mouvement ailleurs.

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A Strasbourg, les combats continuent. Ferdinand Brinckmann, 2e conducteur au 20e d’artillerie est blessé par un éclat d’obus au thorax. Il décède le 13 à l’hôpital militaire. Berthelet, qui exerce les mêmes fonctions, est atteint de plusieurs éclats d’obus à l’occiput, l’avant-bras gauche et la partie postérieure de la poitrine. Il décède le 21.

Du côté de Metz, le 95e de ligne, qui suit la route de Sarrebruck, met l’ennemi en déroute à plusieurs reprises mais ne parvient pas à conserver ses positions. Après quelques charges à la baïonnette, le docteur Coste, médecin de l’ambulance militaire, s’installe à la ferme de Lauvallier. Le lendemain, à l’aube, départ pour la ferme de l’Amitié occupée par le régiment. Mais la position est reprise par les prussiens et il doit se réinstaller à la ferme de Lauvallier.

La canonnade se rapproche et quelques obus tombent sur la ferme. Nous sommes le 1er septembre. A 10 heures, aucun blessé n’arrivant plus, il part pour la ferme de Bellecroix où sont massées les troupes.

Il ne comprend pas ce qui se passe. Alors qu’ils gagnent sur l’ennemi, ils battent en retraite à chaque fois. Pendant ce pas de deux « dansé » par les troupes, le 95e a deux officiers de tués et sept de blessés, la troupe compte trente-cinq tués et deux cents blessés.

Le 2 septembre, les blessés légers viennent se faire soigner à l’ambulance. Tout est calme jusqu’au 8 septembre. Deux hommes sont tués aux avant-postes, mais rien de plus.

Le temps est horrible, il pleut sans discontinuer. Les forts de Saint Quentin, Queuleu et Saint Julien tirent sans discontinuer.

Il y a environ 18 000 blessés à Metz et l’on doit ouvrir une nouvelle ambulance, l’ambulance des wagons. Les soldats et les habitants de Metz sont mécontents. Ils ne comprennent pas les ordres de l’état-major. Il n’y a que des escarmouches, pas de vrai combat, et lorsqu’ils battent les prussiens, les ordres sont de se retirer sur Metz, pas de conforter ces victoires.

A Bitche, les hommes sont fiers d’une petite victoire. La veille, à minuit, quatre cents hommes ont quitté le fort, en trois colonnes, sous

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le commandement du capitaine Baron du 48e de ligne.

Ils avaient pour mission de gravir les pentes de la Rosselle et détruire les terrassements mis en place par les prussiens.

L’opération est un succès.

Ils récidiveront deux jours plus tard.

Dans le Loir-et-Cher, le journal du 2 septembre n’a pas de nouvelles à annoncer. Aucune nouvelle n’est parvenue jusqu’ici. La crainte que les prussiens parviennent jusqu’à Blois rappelle les exactions commises en 1815. Des travaux de défenses sont entrepris autour de la ville.

La veille, les citoyens du départements, âgés de 25 à 55 ans, ont reçu un avis pour l’organisation de la garde nationale sédentaire. La garde manque cruellement de fusils.

Les gardes mobiles de Blois ont été passés en revue la veille, par le préfet et le conseiller d’état.

La garde mobile de Vendôme est arrivée la veille à Blois. La plupart des hommes est munie d’un fusil et porte une blouse grise. Ils n’ont pas encore d’uniforme qui doivent être confectionnés. Ce 2 septembre, ils doivent recevoir des képis et des cartouchières.

Plusieurs détachements de gardes mobiles sont envoyés à Onzain, Herbault et Cour-Cheverny.

Le journal se fait l’écho des actes civiques des administrés : le maire de Lamotte-Beuvron vient de s’engager dans les voltigeurs de la garde, M. Riverain, de Vendôme, a fait dont d’un cheval avec son harnachement et à largement baissé le prix du quintal de foin que lui achète l’intendance militaire. Il se fait également l’écho de victoires françaises et de lourdes défaites prussiennes. Les lecteurs vont tomber de haut lorsqu’ils vont apprendre la reddition de l’empereur.

Un triste cortège traverse également le département. Ce sont les ouvriers prussiens qui sont expulsés de France. Ouvriers tailleurs ou ébénistes, ils n’ont pas envie de partir. Mais la population est « anti-prussienne » alors, il leur est conseillé de « rentrer chez eux ».

A cinq heures du matin, cinquante militaires sont arrivés à l’hôtel-Dieu de Blois, sous la conduite d’un caporal. Quinze souffrent de blessures, trente-cinq sont atteints de fièvre. Un second convoi uniquement de blessés doit arriver.

Il faut attendre le 4 septembre pour que l’écho des combats de Busancy, Mouzon et Sedan, parvienne jusqu’en Province.

Le lendemain, un journal sort exceptionnellement. Il annonce la fin de l’empire et le retour de la République qui doit, comme en 1792, sauver la France de l’invasion.

« Français, le peuple a devancé la Chambre qui hésitait pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République. Il a mis ses représentants non au pouvoir, mais au péril.

La République a vaincu l’invasion de 1792 : la République est proclamée.

La Révolution est faite au nom du droit, du salut public.

Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est ( ) ; demain vous sera, avec l’armée, les vengeurs de la patrie !

Signé Emmanuel Arago, Crémieux, Dorian, Jules Favre, Jules Ferry, Guyot-Montpayroux, Léon Gambetta, Garnier-Pagès, Magnin, Ordinaire, A. Tachard, E. Pelletan, Ernest Picard, Jules Simon.

La République est proclamée

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 2 septembre 2020