• Description

L’ambulance numéro 4 a quitté le château de Belval, y laissant ses blessés entre les mains d’un chirurgien et d’un aide. Ils y resteront jusqu’à leur guérison ou leur évacuation.

Le reste de l’ambulance a rejoint Beaumont et installé ses blessés dans la maison des sœurs Saint-Joseph, dans l’asile voisin et dans la maison des frères. Le 5e corps doit marcher sur Mouzon et c’est là-bas que doivent être évacués les blessés. Le départ est prévu pour deux heures de l’après-midi

Mais, le 30 août, à midi et demi, la bataille de Beaumont commence et tous les locaux disponibles, église, halles, granges se retrouvent vite envahies par les blessés.

Beaumont

Les infirmiers armés de brancards ne cessent de courir du champ de bataille à l’ambulance, jusqu’à onze heures et demie du soir.

Les prussiens sont là. Ils occupent le village et prennent tout ce qu’ils peuvent, y compris les chevaux, l’omnibus et une partie des brancards de l’ambulance. Faute de moyens de transport, les chirurgiens doivent abandonner cinquante-cinq blessés sur le champ de bataille.

Ils sont regroupés au même endroit, sous la protection de deux hommes de l’ambulance, en attendant de pouvoir les secourir mieux. Il y a plus de mille cinq cents blessés qui s’entassent dans cette petite ville.

Les ambulances militaires du 5e corps sont là, et, avec l’ambulance numéro 4, ils font de leur mieux pour soulager les blessés. Mais ils manquent de tout, comme à chaque fois : plus de provision, pas d’eau.

Il faut attendre des secours qui viennent de Belgique, et arrivent le 3 et le 4 septembre, pour que les blessés soient enfin nourris.

Bien qu’ils aient pillé toutes les ressources, les prussiens essayent de les aider, mais, même eux, se retrouvent démunis face à une telle vague de blessés.

Ils autorisent néanmoins le personnel de l’ambulance à puiser dans les fourgons que les prussiens ont pris ……… aux ambulances françaises.

Grâce à cela, ils peuvent continuer à panser, soigner, opérer les blessés.

Les médecins prussiens se retrouvent aussi démunis pour soigner leurs propres blessés. Tous les soignants sont presque à court de chloroforme lors que des membres d’un comité anglais arrive. Ils distribuent aussitôt, et aux deux côtés, neutralité oblige, chloroforme, charpie anglaise, liébig, éponges, bandes, toile imperméable, toile adhésive et sulfate de quinine. Les soins ne seront pas interrompus.

Bien vite, il faut installer les blessés, surtout les amputés, le mieux possible. Tous les habitants prennent des blessés chez eux. Mille cinq cents blessés (français) pour mille quatre cents habitants !! Grace à cela, beaucoup d’amputés survivront à leur convalescence. Dès qu’ils le peuvent, les ambulances françaises et prussiennes évacuent les blessés sur Stenay et Pont-à-Mousson, pour soulager les habitants de la petite ville de Beaumont. Il s’agit surtout des moins atteints. L’ambulance numéro quatre envoie ainsi un nombre non calculé (tout ce fait si vite qu’aucun compte n’est tenu) de ses blessés à Pouilly où les docteurs Monnier et Monod ont installé une ambulance.

Une ambulance néerlandaise établie près de Pouilly, dans la ferme Renard, prend, à elle seule, soixante-treize blessés, qu’elle accueille le 4 septembre.

Pendant cette période, l’ambulance numéro 4 n’est pas au complet. Trois de ses chirurgiens sont à Sommauthe où ils soignent deux cents blessés français, en remplacement de médecins bavarois qui doivent repartir pour suivre leur propre armée. Ils y resteront jusqu’à ce que des médecins français, hors ambulance, arrivent pour prendre le relai. Là-bas se trouve le général Morand, qui ne survivra pas à ses blessures.

A Beaumont, l’ambulance numéro 4 a été débordée. Elle manquait d’expérience sur beaucoup de points et a comblé ces lacunes ces jours-là. Il est impossible de savoir combien exactement ils ont traité de blessés, les registres n’ayant pas été correctement tenus. Mais, sur ce qui a été noté, 792 blessés ont été inscrits, 81 sont décédés. 38 ont été amputés, 15 n’ont pas survécu.

Les chiffres officiels parlent de 1800 français tués ou blessés et 3 000 portés disparus. Les chiffres prussiens ne sont pas moindres avec 562 morts, 2734 blessés et 226 disparus.

Le 18 septembre, il ne reste plus que cent blessés à Beaumont. Tous les autres ont été évacués vers d’autres ambulances, des hôpitaux, ou vers l’Allemagne, comme prisonniers.

Depuis le 11 septembre, le comité anglais a envoyé des soignants qui ont rejoint l’ambulance. Ils resteront avec les blessés, une fois l’ambulance repartie, car le comité de secours aux blessés a décidé que toutes les ambulances n’ayant plus beaucoup de blessés à gérer doivent rejoindre, via la Belgique, la nouvelle armée en cours de formation, l’armée de la Loire.

Le 23 septembre, l’ambulance, quelques membres en moins devant rester encore sur place, quitte Beaumont pour Namur, puis Rouen, et Le Mans, où elle retrouve l’ambulance numéro 5.

Elles ont rejoint l’armée de la Loire.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 30 août 2020