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Metz-Borny

Après la bataille de Froeschwiller, Woerth ou tout autre nom qui lui a été donnée, et la défaite de Forbach, l’armée de l’Est battant en retraite, est devenue l’armée de Metz et sera bientôt l’armée de Châlon.

Ordre est donnée à Mac-Mahon et son armée de se regrouper sur le camp de Chalon pour y reconstituer une nouvelle armée plus forte. Les deux divisions du général Douay, isolées à Belfort, doivent les y rejoindre ; ainsi que le général de Failly qui est à Mirecourt.

A attendant, ce qui reste de l’armée du Rhin, l’armée de Metz, est placé sous les ordres du maréchal Bazaine.

L’alsace est perdue, les combats continuent en Lorraine mais l’armée est en retraite.

Le blocus de Metz a commencé. La ville va devoir, non seulement nourrir sa population, mais également les troupes qui manquent de tout. Les lignes de chemin de fer sont coupées les unes après les autres, empêchant tout ravitaillement venant de l’extérieur.

Le 13 août, le 2e corps de Frossard est à Haute-Bévoye, le 3e corps, de Decaen est à Borny, le 4e corps, de Ladmirault, est au château de Grimont, le 6e corps, de Canrobert, est à Metz, la Garde Impériale, de Bourbaki, est au camp des bordes, .la réserve de la cavalerie est en partie, à Montigny, la réserve de l’artillerie est à Plantières et celle du génie à Metz.

En tout, 178 629 hommes sont à Metz et alentours, qui doivent exécuter un mouvement de retraite, traversant la Moselle par trois ponts fixes et quatre passages créés de toutes pièces. Autant dire que cette armée en déroute, encombrée des convois et des bagages des régiments, va occasionner un embouteillage complet du secteur.

A l’Est de Metz se trouve la petite ville de Borny, peuplé de 840 habitants. C’est là que vont commencer les combats qui vont durer jusqu’au siège de Metz : Borny, Longeville-lès-Metz, Mars-la-Tour, Rezonville, Amanvilliers, Saint-Privat, Gravelotte.

La cavalerie de la garde est arrivée près de Metz le 11 août. Son ambulance s’installe à trois km, en face du village de Vallières. Les soignants y reçoivent une dizaine de blessés et autant de malades. La chaleur, la mauvaise nourriture et les baies grapillées le long de la route, ont raison du système digestif des hommes.

Cela fait trois jours qu’ils sont au même campement, lorsqu’ils reçoivent l’ordre de passer, avec toute l’armée, sur la rive droite de la Moselle. Au même instant, les tirailleurs prussiens attaquent une des divisions du 3e corps qui opère son mouvement de retraite sur Metz. C’est le début du combat de Borny, il est 4 heures du soir.

Les troupes françaises réagissent immédiatement et restent maîtresse du champ de bataille. Les combats se déroulent sur une ligne de plusieurs kilomètres et les canons des forts pilonnent l’ennemi de projectiles de gros calibre.

Pendant quatre heures, les combats font rage sur le secteur de Borny : Nuilly, Mey, Vantoux, Courcelles-Chaussy, Charly, Colombey, Jury, Mercy-le-Haut, Peltre, Magny.

Borny

Les ambulances du 3e corps ont déjà passé la Moselle et ne peuvent rebrousser chemin pour rejoindre le champ de bataille. Les routes sont encombrées de voitures, fourgons d’artillerie et autres transports. Expédier les ambulances à quatre km de leurs divisions est une erreur de plus commise par l’état-major.

L’ambulance de la garde est là et distribue son matériel et ses moyens de transport aux autres divisions, et reçoit les blessés qui arrivent jusqu’à elle.

Jules Emile Ledru, 21 ans, de Paris, soldat au 13e de ligne, perd l’usage de ses deux bras à la suite de ses blessures par balle, plaies compliquées au bras gauche, à la main droite et au thorax et au côté gauche. Jean Marie Ledu, 23 ans, de Pléhédel, dans les Côtes-d’Armor, du 69e de ligne, reste paralysé de la jambe droite, après une blessure profonde et compliquée, par éclat d’obus à la fesse droite.

François Brunet, 23 ans, de Saint-Rambert, dans l’Ain, soldat au 90e de ligne, reste paralysé du bras gauche après une plaie par balle dans la région cervicale.

Ils viennent de toute la France, ces hommes qui tombent sous les balles et les obus : Antoine Etienne Deldon, de Florensac, dans l’Hérault, Louis Léon Delembert, de Hennezel, dans les Vosges, Claude Peghaire, de Blassac, en Haute-Loire, Théodore Penard, d’Aubigné, dans la Sarthe, Camille François Louis Penaud, d’Aubusson, dans la Creuse, et bien d’autres encore. Ceux-là vont survivre, souvent mutilés. Pierre Alfred Louis Louet, de Montrichard, caporal au 44e de ligne décède sur le champ de bataille.

3 608 hommes sont hors de combat. Les officiers perdent 42 des leurs, tués, 157 sont blessés et 1 disparu. 335 soldats sont tués sur le champ de bataille, 2484 blessés et 589 sont portés disparus.

Le général Decaen, blessé lors de la bataille, décède le 2 septembre de ses blessures. Trois autres généraux sont blessés.

Les allemands essuient des pertes encore plus importantes avec 4816 hommes hors de combat.

Les troupes françaises sont victorieuses. Pourtant, l’armée continue sa retraite et son mouvement de repli sur Metz.

Les blessés sont retirés du champ de bataille et transportés dans la ville, grâce aux moyens de transports que les habitants amènent.

La garde et son ambulance reprennent leur retraite et traversent Metz de nuit, de 9 heures du soir à 3 heures du matin et arrivent au ban Saint-Martin.

Demain est déjà là. Demain, les combats vont reprendre.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 14 août 2020