Il y avait dans le 2e bataillon, 8e compagnie, des mobiles du Loir et Cher, un brave garçon à moitié idiot nommé Froger.
Le capitaine de Maricourt avait tenté plusieurs fois de le faire réformer sans succès.
Le pauvre Froger était incapable de rendre le moindre service. Il avait survécu jusqu'ici, à la guerre en restant sous la protection de François Grebonvald, maçon à Rocé de vingt et un ans. François était un excellent soldat, rendu célèbre par la longue pipe en terre, admirablement culottée qu'il portait sur lui et qu'il parvint à ramener chez lui, après la guerre, sans la casser.
François va faire cette guerre du 17 août 1870 au 7 mars 1871, sans blessure.
Mais ce jour-là, l'enfer se déchainait sur la 8e compagnie ainsi que sur tous les soldats français piégés dans ce petit bourg d'Eure et Loir, Loigny, le 2 décembre 1870. Froger et son protecteur furent séparés.
Au coeur du combat de Loigny, le capitaine de Maricourt trouva le pauvre Froger assis au bord de la route, son remington tenu verticalement entre ses jambes, la crosse appuyée par terre. Il le chargeait et tirait en l'air en riant à chaque coup. La folie des hommes avait eu raison du peu d'esprit qu'il avait.
Son chef lui pris son arme, et tira plusieurs balles dans un tas de fumier tout proche d'où venait d'être tiré une balle qui lui avait enlevé son képi, emportant le bouton de la jugulaire.
Quand de Maricourt se retourna pour rendre son arme à Froger, celui-ci avait disparu. Mais contrairement aux autres disparus de la bataille de Loigny, dont les corps gisent toujours là-bas, Froger survécu.
Il prit la direction du midi et après guerre, on le retrouva à Marseille, sans pouvoir dire comment il y était arrivé............ probablement en marchant avec le diable aux trousses.
Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 17 avril 2016