Après la défaite de Sedan, le comte Thédorit de Foudras forme quatre compagnies de francs-tireurs de la Sarthe de 72 hommes chacune. Il choisit comme cadres, d’anciens militaires.
Ces hommes qui ne sont mobilisables ni dans l’armée régulière, ni dans la garde mobile sont de tous âges et de toutes conditions. Leur « uniforme » est succinct. Pour les officiers, petite tunique, pantalon et képi en drap bleu foncé avec parements, bandes et turban de la coiffure verts. Pour la troupe, vareuse avec un sac-musette de toile grise porté en sautoir. Leur armement consiste en fusils anglais snider fournis par l’arsenal de Toulouse.
Prêts à marcher le 2 octobre 1870, les ordres les envoient sur Chartres. Ils y rejoignent l’avant-garde de l’armée de l’ouest (mobiles d’Eure et loir, du Lot et Garonne, francs-tireurs de Cognac).
Au gré des ordres et des combats, le 9 décembre, les francs-tireurs de la Sarthe se retrouvent rive gauche de la Loire où ils viennent en aide aux rescapés du 31e de marche et leur artillerie.
Alors qu’ils se replient vers Blois, ils sont rattrapés à Saint Dyé sur Loire par les Uhlans. Protégeant la retraite vers Blois du 31e, ils se battent le long de la route et c’est l’hécatombe.
Les uhlans ont avec eux des pièces de canon : Hervé a la tête emportée par un boulet, Morin, vieux braconnier de Bonnétable, ventre ouvert, continue à se battre en contenant ses intestins avec son bras gauche. Ils atteignent la route de Blois tout en continuant le combat. Le lieutenant Folie-Dupart est frappé d’une balle et s’affaisse en poussant un cri de rage. Le combat se poursuit jusqu’à Montlivault où ils parviennent à échapper aux Prussiens.
Ce jour-là, trente-sept francs-tireurs sont morts, dont le capitaine Fleury.
Le 10 décembre, Cyprien Luxereau, l’instituteur et Sylvain Dubois, le cantonnier, trouvent le cadavre d’un franc-tireur au climat de la rue du Monsiau. Il parait âgé de trente ans, vêtu d’une vareuse noire, d’un pantalon à bande verte, d’une cravate bleue, avec le ruban de la médaille de Crimée et les insignes de sous-lieutenant. Il semble mort la veille, pendant le combat entre les francs-tireurs et les prussiens mais rien d’autre ne permet de l’identifier.
Le treize décembre, le maire de Montlivault avec deux conseillers municipaux, font une tournée sur le territoire de la commune. Ils trouvent, au climat des Chailloux, cinq cadavres dont la mort semble remonter aux combats qui ont eu lieu le 9 décembre entre trois heures et quatre heures et demie du soir. Si les corps portent tous des uniformes de soldat, seuls deux ont un livret permettant leur identification : Le premier est Frédéric Duveau, d’Orléans, soldat au 11e régiment de ligne, 36e de marche avec une lettre à son adresse (Duveau Chauvelin, jardinier, faubourg Saint Marceau, route de Saint Mesmin à Orléans n°20). Le second est juste indiqué Simoneau, 11e régiment de ligne, matricule 6923.
Pour les trois autres, les marques sur leurs vêtements indiquent pour l’un 25e régiment de ligne, matricule 5897, pour un autre 25e régiment de ligne matricule 5859 et pour le dernier, 25e régiment de ligne, matricule 5811.
Ils semblent tous âgés de vingt-cinq à trente ans, munis d’une barbe blonde.
Ce ne sont visiblement pas des francs-tireurs de la Sarthe mais plutôt les militaires isolés après les combats et rattachés aux francs-tireurs au cours de leur avancée.
Le 26 avril 1871, Aimée Celestine Halley veuve Folie-Duparc et son fils, Georges Folie-Duparc, du Mans, recherchent le corps de leur fils et frère. La description du franc-tireur trouvé le lendemain des combats et enterré au cimetière de Montlivault lui correspond. Il s’agit de Romuald Alexandre Folie-Duparc, sous-lieutenant aux francs-tireurs de la Sarthe, 38 ans, bijoutier à Paris, marié à Laetitia Jouenne.
Il faut attendre février 1873 pour que l’identité des cinq autres victimes soit établie par jugement du tribunal de Blois. Il s’agit d’Ernest Albert Legendre, vingt ans, natif de Villeroy (Seine et Marne), soldat au 25e de ligne, François Joseph Lefranc, vingt ans, de Montluçon, soldat au 25e de ligne, Pierre François Celestin Poard, vingt ans, de Brumetz (Aisne), Léon Auguste Simonneau, vingt ans, natif de Clery (Loiret), soldat au 11e régiment de ligne, et Frédéric Alphonse Célestin Duveau, vingt ans, natif d’Orléans, soldat au 11e de ligne.
Six des trente-sept morts sont identifiés et localisés………… mais qu’en est-il des trente et un autres ?
Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 7 juin 2016