Pas facile de trouver des renseignements sur leur parcours durant la guerre. A part qu’ils font partie du 32e régiment de marche…………… jusqu’à ce que je trouve le capitaine Biélawski qui a écrit son histoire, l’histoire du bataillon de Riom du 32e régiment de mobile.
La mobile du Puy de Dôme est partagée en cinq circonscriptions. Le bataillon d’Ambert est envoyé à Paris, celui de Thiers va en Afrique et les bataillons de Clermont, Issoire et Riom sont envoyés à l’armée de la Loire et forment le 32e régiment de mobile.
Le régiment est si bien doté en équipement vestimentaire que le général les nomme le 32e mendiant !!! c’est dire. Mais entre eux, ce sont les lapins bleus. Beaucoup plus mignon.
Tout au long de son récit, le capitaine Biélawski relate avec précision toutes les étapes de son bataillon, toutes les batailles, toutes les conditions terribles de vie dans les campements, jusqu’à la fin de la guerre. Et le bataillon va vivre ce que l’armée de la Loire a vécu, l’enfer des combats, les campements dans la boue, l’avancée, la retraite, les ordres contradictoires, la défaite.
J’ai trouvé au moins quinze mobiles du Puy de Dôme décédés dans le Loir et Cher, sur le champ de bataille ou dans les ambulances, tous sauf un.
Le 6 février 1871, quatre habitants de Soings en Sologne trouvent sur la lisière d’un bois, le cadavre d’un garde national mobile, couché au long d’un fossé à deux cent mètres du château des pins.
En fouillant ses vêtements, ils trouvent dans la poche de son gilet, une lettre provenant de la commune de Flat dans le canton d’Issoire, écrite par sa femme. Il y a aussi un porte-monnaie, un scapulaire et un cache-nez.
Mais le maire ne dresse pas d’acte de décès.
Anne Bert, la femme qui a envoyé la lettre est contactée et on lui montre les effets trouvés sur le corps. Elle les reconnaît comme étant ceux de son mari, Pierre Philippe Laveyroux, né à Flat, dans le Puy de Dôme, le 8 août 1845, fils de Claude Edouard Laveyroux et de Jacqueline Le Bard.
Il est soldat au 32e régiment de marche, 6e bataillon, 2e compagnie de la garde mobile du Puy de Dôme.
Ses camarades, de retour au pays, avaient prévenu sa famille qu’il était tombé malade à Cour Cheverny. Il a dû succomber à la petite vérole.
Il faut un jugement du 16 mars 1872 pour qu’un acte de décès soit dressé.
A partir de ce jugement, ou plutôt de la date du décès, sa veuve peut toucher une pension de 116 francs annuels. Elle lui est bien utile car elle se retrouve veuve avec une petite fille à élever, Françoise.
Elle est née le 29 janvier 1871, huit jours avant la mort de son père. C’est le grand-père, Claude Laveyroux, chez qui elle naît, qui déclare sa naissance.
Pauvre petite fille qui ne connaîtra jamais son père…………. Pauvre homme qui ne saura jamais qu’il est devenu père juste avant de mourir. Il avait vingt-cinq ans.
Mais je me pose la question. Comment un homme malade de la petite vérole que ses compatriotes laissent à Cour Cheverny a pu se retrouver mort en lisière d’un bois, sur le territoire de Soings en Sologne ?
Christine Lescène - Le blog d'une généalogiste - 15 juin 2016