A Bitche, le 27 mars, à midi, pendant qu’un dernier convoi d’évacuation emporte les canons et ce qui reste des troupes françaises, les bavarois pénètrent dans la cité, traversant les ruines noircies laissées par les bombardements.
A chaque départ des militaires français, les adieux sont déchirants entre les soldats et les habitants, devenus allemands par la force de la guerre. Ils ont vécu tant de choses ensemble, souffert et eu peur, ensemble.
Les douaniers, dont le statut diffère des soldats, rejoignent leur famille. Eux aussi sont devenus allemands, peut-être.
Combien vont rester sur cette terre devenue étrangère, pour servir un maître qu’ils ont combattu ? Combien vont « migrer » vers la France et quitter tout ce qu’ils connaissent ?
La garnison laisse derrière elle quatre-vingt-trois soldats français, enterrés à côté de la chapelle de l’étang, dans le jardin de l’Hospice Saint Joseph, morts dans la ville.
Elle laisse également, enterrés dans les fossés, les soldats morts dans la citadelle. Leur nombre n’est pas certain. Le 86e régiment, celui de Mondelli, a perdu au moins vingt-un hommes, morts dans les ambulances et hôpitaux de fortune.
Soixante-douze autres ont péri dans la citadelle. Ils appartenaient au 17e, 27e, 30e, 46e, 68e, 84e, 88e et 96e régiments d’infanterie, au 9e et 16e chasseurs, au 1er régiment de tirailleurs Algériens, au 2e régiment de zouaves, au 1er régiment du génie, aux 3e et 5e régiments de hussards et au corps des douaniers.
Miraculeusement, malgré l’importance des bombardements et des destructions qu’ils ont causés, seuls six civils ont péri durant le siège.
A Ulm, en captivité, Delphin Lasseur, d’Ancenis, Orne, soldat au 93e de ligne, décède de pneumonie
A Mayence, en captivité, Jean Blaiset, garde mobile des Côtes-du-Nord, décède du typhus.
Joseph Veiss, du Haut-Rhin, soldat au 2e Voltigeurs, décède après près de trois mois d’hospitalisation, sans cause indiquée.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 27 mars 2021