L’assemblée nationale s’installe à Versailles et y tient sa première séance.
A Paris, les blanquistes obligent le comité central à dénoncer les accords passés avec Clémenceau et Louis Blanc, et à ne pas évacuer l’Hôtel de Ville.
Le 20 mars 1871, le 33e mobile de la Sarthe est de retour au Mans. 1 300 hommes reviennent sur les 3 600 que le régiment comptait, le 5 octobre 1870, le jour de son départ.
Le 75e arrive à Blois vers midi.
Depuis deux jours, les prussiens ont évacué le département. Une longue colonne de soldats sans armes appuyés sur des bâtons, arrive par la levée de Chailles. Les deux-tiers à peine des jeunes gens partis six mois plus tôt reviennent dans leurs foyers. Ils sont pâles, maigres, brunis, mais heureux de rentrer chez eux.
Il fait beau, mais il n’y a pas grand monde pour les accueillir. Ce sont des vaincus qui traversent le pont de Blois, presque sans témoin. Quelques parents accourent pour serrer dans leurs bras leur fils revenu.
Arrivés sur le vieux mail, chaque capitaine lit à sa compagnie l’ordre suivant « la Garde Mobile de Loir-et-Cher est licenciée ; les mobiles devront quitter Blois dans la soirée et s’acheminer dans leurs villages par tous les moyens possibles ». Puis « Rompez les rangs ».
En deux minutes, tout est fini.
Un mois après, le dépôt arrivera à son tour et reprendra, lui aussi, sa place chez lui.
Le 16 août 1870, 4 030 mobiles étaient inscrits sur l’état du régiment. Le 7 septembre, pour diverses raisons, l’effectif était tombé à 2 687 hommes. Sept officiers ont été tués. 26 officiers ont été blessés, dont 20 le 2 décembre, à la bataille de Loigny. Quatre officiers ont été faits prisonniers le même jour. Les chiffres officiels font état de 352 sous-officiers et soldats tués, 873 sous-officiers et soldats blessés. Ils ne tiennent pas compte de ceux qui sont morts ou qui mourront des suites de leurs blessures, de retour dans leurs foyers.
Pour le 70e mobile du Lot, le retour n’est pas à l’ordre du jour. A onze heures du matin, alors que les hommes se promènent dans la ville de Chartres, les clairons de l’infanterie de marine sonnent le rappel et le refrain du 70e mobile. En quelques instants, tout le monde a regagné les wagons et le train part, à toute vapeur. A trois heures, il arrive à Versailles. Les hommes descendent du train, se mettent en ordre sur le quai et attendent les consignent que leur officier est parti chercher.
Les habitants viennent les voir, les interrogent. Parmi eux, des agents de propagande qui tentent de les inciter à déserter pour ne pas combattre les communards. Mais leurs propos n’atteignent pas les mobiles du Lot. Tout ce qu’ils comprennent, c’est qu’à cause des communards, ils ne peuvent pas rentrer chez eux.
Ce jour-là, l’assemblée nationale fraichement élue siège au château. Des pièces de canon sont en batterie devant les grilles et dans les avenues. Le bruit des tambours, des trompettes et des clairons retentit dans tous les quartiers de la ville.
Des reconnaissances de cavalerie se dirigent sur Paris où cent mille gardes nationaux réunis au Point-du-Jour se préparent, dit-on, à marcher sur Versailles.
Il n’y a que trente mille hommes à leur opposer, pour l’instant, sans cohésion, qui apprennent que des troupes de ligne ont pactisé avec l’émeute et vont se retrouver face à eux.
Mais pour nos mobiles du Lot, les nouvelles sont meilleures. Leur commandant, Pechverty, apprend, au quartier général, que les ordres ont été mal transmis. Les mobiles, licenciés, ne peuvent être appelés à l’activité que par une loi. Ils vont pouvoir repartir pour Cahors. L’insurrection se fera sans eux.
Leur dernière nuit sous l’uniforme se passe au bivouac, sur les quais de la gare.
A Ulm, en captivité, Joseph Vergely, de la Salvetat, Hérault, décède d’apoplexie.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 20 mars 2021